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Serial fucker

Erik Rémès ou la position de l'homo debout
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Erik Rémès ou la position de l'homo debout

Têtu mai 2005
Têtu janvier 2005
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Journal de la démocratie sanitaire
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L'Alsace, le Pays

L'Alsace, le Pays 0000-00-00

Gay, comme un pinçon ?

Alsapresse, Journal L'Alsace, le Pays mai 2003

http://www.alsapresse.com/jdj/03/08/12/MA/1/article_1.html

Du New York des années 80 au Paris d'aujourd'hui, la quête des homosexuels n'a pas changé : une envie de fête perpétuelle, entre solitude, exclusion et épidémies.

PARIS, 2003.

Le quartier du Marais, bordé par le Centre Pompidou-Beaubourg, par l'Hôtel de Ville et par la place des Vosges, est le coeur du « ghetto gay ». Les couples homosexuels se tiennent par la main, les boutiques et les cafés affichant le drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel – signe de ralliement de la communauté – sont ultra-majoritaires. Les garçons ont quitté leur ville de province et son « qu'en dira-t-on?» pour s'installer ici, pour pouvoir s'assumer. Dans ces quelques rues étroites, on célèbre le culte du corps, de la fête perpétuelle, d'une marginalité embourgeoisée. Ainsi regroupés, on fait semblant d'oublier la solitude, l'exclusion, l'épidémie. Erik Rémès a décidé de faire voler en éclats cette unité de façade. « Serial fucker », son troisième « roman », est un collage haut en couleurs, écrit dans une langue souvent approximative, mais qui a le grand mérite de poser les bonnes questions. Du style : les homosexuels doivent-ils s'intégrer ou faire bouger la société en jouant les trouble-fête ? Le « barebacking » (les rapports sexuels non protégés, le « no capote») est-il un crime ou ressort-il de la liberté individuelle ? La défense des droits d'une minorité ne conduit-elle pas à l'aliénation de chacun de ses membres ? Le tableau brossé par l'auteur n'est pas… rose. « Prendre un premier X ccachet d'ecstasys, aller à la gym, se faire un tatoo, devenir séropo, c'est le parcours classique du jeune pédé parisien. L'argent et le sexe deviennent des monnaies d'échange. Une vitrine de supermarché. L'autre est un produit, à consommer. Sur place ou à emporter. Ce qui compte, c'est l'apparence. Nous devenons des images. »

On se brûle aux passions d'un jour, on vit trop fort dans un monde factice

Les uns s'épuisent en luttant contre le sida, les seconds multiplient les conquêtes, les troisièmes jonglent entre produits de beauté et pilules de Viagra. Oui, la société les tolère de plus en plus, même si le compte n'est pas encore bon. Erik Rémès rappelle, entre autres dérapages, le « Pourquoi pas avec des animaux de compagnie?» du député RPR François Vannson, lors du débat sur le Pacs. Surtout, il dénonce l'intolérance qui règne au sein même de la communauté homosexuelle. Il ne s'y est pas trompé puisque « Les mots à la bouche », la librairie spécialisée sise dans le Marais, a refusé de vendre son livre et que les militants d'Act-Up se sont discrédités en saccageant les locaux des éditions Blanche qui publient le roman.

Cette violence « interne » n'est pas neuve. Rien n'est neuf. Rien ne change semble prouver la lecture parallèle à « Serial fucker » du « Danseur de Manhattan », la peinture par Andrew Holleran de l'âge d'or de la communauté homosexuelle new-yorkaise dans les années 80. Malone, son héros, jeune homme de bonne famille d'une éclatante beauté, recherche l'amour absolu dans le labyrinthe des nuits fauves. On goûte aux drogues, on s'enivre de mille promesses (non tenues, cela va sans dire…), on se perd dans les orgies les plus extravagantes. On se brûle aux passions d'un jour, on flambe ses plus belles années, on vit trop fort dans un monde factice. Hier, comme aujourd'hui, l'important, c'est de rester entre soi, l'homosexualité étant « un pensionnat dans lequel il n'y aurait jamais de vacances ». Il faut rire, boire, tenter d'oublier sa singularité. Pas évident : « Si j'étais comme tout le monde, se lamente un garçon dans ce magnifique roman, je serais déjà marié et on n'en parlerait plus. Mais étant homo, je perds trop de temps à fantasmer. Je déteste devoir mentir à ma famille mais je sais que je ne serai jamais ce qu'ils attendent de moi. C'est comme avoir un cancer sans pouvoir le dire à personne. »

Jacques Lindecker

www.erikremes.net