Le site de l'écrivain Gay
Liste des extraits

Je bande donc je suis

Cyto-Mégalo

Bon, ben quoi ?

Années Sida

Prolégomènes.

Manifeste des Cybercochones de l’espace

Comment je suis devenue gouinne !

il y a des capotes qui se perdent

Je suis Berlin Tintin (prose socratique)

BerlinTintin chez les Sado-Maso



Bon, ben quoi ?

La Vie c'est rempli de petits détails de rien du tout qui, parfois, vous l'empoisonnent.

Tenez, quand on est séropo, le moindre petit bouton sur le nez se transforme en possible et horrible Kaposi. Je me touche, me palpe, m'inspecte. Je deviens mon propre toubib faisant de mon corps impatient l'objet de tant d'attentions. Je me pèse, me soupèse : Ai-je maigri ? Le moindre petit symptôme fait grosse tache de sens. C'est bien simple, quand on est séropo, on se dit qu'on n'a pas le droit d'être malade. Pourtant, ça arrive et c'est tout à fait normal. Alors, j'appelle François mon médecin de ville. Je l'aime bien. Il a beau être hétéro et séronégatif, je lui fais quand même confiance. C'est important ça, la confiance. Encore faut-il pouvoir le voir. Ben merde alors ! Soit il ne consulte pas aujourd'hui ; soit il est en vacances, (c'est pour ça qu'on dit qu'il ne faut jamais tomber malade pendant les congés scolaires ; parlez en à votre Virus, il sera certainement conciliant) ; soit le pauvre chéri est surbooké vous renvoyant telle une idiote à vos malheureuses T4. Bon ben alors qu'est-ce que je fais ? Je me mets le thermomètre dans le derrière, ça m'occupera. Boudiii, 39°! Alors, pauvre fille, je cours chez le premier généraliste que je trouve. J'ose à peine lui demander si elle s'y connaît un peu en VIH. Ben non ! Bon ben on va faire avec (comme on dit Vivre avec, ah ! ah !). De toute façon, aller voir un médecin c'est toujours un bon placébo pour ses bobos. Quand je lui demande de me faire une ordonnance pour me numéroter les T4, elle rougit comme une grosse tomate de serre. Et la voilà qui fouille son bureau comme une idiote pour trouver un modèle d'acte. Bon ben la prochaine fois, j'essaierai de me passer d'elle Pourtant, trois semaines plus tard, le glagla aidant ne voilà-t-y pas que je me retape une inflammation de la sphère, ORL s'entend. Mon toubib habituel étant cette fois-ci malade (ça leur arrive aussi), je me décide à rappeler l'incompétente du mois dernier. Ah non désolé, c'est trop tard, je n'ai plus de place, rappelez lundi (il ne faut jamais tomber malade un vendredi). Vous savez, je suis séropo et je m'inquiète un peu dis-je presque honteux. Et alors ? Ce n'est pas possible ! Prenez rendez-vous lundi. Quelle conasse celle là ! Alors, puisque je suis un pédé-séropo-surinformé-sur-le-Sida-, je décide de m'auto-médiquer (mais c'est un peu comme la masturbation par rapport à l'Amour à deux). J'ouvre mon Vidal et fouille mon armoire à pharmacie. Je sais que je fais une connerie mais bon ! Je ne vais tout de même pas aller aux urgences pour une inflammation de la sphère, non ? Quelques semaines plus tard, j'ai des nausées. Alors, je vais à la pharmacie demander des suppos. Ah !, non-non, c'est sur ordonnance ça. D'accord, mais je ne vais pas payer une consultation à 150 F pour des suppos à 15 F. Si si, sans ordonnance, ce n'est pas possible. Merde alors, je vais pas m'en faire une intraveineuse de ces suppos, fais chier putain ! Finalement, après quelques minutes de palabres, j'ai enfin mes suppos. Idiote ! La fois suivante, c'est Didier qui ne se sentait pas bien un dimanche (il ne faut jamais tomber malade un week-end, na !). Alors, on appelle SOS Médecin. Deux heures plus tard arrive une sorte de légumineuse verdâtre qui, lorsque je lui ouvre la porte, manque de s'évanouir. Il devait me prendre pour un toxico en manque, ben non, je suis juste une pédale radicale, ah ! ah ! Il commence à ausculter mon pioupiou : ce n'est rien, juste une petite grippe intestinale, avec deux suppos dans le derrière ça ira (décidément, après on va dire que les pédés raffolent des suppositoires). C'est alors qu'on lâche le Mot, tel le fauve dans l'arène à T4 : Séropo. Quoi ? Mais vous auriez pu me prévenir plus tôt, c'est très-très grave, il faut tout de suite aller à l'hôpital. Pardon ? On va bien se débrouiller comme ça. Au revoir et merci docteur. Quel gros con celui-là ! On fait quoi maintenant ?

 

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