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Serial fucker

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Erik Rémès ou la position de l'homo debout

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Act Up Action N°86

Act Up Action N°86 0000-00-00

Act Up : « Et hop », la politique littéraire d'Éric Rémès

publié le 3 mars 2003 dans Action 86

Pour écrire un livre, aujourd'hui, trois conseils :

1) Mettez-vous au centre, racontez-vous, dites « je ». De n'importe quelle manière : journal, auto-fiction, introspection philosophique, là n'est pas la question. L'important est que, directement ou implicitement, vous apportiez votre contribution au problème qui nous taraude touTEs : « qu'est-ce qu'une vie réussie ? ».

2) Si pourtant, au fond de vous-même, vous doutiez de l'intérêt de votre existence, alors avouez une grosse bêtise : vous êtes devenu ministre de Jean-Pierre Raffarin, vous détestez les lesbiennes, vous pratiquez le sexe sans capote, etc. Pas pour vous faire pardonner, juste pour montrer qu'à défaut d'être extraordinaire, vous êtes sincère, vertu cardinale du moment : pensez au Loft.

3) Si néanmoins cet aveu ne suffisait pas à vous rassurer, si vous sentiez que vos transgressions sont trop petites, trop sottes ou trop sinistres, alors allez-y carrément : appelez au meurtre. Bête, ça ne le ferait pas, mais bête et méchant, ça marche à coup sûr. Eric Rémès l'a parfaitement compris. A l'ombre des géants qui lui ont ouvert la voie (Michel Houellebecq, Guillaume Dustan, Christine Angot, Luc Ferry, pour ne citer que les plus grands), il nous propose son Serial Fucker, journal d'un barebacker. On sent dès le titre que tout y est : il s'agit d'un journal (ma vie en vaut la peine), d'un aveu (je pratique le bareback), et d'une menace (je peux tuer plein de gens). La lecture confirme : ego, sexe, mort - Serial Fucker est plus qu'un livre, c'est l'épure d'un genre. Certes, le texte publié n'est qu'une version édulcorée du texte initial. Les censeurs - en l'occurrence, une association de lutte contre le sida - sont toujours prompts à prendre la littérature au pied de la lettre. On ne trouvera donc pas dans la version finale l'appel à la contamination des militantEs d'Act Up retiré par les éditions Blanche à notre demande. Mais, et c'est là le signe d'une grande écriture et d'un grand éditeur, l'essentiel est sauf.

Exemples :

1) Il est toujours possible de faire sienne la délectation avec laquelle l'auteur rapporte le récit d'un de ses amis, fier - on le comprend - d'avoir sciemment contaminé un militant d'Act Up.

2) Il est toujours possible, pour qui veut marcher sur les pas d'Eric Rémès, de trouver dans son travail, non seulement une puissante source d'inspiration, mais aussi de précieux conseils techniques : pour plomber une dinde, il suffit de couper le bout de la capote, qui achèvera de se déchirer pendant le rapport sexuel.

Il est toujours possible d'applaudir à l'audace des images, notamment à celle-ci : le sida, c'est « Palavas les flots ». Superbe, deux fois superbe, dans la virtuosité littéraire comme dans le courage politique. Il ne fallait pas laisser Nicolas Sarkozy seul dans son combat contre ces salauds de séropos étrangers qui, sous prétexte de sida, débarquent chez nous comme en villégiature. Plus largement, il fallait une plume à tous ceux qui pensent que les effets secondaires des traitements n'ont aucune importance, que l'échappement thérapeutique n'existe pas, que l'épidémie est finie, que les contaminations diminuent, que la vie on s'en fout, que c'est la mort qui est belle. Bref, même censuré, Eric Rémès parle, et son sujet est inépuisable : la transgression par le sexe, sa punition par la mort.

D'ailleurs plus il parle, plus on a envie de l'entendre. Lisons cette interview accordée à un site gay, par exemple : « il est presque dommage que Le Pen ne soit pas passé. On aurait eu une bonne guerre civile, et hop. » Et hop ? En deux mots, Eric Rémès a réussi à synthétiser sa pensée. Chapeau.

Action Le journal d?Act Up Paris

Le bareback et nous

publié le 3 mars 2003 dans Action 86 le journal d?act up

Nous le disions déjà il y a quatre ans, à la Lesbian and Gay Pride de 1999. Depuis, nous n'avons cessé de le répéter ; notre position n'a pas changé : nous sommes fièrEs d'en mettre. Parce que nous pensons que 20 ans de sida, 25 000 pédés morts du sida signifient quelque chose. Parce que nous pensons que depuis 15 ans, notre communauté a construit une mobilisation qui doit continuer.

Nous l'avons dit et répété : quand on est séronégatif, baiser sans capote, c'est prendre le risque d'être contaminéE, de devoir vivre avec la maladie, les traitements et leurs effets secondaires : lipodystrophies, diarrhées, nausées, neuropathies, ostéoporose, etc. C'est devoir y laisser sa peau, aussi. Non, le sida n'est pas une maladie chronique.

Quand on est séropositif, baiser sans capote, c'est prendre le risque d'une surinfection avec des résistances à la clef, de contracter d'autres IST : syphilis, gonorrhées, etc. C'est aussi prendre le risque de contaminer quelqu'un qui pourrait rester séronégatif.

Le bareback n'est pas autre chose que du marketing sur la pulsion de mort. Films, sites ou livres, le moteur est le même : faire de l'argent sur l'idée que flirter avec la mort, c'est cool. C'est insupportable. Il est insupportable que notre sexualité soit financièrement et publiquement transformée en un vecteur de mort. Insupportable que la mobilisation communautaire de toutes ces années risque d'être réduite à néant parce que certains trouvent facile et lucratif de mettre la maladie et la mort à la mode.

Pour nous, notre slogan « j'ai envie que tu vives » reste d'actualité. Ringard ? C'est toujours sur des réflexes de vie que notre communauté s'est soudée, rassemblée, consolidée. Ce n'est pas sur un marketing de mort qu'elle va s'épanouir. Les barebackers se complaisent dans l'épidémie et se foutent bien de ce qui peut arriver aux autres malades. De notre côté, nous préférons combattre le sida et nous battre pour les droits et la santé des malades du sida. Et nous savons que dans le contexte actuel de l'épidémie, propager un discours bareback, c'est ?uvrer pour la propagation du sida.

www.erikremes.net