Serial fucker

Critique Gayvox

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Erik Rémès, dit Berlin Tintin, enfonce le clou en janvier 2003. Il remet les couverts en publiant aux Éditions Blanche un livre intitulé "Sérial-Fucker" Journal d'un barebacker. Cela ne veut pas dire qu’il enfonce des portes ouvertes. 240 pages en rafale pour être au fait, s'en prendre plein la gueule, jouir à volonté, éventuellement dégueuler, peut-être fantasmer ou bien se surprendre à rêver, voir à planer… Il y en a pour tous les goûts, tous les dégoûts, tous les plaisirs, tous les désirs. Tout dépend de qui vous êtes, de la conscience que vous en avez, de votre morale, de votre éthique, de votre ouverture aux autres, de votre fermeture à la réflexion…

La lecture de ce livre fait du bien, pulse la prétention de liberté, n'altère pas les doutes, les peurs ou les hésitations face à quelque virus que ce soit. Les textes de Rémès aident à ne pas céder à l'injonction de la culpabilité ou aux sentiments calamiteux, épidermiques qu’on voudrait vous imposer. Les pages de "Sérial-Fucker" sont des leçons de choses pour s'en remettre à sa propre capacité de jugement. Enfin une bouffée de liberté ! Pouvoir juger par soit-même avant d'aller à la pêche aux certitudes. C'est ça être libre visiblement ! C'est de cela qu'il s'agit dans le livre d'Erik Rémès et de rien d'autre. D'ailleurs, si on me dit que le bareback est l’unique sujet de ce livre, mon idée est faite : il ou elle n'a rien compris. Voilà, je commence à penser par moi-même. Je peux entrer dans l'arène et confronter mon point de vue aux autres. Ce n'est pas difficile d'être libre. La liberté ne se décrète pas. Il est à portée de main, il suffit de la prendre. Comme disait le poète : Elle est dans mon froc ! Ceux qui n'entendent pas le message de l'auteur vivent sur une autre planète, car il ne s'agit que d'une chose : vouloir vivre sans concession ! Et ça, visiblement, ce n'est pas donné à tout le monde. L’histoire de Berlin Tintin commence comme un dictionnaire, se poursuit comme un journal polémique, file comme un brûlot, continue comme une rubrique mondaine des bas-fonds et se termine comme un roman amer. OVNI ! Objet Vivant Né Identifiable.

Ne cherchez pas les traces d'une structure académique, vous seriez déçus. Pas plus celle d’un roman que d'un journal, quoi que, mais non. Une compilation ? Pourquoi pas ? Mais alors, à un certain rythme. Car il y a de la cadence. Chacun en prend pour son grade pour peu qu'il ne pense pas par lui-même. Ceux qui n'ont pas la spontanéité de la réplique trouverons de quoi tartiner leur bloc-notes de quelques perles pour leurs soirées prout prout. Vous répondrez par exemple : je m'en égoutte les coquillettes ! So chic ! Dirait Madame H. Et patati et patata. Si vous n'avez jamais su argumenter sur l'incapacité congénitale de certains de vos (faux) amis hétéros, vous trouverez au paragraphe intitulé : Pacs : Pratique de la contamination sidaïque de quoi régaler vos neurones endormis par la normalité de la Burger culture. A la question : Baiser sans capote ça vous fait jouir ? Vous répondrez peut-être : Ben oui, quelle question conne. Et Rémès d'ajouter : La poser, c'est légitimer sa réponse. Répondre autrement, ne serait-ce pas répondre à côté ? Ne serait-ce pas parler d'autre chose, d'un autre sujet ? Je vous l’ai dit : ce livre ramène le sujet au sujet.

Cet OVNI est aussi un manifeste pour lutter contre la haine de soi, cette chose partagée entre pd et cultivée avec amour. Qu'on se le dise !