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Serial fucker

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Têtu janvier 2005
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Serial Fucker s’ouvre sur une expérience de barebacking dans un club américain. Comme souvent, les USA sont le fer de lance d’une innovation, voire d’une révolution en matière de mœurs et de sexualité. Mais de quoi au juste concernant le barebaking ? D’une nouvelle «libération sexuelle» ? S’agit-il pour vous effectivement d’une libération sexuelle ?

Ils innovent fort les américains, les Twin towers, la nouvelle guerre en Irak... Heureusement qu’ils sont là pour nous apprendre à vivre ! La libération sexuelle est une utopie soixante-huitarde. Elle est morte dans l’œuf. Le sida et le bareback ne sont bien entendu pas une révolution sexuelle. Peut-être celle des séropos mais c’est tout. Une contestation par contre, oui ! Après 20 ans d’épidémie,on a à nouveau envie de sentir le goût du foutre, aha. On a déjà le sida, vous voulez pas qu’on se fasse chier avec des capotes en plus ? Par contre le bareback va à l’encontre du nouvel ordre moral, une hygiénisation de la sexualité.

Serial fucker est aussi le livre de la performance sexuelle ; les personnages s’en donnent à cœur joie [mauvaise formulation]. Mais pourquoi «La Crevette» et quelques autres sont-ils définis comme des « va-t-en guerre ». ? De quelle guerre s’agit-il ?

Vous voulez dire « à couille rabattue » ? Des va-t-en guerre parce que beaucoup de mes (ex)amis passaient leur temps à se défoncer, boire et se détruire. Certains aiment le sexe et ce qui tourne autour jusqu’à s’en détruire. Mais on peut adorer le sexe sans se détruire bien entendue.

Il y a dans votre livre ce présupposé – un dogme ? - du « jouir = vivre », du « faire l’amour complètement » (p.43) qui seul vaut la peine – quel qu’en soit le prix à payer – bref : d’une fascination pour une transgression qui libère, qui permet seule de vivre son corps. Or cette transgression s’exprime, en quelque sorte, par la maladie, clef de voûte du projet littéraire. On a donc : jouir = vivre = souffrir ?

Jouir = vivre = mourir ? je n’espère pas, je ne veux pas. Pourtant la réalité du sida vient hélas nous rappeler ça. Mais après de longues années de sida, certains ont envie d’être libre. Eros et thanatos, c’est un bon ressort littéraire.

p.57 : « Retrouvons l‘énergie et la subversion de nos aînées» : inscrivez-vous Serial Fuker dans la lignée d’une littérature revendicatrice, révoltée ? L’écrivain peut-il (doit-il ?) tout dire ? tout écrire ?

C’est même une obligation pour lui, sinon à quoi sert la littérature ? De cache pot ? De cache sexe ? Je suis effaré par le vide de sens du monde. Ça me révolte. Je reste un éternel adolescent.

Serial fucker constitue un document sur un vocabulaire, une ensemble de fantasmes et d’éléments très divers et très actuels propres à la culture gaie d’aujourd’hui –le «manifeste du jus», le «code de bonne conduite d’Amours hards», ou encore l’attirail médicamenteux du gay «plombé». Cet aspect informatif et «documentaire» vous importe particulièrement ?

C’est aussi un livre de journaliste, j’ai bossé à Libération, Nova Mag, Gai Pied. J’ai voulu retranscrire au plus juste ce qui s’est passé depuis 5 ans. Le héros, BerlinTintin est aussi journaliste. Cela lui permet de coller au mieux aux évènements.

A plusieurs reprises, et non sans humour, vous intégrer des interventions très contradictoires sur la question du barebacking. Le pour et le contre, pour faire vite. Est-ce pour vous une manière de ne pas trancher ?

Je ne veux pas me poser en donneur de leçon ni en diseur de vérité. Je donne les infos, c’est tout. Après, c’est au lecteur de se faire son propre avis. Le lecteur est totalement libre.

