Le site de l'écrivain Gay
Liste des critiques

Serial fucker

Erik Rémès ou la position de l'homo debout
J’aime pas la capote!
act up et les autodafés de mon livre serial fucker
Tout le monde en parle trop
Act Up, « Têtu »…Les nouvelles Chiennes de garde ?
Tout le monde en parle trop
Erik Rémès ou la position de l'homo debout

Têtu mai 2005
Têtu janvier 2005
Tribune d'Erik Rémès (Illico)
Fugues.com (Quebec)
Illico
Tract d’act up (zapp)
Act up Paris
Gay.com
Tetu +
Action N° 89
Gay.com
www.legraindesable.com
www.rgmag.com (Quebec)
Gaybek.com Quebec)
Gayvox (edito 3)
Illico
Gay.com
Tetu
Illico.com (polémique)
Gay.com
Illico (post zapp)
Quazar (Angers)
Les Mots à la bouche
IB News
Madame H
Edito E M@le
Interview Garcon Magazine
Critique Illico
Interview Gayvox.com
Critique Gayvox
Edito de gayvox.com (post zap)
Gayvox.com edito (1)
Act Up Action N°86
Tetu.com (Zap montréalais)
Illico portrait erik remes
Tribune de Franck Spengler
Interview La Spirale.org
L'Alsace, le Pays
Pierre Sadulcci
Nouvel Observateur
ICI(journal Quebecois)
La musardine.com
zone-litteraire
AFP
L'Humanité
Journal de la démocratie sanitaire (Didier Lestrade)
La Presse (Quebec)
LE MONDE
Tetu
VSD Duel
Journal de la démocratie sanitaire
RG MAG (Quebec)
critiques presse gay

 

 



Act Up, « Têtu »…Les nouvelles Chiennes de garde ?

Tecknikart 0000-00-00

Act Up, « Têtu »… Les nouvelles Chiennes de garde ?

APRÈS AVOIR PERMIS AUX SÉROPOS DE RELEVER LA TÊTE, RÉENCHANTÉ L’ACTIVISME POLITIQUE EN FRANCE, FÉDÉRÉ LA COMMUNAUTÉ GAY, ACT UP SERAIT-ELLE EN PASSE DE DEVENIR UNE INSTITUTION ENNUYEUSE ET MORALISANTE ? OUI À EN CROIRE SES DERNIÈRES PRISES DE POSITION. L’ASSOCIATION PHARE DES ANNÉES 90 A-T-ELLE PERDU LES PÉDALES ?

Par Luc Arbona

La censure est-elle un moyen efficace de faire de la prévention contre le Sida ? Suffit-il d’empêcher les « barebackers » (homos séropos qui baisent sans capotes) de s’exprimer dans des livres pour faire baisser les taux de contamination ? Les homos séropos sont-ils des détraqués potentiels ? En zappant coup sur coup le bureau de Franck Spengler, éditeur de Serial Fucker, journal d’un barebacker d’Erik Rémès, l’émission de Thierry Ardisson Tout le monde en parle, pour avoir reçu Rémès, et le magazine 20 ans pour ses blagues de mauvais goût, Act Up prétend faire de la prévention. Faire taire, réduire au silence, censurer : ces derniers temps, la stratégie d’Act Up, association phare des années 90 pour sa lutte contre le Sida, glisse vers la moralisation. Que se passe-t-il à Act Up ?

Act Up, politique de l’urgence (1989-1996)

