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Serial fucker

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Erik Rémès ou la position de l'homo debout

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http://www.rgmag.com/edito.htm Barebacking

Je doute fort que les barebackers, dans la réalité, percent avec une aiguille ou découpent à la lame le bout de leur condom avant de pénétrer leur(s) partenaire(s) pour pouvoir être certains de leur refiler le VIH. Pour une bonne et simple raison : les barebackers, par définition, ne mettent pas de condom. C'est l'essence même de la notion de barebacking. De nombreuses gens paniquent à la lecture du livre de Erik Rémès (Serial Fucker, journal d'un barebacker) « parce qu'ils ne peuvent plus dissocier à quel point c'est une fiction et à quel point l'auteur est engagé dans cette fiction » (La Presse, 1er mai 2003), de dire l'auteur. Quels qu'ils soient, fictifs ou réels, les propos de Rémès nous rappellent que la plupart d'entre nous avons encore très peur du VIH/sida, 20 ans plus tard, une maladie maintenant « administrée » comme d'autres. Cela n'a rien de rassurant.

La passe de marketing entourant la sortie de Serial Fucker n'est pas sans conséquence. Prêter des intentions criminelles à un personnage fictif de roman n'est pas inoffensif. Rémès n'a rien inventé en ce qui concerne la peur qu'ont contractée quantité de gais à baiser. Certains ont tellement limité leur vie sexuelle qu'ils n'en ont plus. D'autres baisent de façon aseptisée, autant sur le plan physique que psychologique. Une méfiance perceptible s'est installée dans les relations sexuelles et dans la perception qu'on a des partenaires, les « soupçonnant » d'avoir le sida dès qu'un signe suspect surgit ou qu'un visage présente certains aspects qu'on associe, même à tort, au VIH/sida. La « défense » ou la « promotion » - comme diront certains - ou l'illustration du barebacking à la Rémès ne peut qu'augmenter cette peur paranoïde de l'autre dont nous nous passerions volontiers. L'homophobie s'enracine de plus en plus dans la communauté gaie, entre et contre nous-mêmes, et le VIH/sida en est responsable en partie, le barebacking étant le clou sur le cercueil.

Beaucoup d'intervenants ne veulent pas faire du barebacking une question de morale. On a la trouille de passer pour moralisateur. On peut être moral sans être moralisateur. Je devrais plutôt dire que nous avons l'obligation d'être moral. C'est précisément une des plaies de nos sociétés, ce manque de morale ou, si l'on préfère, ce manque de sens civique, le peu de responsabilisation face aux autres. L'autre est souvent devenu un « objet » qu'on utilise ou pas en fonction de nos besoins (sexuels).

La pratique du barebacking suppose un culte de l'individualisme très poussé. Comment oublier, n'était-ce qu'une seconde, si on a un peu de sens civique, qu'on mette en péril la santé, la qualité de vie et la vie elle-même de quelqu'un d'autre? Parce qu'on refuse de porter une capote, qu'on est tanné d'en porter et que c'est plus le fun d'avoir un contact direct. Certains - et pas nécessairement des barebackers - vous diront que la capote les fait débander. Diable, débandez maintenant avant de ne plus être de ce monde pour pouvoir bander le restant de vos jours! On vous dira aussi que les barebackers, entre eux, sont consentants à jouer à la roulette russe, qu'ils acceptent les risques encourus. So what? Pensez-vous sérieusement que ces gens se limiteront à baiser entre personnes consentantes à prendre ce risque? Qu'ils ne baiseront pas avec d'autres personnes qui, elles, « feront confiance », bien naïvement, en se réfugiant dans l'Amour? D'autres affirment - avec raison - que c'est notre responsabilité individuelle de se protéger. Bien sûr! Mais le fait que je porte un gilet pare-balles vous autorise-t-il à me mitrailler dans le dos?

Les comportements de barebacking sont à la racine anti-sociaux, même s'ils se pratiquent sur une base consensuelle. Ils contribuent, directement ou par ricochet, à augmenter le risque d'infection au VIH (encore mortel) pour un plaisir momentané qui n'a vraiment aucune proportion intelligente avec le sacro-saint droit individuel d'exprimer librement sa sexualité sans tenir compte des autres. Sachant que seulement 80% des hommes gais montréalais se protègent n'a rien de bien rassurant et il n'y a pas de quoi pavoiser sur les résultats de la prévention. Après 20 ans, qu'il y ait encore 20% des hommes qui ne se protègent pas m'apparaît une catastrophe nationale. Cela signifie que l'ignorance règne de plein droit dans nos communautés et que les timides mesures préventives n'arrivent pas à atteindre ceux justement qu'elles visent. Il y a un problème et un gros. Il me semble déjà assez difficile de penser que des gens, porteurs du VIH sans le savoir, constituent un risque pour les insouciants qui ne prennent pas la responsabilité de se protéger, sans avoir à subir les machinations délibérées de « joueurs compulsifs » à la recherche d'orgasmes plus épidermiques. Alain Bouchard

www.erikremes.net