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Serial fucker

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Quazar (Angers)

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Eric Rémès au bûcher !

Eric Rémès vient de publier "serial fucker", livre qui a déclenché une polémique au sein du monde gay en général et de Quazar en particulier. Le livre n'est bien souvent connu que par quelques minutes sur le plateau d'Ardisson, qu'on aurait tord de confondre avec Bernard Pivot. La trash T-V ne fait pas d'émission littéraire. Act-Up a dénoncé ce livre qui est effectivement extrémement violent à l'encontre de certains act-upiens et de certaines de leurs attitudes. Act-up a zappé l'éditeur de Rémes les éditions blanches, ketch-up ,comme dirait Rémés, répandu sur le bureau, invectives contre le personnel. La geste est connue. La "colère" d'Act-up s'explique sans doute aussi parce que Rémes déconstruit le discours act-upien et pointe les errements de cette association.

Ici survient la question de la censure. Va-t-on continuer longtemps à brader la liberté de penser, la liberté d'écrire, d'être publier ? Ce n'est juste qu'un des droits fondamental de la personne ! Si le mouvement gay se met du côté des censeurs ont risques rapidement de déchanter. Le magazine Illico a choisi d'offrir une dizaine d'exemplaires de "serial fucker" à ses lecteurs tandis que Têtu choisit de ne pas parler de "serial fucker". Têtu a le droit de se taire. Là où se la pose problème , c'est lorsque Têtu prétend rendre compte de la culture gay et exclut un de ses membres. Si le livre était vide, insignifiant, on pourrait l'ignorer, il y a une palanquée de romances gays et lesbiennes dont nous ne parlons jamais.

Or, le livre d'Eric Rémès est un livre important, longuement travaillé, fruit d'une longue expérience. Il paraît au moment ou la prévention contre le sida est en pleine déconfiture et où l'épidémie de sida se propage dans une indifférence quasi générale.

Eric Rémès est séropositif depuis bientôt vingt ans. Il vit, souffre, pense et aime avec le VIH dans son corps. Il a suivi l'histoire de l'épidémie et du mouvement gay en live. Il témoigne à travers l'itinéraire de Berlin-Tintin, narrateur de ce journal "d'un" serial fucker. Rémès croise de manière hardie les genres journalisme/journal-intime/roman dans un but bien précis : nous avertir des dangers qui nous guettent.

Ainsi, ils pointent successivement, les naïfs, les inconscients dans leur stratégie de lutte contre le sida et les vulnérabilités des gens face à l'épidémie de sida. L'épidémie de sida se répand et Eric Rémès n'en est pas la cause. Nous n'avons pas besoin de bouc-émissaire (à Reims, une asso homo chasse le séropo/criminel…). Rémès nous parle de la situation actuelle. Il dit clairement ce qu'on n'ose pas nous dire ailleurs : être séropositif et être séronégatif, ce n'est pas la même chose. Bien sûr on le sait pour l'aspect risque de développement de la maladie, mais le sait-on pour la prévention ? Rémès raconte dans son livre l'AG des pédés d'Act-up, puis celle sur les toxicomanies, puis les universités d'été homosexuelle de Marseilles. Il rapporte un propos entendu : Dans le fait de baiser sans capote, il y a un séropo qui veut rencontrer un séropo…

Peut-être ? en réalité; le lecteur comprend bien qu'il y a risque de se planter quand les choses ne sont pas parlés, quand on ne sait pas vraiment son état sérologique. On sait - les médecins nous le disent - qu'il y a toujours risque de surcontamination de chopés d'autres infections sexuellement transmissibles. Rémes l'explique.

Il m'est impossible de rendre la richesse de se livre qui entrecoupent des textes d'expositions très violents (qui plaisent tant à Ardisson) et les mises au point salutaires. On sent chez Berlin Tintin, un vrai souci des autres, de protection de ses amis entrecoupés d'exaspérations barbares. On passe d'un narrateur qui se déteste lui-même, qui déteste chez les autres la bêtise ambiante, ce qui l'entraîne jusqu'au désir de "plomber" (et Rémès paie pour ces mots écrits), à un happy ending où le narrateur s'aime enfin lui-même, aime enfin quelqu'un - pour une fois séronégatif- et veut cette fois le protéger absolument. Il se voit là responsable pour l'autre. Il y a une révolution psychologique dans le livre.

Mais l'avertissement pleine page depuis le début est : attention, votre partenaire ne vous prend pas toujours en charge, c'est à vous de vous protéger vous même. Et, la morale, s'il doit y en avoir une est qu'on ne peut bien se protéger soi-même que si on s'aime soi-même, qu'on a de bonne raison de vivre et de vivre avec les autres. Alors zappez Rémes si vous voulez, personnellement, je trouve qu'on a besoin de Rémes et de lire ce qu'il nous dit. Il dérange parce que sa parole est forte, nous oblige à réfléchir sur nous mêmes et nos pratiques sexuelles en un temps qui est toujours celui du sida. Ce livre ne s'adresse pas aux gens bien-pensant qui ne se mettent jamais dans des situations de vulnérablité. Ce livre s'adresse à tous les autres, cela fait beaucoup.

Laurent Ferron pour l’association Quazar d’Angers

www.erikremes.net