« Il faut quand même se remettre dans le contexte ! A la fin des années 80, je pense que je vais mourir, le monde s’écroule autour de moi, tous mes amis disparaissent… Il n’y a pas de traitements. On est tous dans une situation d’urgence. » comme le souligne Christophe Martet, président d’Act Up de 1994 à 1996, la naissance d’Act Up en 1989 répond à une situation de désespoir pour les séropos. Face à un Etat trop lent, des institutions pudibondes et des laboratoires qui traînent les pieds, l’association se dresse en « contre-institution » et part en guerre. « Nous mourons et vous ne faites rien ! », « Des molécules pour qu’on s’encule ! », « Sida is disco ! », « Fiers de l’être, fiers d’en mettre ! »… Les slogans sont à l’image du mouvement : drôles et affirmatifs, festifs et révoltés. Des militants vêtus de noir qui singent les majorettes, s’allongent par terre en die-in, crèvent les tympans avec leurs sifflets, brandissent des pancartes explicites (Silence = Mort), reprennent des symboles comme le triangle rose de la déportation. Les homos séropos ne se cachent plus, ils occupent l’espace public, la rue, les médias, ils affirment leur détermination et inventent un mode de visibilité inédit. Très vite, un militantisme homosexuel se fédère autour de ce pôle d’affirmation identitaire. En sa qualité d’expert politique et médiatique, Act Up occupe rapidement le devant de la scène Sida. Et gagne la guerre des médias : l’image du préservatif géant hissé sur l’obélisque de la Concorde en 1993 fait le tour du monde. L’association réussit enfin le « mariage inédit d’une intelligentsia dorée et du militantisme primaire » (Didier Lestrade). Ainsi, Cleews Vellay, folle prolo, président d’Act Up de 1992 à 1994, sympathise avec Pierre Bergé, patron de la maison Yves Saint Laurent lors du premier Sidaction, en 1994 : Cleews tape dans le ventre de Bergé et l’appelle « Pierrot ». Une sympathie entre la folle héroïque et le mécène réseauté qui facilitera la naissance d’un mensuel d’affirmation gay, Têtu, en juin 1995. En quelques années, la petite association activiste et incontrôlable est devenue un acteur quasi institutionnel de la lutte contre le Sida et Têtu, son rejeton inavoué, va enfin donner à cette nouvelle « communauté homosexuelle » un visage acceptable. Désirable même. Personne ne le sait encore mais le sommet est atteint.

« Le discours sur le plaisir qu’avait Act Up à ses débuts a disparu » (un militant).

Act Up, urgence de la politique (1996-2003)

« Les trithérapies, ça a été un choc pour tous les militants. C’est fou de dire ça, mais après des années de lutte incessante, de deuils atroces, des années de cauchemar, ça a été comme une impression irréelle. On se regardait en se disant : “On ne va peut-être pas mourir…” », se souvient Roland, ancien militant. Tout bascule donc avec l’apparition des trithérapies en 1995-1996. Certains traitements font leur preuve et l’épidémie change de visage. « Quand dans leur vie personnelle ça a été mieux, les séropos blancs un peu plus aisés que la moyenne se sont moins investis dans l’association », confirme Christophe Martet. Après des années de combat éprouvantes, le nombre d’Act-upien(ne)s diminue même de manière inquiétante en 1997. A en croire Gwen Fauchois, membre de 1992 à 1997, la composition sociologique s’en retrouve bousculée : « En 1997, Marc Nectar a été remplacé par Philippe Mangeot à la tête d’Act Up. C’est tout un symbole. Marc incarnait les prolos au milieu de la bourgeoisie. Quand il est parti, beaucoup de militants des classes plus modestes sont partis avec lui. » Autre symbole de cette évolution sociologique, les rituelles réunions hebdomadaires du mardi atterrissent à l’école des Beaux-Arts à partir de 1995, dans le quartier parisien cossu de Saint-Germain-des-Prés. Un déménagement qui allait entraîner, selon Didier Lestrade, « l’ancrage d’une certaine jet-set intellectuelle »(1).

