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Têtu janvier 2005
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Edito de gayvox.com (post zap)

Edito de gayvox.com (post zap) 0000-00-00

J’ai cru revoir un mauvais film. C’est trop joli, trop poli même d’appeler ça un zappe.

C’est du terrorisme ! De la brutalité à l’état pur, digne d’une descente de la gestapo en d’autres temps. Le collage sur les murs de l’affiche indiquant : Franck Spengler complice du sida, me rappelle les affiches qu’on placardait à une époque sur la porte du domicile de ceux que l’on venait d’envoyer dans les camps au nom d’une idéologie, d’une vision de l’homme, du bien et du mal, du monde en somme. Comment sortir de ça ?

Voilà un auteur et une association qui se disent tous les deux des radicaux (pourquoi pas des extrémistes, je n’y vois aucun inconvénient) de la prévention. Chacun à leur manière n’y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils disent tous qu’ils veulent notre bien. L’écrivain en nous faisant flipper grave (moi aussi j’ai flippé à la lecture de certains passages) les autres en usant de la violence et de la stigmatisation (qui nous fait tout aussi flipper d’une autre certaine manière). Les deux parties disent vouloir la même chose : PREVENIR, FAIRE DE LA PREVENTION. Elles ne le font pas de la même manière, mais les deux ont le punch de leurs moyens. Les deux sont outrancières dans leurs façons d’envisager leurs formes de communication. Où est le problème ? Les deux ne se valent pas. Les deux se discutent dans l’opinion. Quel est le problème ? On croirait que les uns veulent faire taire les autres, se taper sur la gueule, se faire mal et pourquoi pas réduire l’autre au silence. Et si les uns avaient leur utilité auprès d’un public et les autres auprès d’un autre ? La cible de la prévention serait élargie et la certitude de toucher plus de monde serait plus grande. Où est le problème (bordel de merde ! ai-je envie d’ajouter).

En quoi Rémès m’a aidé par exemple ? En me permettant d’aborder une réalité que je ne connaissais jusque là que vaguement, via la presse et des échanges informels. Il a donné corps par le biais d’un roman à une réalité tout à coup plus "osseuse" que les discours et autres récits de journaux. C’était comme si tout à coup le barbacking était devenue une réalité parce qu’on m’en parlait sous la forme d’une histoire vraie et non sous les mots rapportés d’une plume de seconde main. Flippant, oui oui, flippant certains passages de ton roman. A faire gerber même. Bon, quand tu donnes des conseils pour plomber, je ne te suis pas, évidemment. Qui peut te suivre ? Et surtout, qui peut être assez débile pour croire que tes lecteurs vont te suivre d’un seul homme et courir les backrooms dans le seul but de contaminer volontairement ? Qui peut avoir aussi peu confiance en l’homme pour croire à ça au premier degré du sens ? Act-Up ? Hélas, il me semble que oui. A moins qu’un détail m’ait échappé.

En quoi Act-Up m’a aidé par exemple ? Depuis dix ans en me faisant froncer les sourcils quand je passe devant une affiche un peu provoc. Un temps d’arrêt qui m’oblige à me poser quelques questions sur le sida. Ça fait des années qu’ils me font cet effet Act-Up. Merci. A chaque fois, je suis obligé de me situer par rapport à ces visuels que vous placez sous mes yeux. J’en parle avec des potes (malades ou pas). C’est bien. Merci encore. Comme vos publications qui traitent du concret de la maladie et des moyens d’y faire face. Elles nous rendent un réel service. Ça oui, c’est de l’aide !

Mais les maladies qui durent nous lassent et les campagnes de prévention n’en sont plus (quand elles l’ont été). Les accompagnements aux copains, les soutiens que nous avons tous (plus ou moins) dû mettre en œuvre à titre individuel pour notre entourage touché, les réflexions échangées sur le sens de la vie, la mort et tout ça, nous ont tous plus ou moins fait prendre le sida pour un avatars de l’existence au même titre que le cancer, les accidents de la route et le reste. D’ailleurs, même pour les accidents de la route, le ton monte. Les campagnes de pub sont cinglantes et sanglantes, agressives. Est-ce pour autant que les agences de pub sont saccagées ? Quand on me montre un chauffard qui fonce vers la mort, est-ce que je prends ma voiture pour l’imiter et tuer le premier enfant qui traverse ? Pourquoi en irait-il autrement quand il s’agit d’un roman qui traite d’une problématique de la transmission du sida ?

Je préférais quand vous investissiez les ministères, les représentations sociales, les symboles, le pouvoir en somme. Je ne peux comprendre que vous vous en preniez à un éditeur. C’est beaucoup trop facile. Et en plus, je ne suis pas certain de la pertinence de cet acte (et je doute que vous le soyez vous aussi). Comment justifierez-vous que la courbe des ventes de ce roman remonte après la pub que vous lui faites ? A moins que vous œuvriez pour que la prévention radicale (telle que la défini Rémès) soit portée à son comble ? Auquel cas, merci pour tous ceux qui en ont besoin. Mais quand même, sur la forme, un éditeur, c’est pas très courageux. Je suis désolé, mais c’est pas ça, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Ca rappelle trop d’heures noires auxquelles vous ne pouvez pas accepter d’être identifiés.

Lionel Duroi pour Gayvox.com

Sérial-Fucker Journal d'un barebacker Par Erik Rémès, Ed. Blanche 2003

www.erikremes.net