Nina est un personnage attachant. Est-elle – êtes-vous hétérophobe ? Pourquoi cette «vengeance» ?

C’est une position théorique pour répondre à des siècles d’oppressions de la domination masculine et de l’hétérosexisme. Une position radicale, à l’image des Black panthère. Lutter contre l’oppresseur. Au « sale pédé », « enculé », je réponde « sale hétéro ». Mais sinon j’ai beaucoup d’amis hétéros, je les trouve très drôles.

Je fais un copier/coller : p.49 : «Ma philosophie c’est le plaisir : l’hédonisme» ; p.45, le texte de l’annonce «Cherche foutreurs pour finir me crever réel». Quel hédonisme ?

Dans le bareback, on a cette contradiction, certains cherchent à jouir librement, d’autres à se détruire. Pour certains, le sexe et le sida sont une manière de se suicider à petit-feu. Ce n’est bien entendu pas ma position. J’aime la vie et la liberté.

Est-il possible de faire un travail d’écrivain tel que Serial Fucker et de militer ? Vous définissez-vous aujourd’hui comme militant d’une cause ?

J’ai milité comme journaliste en parlant beaucoup du sida, des modes de vie gay, en suivant les associations de lutte. Disons que Serial fucker est un travail de militance radicale. Une bonne partie du milieu gay est furieux contre Serial fucker, montrer la vérité, ça fait peur.

Le bareback vécu par le narrateur de Serial fucker c’est le don amoureux et le partage – y compris celui de la mort. Serial Fucker, c’est Tristan et Yseult ? Cette expérience d’une mort donnée et consentie, c’est « de la littérature » ?

Tout est littérature si on joue de l’orfèvrerie des mots. On me dit souvent que comme certains écrivains, j’arrive à transformer la merde en or.

Vous écrivez p.117 «A la limite le barebacking est un acte politique». Or votre livre parle évidemment de politique et de moral. Votre propos n’est-il pas avant tout politique ?

Le bareback est un prétexte pour parler de notre terrible liberté individuelle et de ce qu’on en fait, ou pas.

L’un des aspects déterminants de votre livre, c’est qu’il permet de concentrer des problématiques à la fois morales et politiques, de parole et de censure, de vie individuelle et de société. Le discours sur le sexe est encore, pour vous, le plus sûr moyen de dépasser des interdits ?

À part le sexe, l’amour et la drogue, je ne vois pas ce qui nous reste encore pour être libre et fou dans notre monde.

Serial fucker :v Après le roman culte underground Je bande donc je suis, contant la vie gay et SM des années sida et Le Maître des amours, sur son expérience de masseur prostitué bisexuel, Erik Rémès poursuit ici son exploration des déviances flamboyantes. Il a décidé d’assumer pleinement la noirceur humaine pour pénétrer au plus profond de nos âmes. Erik, 38 ans, titulaire de maîtrises de psychologie clinique et de philosophie, est journaliste (Gai Pied Hebdo, Libération et Nova Mag), écrivain et peintre. Déluré, il livre ici un brûlot sans concessions, féroce, noir, drôle et cynique sur la condition humaine. Un ovni littéraire, politique et queer qui décrit l’univers des pratiques (sexuelles) à risques sur fond de sida allégorique et universelle. Écrire = (sur)vivre. Un livre obsédant, fort et dérangeant dont vous ne sortirez pas indemne et qui vous questionnera au plus profond de votre âme. Que sont la vie, l’amour, la mort et le respect de l’autre dans une société individualiste en quête, au mieux, d’une nouvelle étique, au pire, du néant ? Un roman à la construction surprenante et au style originale. Une succession de paragraphes courts, disjoints dans le temps et l'espace à l’image de notre époque déstructurée. Une alternance de vécus directs et indirects, d'extraits de documents, de récits, de dialogues, de réflexions, de commentaires. Un grand rythme mêlant journal des années bareback, livre de journaliste sur un des phénomènes marquant du début du second millénaire et roman violent à la sexualité débridée.

www.erikremes.net