Nous sommes en 1997 : avec l’arrivée à la tête d’Act Up de Philippe Mangeot, aujourd’hui prof de fac et rédacteur en chef de la revue Vacarme, le mouvement évolue de manière significative. Avec le slogan « Nous sommes la gauche », la volonté d’affirmation politique devient éclatante. Un désir de prendre à bras le corps « toute la misère du monde » s’affirme au sein d’Act Up qui devient un acteur politique de premier ordre dans la représentation du mouvement social. Pierre Bourdieu donne même sa bénédiction à ce mouvement « prodigieusement inventif ». Sans-papiers, prostituées, prison, relations Nord-Sud, une dizaine de commissions, de plus en plus de vices président(e)s… Il est même question qu’Act Up se présente aux élections législatives de 2002. Pour les théoriciens à l’intérieur du mouvement, tout va bien. Pas pour les homos : le discours d’Act up semble de plus en plus nébuleux. Idem pour les médias, habitués depuis les origines à associer Act Up, Sida et homosexualité. Symptomatique : en avril dernier, le déploiement depuis le sommet de l’arc de triomphe d’une banderole où est inscrit « G8 : Fight Aids » passe totalement inaperçu. Quant aux autres actions, elles sont de moins en moins relayées. Actions mal calculées ? Revendications trop générales ? Ambition démesurée ?

« Act Up déconnecté des gays ? C’est la seule association où des hétéros disent : "Je suis pédé" » (Philippe Mangeot).

Mais où sont les pédales ?

C’est moins l’énergie du désespoir qu’une soif de politique qui stimule désormais les nouveaux militants, à l’instar des deux dernières présidentes : Emmanuelle Cosse, universitaire en thèse, et Victoire Patouillard, qui découvre Act Up dans le cadre de ses études à Sciences-Po, sont toutes deux hétérosexuelles et séronégatives. La relation à l’association s’intellectualise. Etudiants, enseignants, chercheurs issus de milieux sociaux plus aisés ou intellos précaires, le profil des militants a évolué, à l’image d’Olivier Doubre, producteur à France culture, militant convaincu depuis 1999, hétérosexuel séronégatif qui se considère par principe comme « un pédé séropo toxico. Pour moi, l’association est un moyen d’attaquer la société hétérosexuelle dominante. » On s’affirme homosexuel séropositif comme on se déclarait juif allemand au sortir de la guerre. On est en tout cas bel et bien entré dans une logique rhétorique politiquement correcte, une logique de gauche morale mitterrandienne qui s’arcboute sur ses assises. « Nous tirons notre légitimité du fait que nous sommes issus de la communauté homosexuelle », aime répéter Victoire Patouillard. Oui, les homosexuels séropositifs ont beaucoup souffert. Philippe Mangeot, « théoricien » d’Act Up, enfonce le clou : « Politiquement correct, ça ne veut pas dire grand chose. Quand bien même ! La correction en politique a du bon. Act Up déconnecté des gays ? Act Up est la seule association où des hétéros disent : “Je suis pédé.” Dans mon utopie, Victoire est plus pédé que les pédés du Marais. » Pourtant, les pédés ne s’y retrouvent plus et le grand public, encore moins. Quand Didier Lestrade et Pascal Loubet fondèrent Act Up, ils se posèrent cette question : « Quel homosexuel se reconnaît dans ces campagnes inefficaces à force de ne rien montrer des réalités ? »(2) Beaucoup d’homosexuels se posent la question aujourd’hui à propos d’Act Up. Un jeune militant homo confirme cette hypothèse : « Le sentiment qui domine chez les homos, c’est qu’Act Up n’a pas les mêmes pratiques sexuelles qu’eux. L’association semble dire : “Attention, on ne baise pas de la même manière.” Le discours sur le plaisir qu’avait Act Up à ses débuts a disparu. »

Chiennes de garde et oies blanches

« Le gros problème d’Act Up, c’est le poids des vieux qui sont restés. Ces dinosaures comme Philippe Mangeot. Personne n’a la force de contester leur héritage. Beaucoup de jeunes militants pensent que donner son point de vue, s’il est différent, c’est trahir le mouvement tout entier. Ces historiques, qui sont restés, sont devenus des figures tutélaires si bien que le mouvement ne parvient plus à définir aujourd’hui de nouvelles stratégies », estime Gwen Fauchois. Exemple de cette difficulté à définir de nouvelle stratégies : comment aborder la question complexe des homos qui cessent de se protéger (relapse) ou qui baisent délibérément sans préservatif en étant séropos (bareback) ?

Dès 1996, lorsqu’on parle ça et là de relapse, Act Up reste sur la réserve et ne définit pas de stratégie claire. Ce n’est qu’avec l’émergence des écrivains Guillaume Dustan et Erik Rémès qu’Act Up, via Didier Lestrade, va radicaliser sa position et diaboliser ces « mauvais séropos ». Exemple concret de cette diabolisation : le compte rendu d’une réunion publique que publie en décembre 2000 Têtu, magazine dont Didier Lestrade est la figure paternelle. Fraîchement sorti de l’IUP de journalisme de Bordeaux, Xavier Héraud ne connaît Act Up qu’à travers le livre de Lestrade à qui il voue une grande admiration. Raison de plus pour lui confier un reportage orienté sur une réunion qui ne fera qu’opposer les Gentils et les Méchants. « Le Sida est-il une “guerre” comme le prétend Act Up ? Si oui, il faut choisir son camp », lit-on dès le début du texte. La salle des Beaux-Arts où se tient la réunion devient une « arène » dans laquelle s’opposeraient d’horribles séropos qui baisent sans capote – comme Guillaume Dustan, « la personne la plus détestée de l’amphi » – et tous ceux qui – « très mignons » ceux-là –, s’opposent à lui. Un reportage qui se conclut par un définitif : « C’est décidé, je vais entrer à Act Up. » Edifiant.

« Des jeunes militants pensent que donner un point de vue différent de celui des vieux, c’est trahir le mouvement tout entier » (G. Fauchois).

Zaps bizarres

Nettement plus nuancé, Philippe Mangeot justifie les rapports d’Act Up contre Dustan et Rémès en parlant d’un combat contre une « idéologie du bareback ». Un point de vue que conteste Christophe Broqua, ethnologue, auteur de Homosexualités au temps du Sida (ANRS-CRIPS) : « Le bareback correspond d’abord à la réalité, à un vécu de la maladie ! Les relations sexuelles non protégées ont toujours existé et existeront toujours, c’est une réalité qu’Act Up ne veut pas entendre, mais pour des raisons idéologiques car elle mettrait le doigt sur un échec majeur. Et l’association ne fait plus son boulot initial : défendre la visibilité des homos séropositifs. Le fait qu’Act Up ait désormais une position collective, censée faire autorité, visant un seul homme, voilà le vrai danger. »

Transposer des méthodes d’action qui ont été efficaces par le passé sans voir que les choses ont changé fait courir à Act Up le risque d’être de moins en moins bien compris. Ainsi, le zap d’une famille lors d’un mariage à la mairie du Xe à Paris en juin 1998 pour protester contre les élus socialistes qui n’avaient pas voté en faveur du Pacs. Plus récemment, une toute fraîche « commission prévention » produit en 2001 une affiche accusatrice : « Irresponsables. » « J’en suis revenu. C’était un discours très dur d’Act Up, porté par un groupe d’oies blanches dont je faisais partie… Quand je relis ce texte, rétrospectivement, je ne l’approuve pas. Dire à ceux qui se relâchent sur les pratiques safe sexe qu’ils sont irresponsables n’est pas le bon moyen d’aborder le sujet. Deux ans après, je me rends compte que c’est une manière très simple d’aborder cette question », admet François, 24 ans, militant. Les choses sont devenues complexes pour Act Up. Les médias ont assimilé les principes d’action du mouvement et Act Up ne propose pas toujours des choix stratégiques pertinents. « Ça m’inquiète de voir ces petits jeunes qui arrivent à Act Up, qui se réfèrent à des modes d’action qu’ils appliquent à la lettre, en bons petits soldats, par romantisme mais qui, en fait, ne correspondent plus à la réalité du terrain », explique Peter, ancien sympathisant.

« Act Up ne veut pas entendre parler des relations sexuelles non protégées pour des raisons idéologiques : elle mettrait le doigt sur un échec majeur » (Christophe Broqua).

Séropo et crève ?

« Ce qui est révoltant aujourd’hui, c’est qu’on se retrouve séropo dans l’indifférence la plus totale : il est là, le scandale. La grosse difficulté d’Act Up, c’est de ne plus savoir montrer combien c’est scandaleux », regrette Gwen Fauchois. Dans l’inconscient collectif gay, le Sida est devenu une maladie chronique. Si l’image des gays s’est améliorée, lissée, « respectabilisée » en quatorze ans, la visibilité des homos séropos a peu à peu disparu alors que de nombreuses études confirment une augmentation significative du taux de contamination chez les homosexuels en France. Mais putain, il est là le problème : Act Up n’offre plus de visibilité du séropo homo. Et c’est à ce moment précis de déficit de visibilité qu’apparaît une nouvelle figure médiatique de l’homo-séropo, celle du barebacker, tel Erik Rémès. Les médias ont certes leur part de responsabilité dans la publicité autour de la diffusion d’un « discours bareback », mais peut-on accuser des auteurs – en l’occurrence Dustan et Rémès – de créer un phénomène de toutes pièces ? Victoire Patouillard vient chez Ardisson pour protester contre la publicité que celui-ci accorde aux barebackers en les accueillant sur son plateau. Mais suffit-il de les faire taire, comme elle semble le croire, pour faire disparaître les pratiques à risque ? Dans tous les cas, la présidente d’Act Up, séronégative et hétéro, ne proteste pas quand un homo séropositif (Erik Rémès, donc) se voit traité devant elle de « détraqué » par Thierry Ardisson sous l’approbation de deux grands humanistes, Miss France et Titoff…

Détraqué ? C’est-à-dire ? Dangereux ? Contaminateur ? Assassin ? Et voilà l’idée du barebacker contaminateur qui fait son chemin dans les esprits. Pire : l’académie de Médecine, via le professeur Roger Henrion, alerte le gouvernement sur les contaminations et souhaite que l’Etat accepte de « donner aux médecins un cadre légal pour empêcher l’agresseur de refuser un prélèvement de sang ». Le fantasme du séropositif contaminateur, avec délit de contamination à la clé, refait surface dans les plus hautes instances morales du pays. Et mener de front la lutte contre les barebackers et celle contre le délit de contamination s’annonce stratégiquement délicat pour Act Up. Les choses sont mal parties.

« Léchez-vous, sucez-vous »

« Ce que nous voulons, c’est surtout responsabiliser les séropositifs. » Cette affirmation ne sort pas d’un bréviaire d’Act Up, elle émane d’un groupuscule d’homosexuels de Reims qui s’est mis en tête de poursuivre un « barebaker présumé ». Que faire pour contrer ces dérives intégristes qui envisagent d’appliquer à la lettre la lutte contre le bareback ? Pour Anne Rambach, coresponsable des Editions Gaies et Lesbiennes, membre d’Act Up de 1991 à 1997, la solution est ailleurs : « Ces actions d’Act Up contre Rémès, son éditeur et Ardisson interviennent à un moment où le désengagement de l’Etat en terme de prévention est accablant et au moment où règne un climat inquiétant de retour à l’ordre moral. La télé se sert du bareback pour le côté spectaculaire, mais c’est très dangereux. On le voit avec l’affaire de Reims. Le débat autour du bareback est très mal posé par Act Up qui pourrait facilement passer pour moralisateur, surtout dans une émission comme celle d’Ardisson. »

Act Up devra-t-elle renouer avec le discours affirmatif de ses débuts plutôt que lancer des fatwas, revenir aux sources de son engagement vers la communauté homosexuelle et le redéfinir, faute de quoi son discours se trompe de cible et devienne peu à peu inaudible ? Sans doute, à moins qu’émergent de nouvelles voies, comme les Panthères Roses(3) qui, devant les lycées, distribuent des tracts explicites – « Léchez-vous, sucez-vous, pénétrez-vous, enculez-vous avec des séronegs, avec des séropos et avec du latex ! » – qui leur valent des poursuites pour « incitation à la débauche ». Un discours qui touche en plein cœur une vague morale qui veut à nouveau contrôler notre désir.

1) In « Act Up, une histoire » (Denoël, 2000).

(2) In « la Lettre du CRIPS », 1990. (3) pantheresroses.free.fr

www.erikremes.net