Je bande donc je suis

il y a des capotes qui se perdent

1993 : 30 000 cas de sida ont été resensés en France. J'ai maintenant vingt-deux ans. Ce soir, je sors avec mes sacrées copines sado-maso Métale, Malicia et Hélène. Elles m'emmènent dans un lupanar SM hétéro. Moi, j'adore ça, voir des Zétéros entre eux, comme aller voir les macaques se gratter leur cul rouge : BerlinTintin au zoo, avec Milou. Question capotes, les Zétéros, ça ne brille pas ! Et qu'on le veuille ou non, cela continue parfois (encore et toujours ?) à baiser sans capotes. C'est vrai, après plusieurs verres d'alcool, des rails de coke, une ecsta, un acide, du poppers, ou tout simplement de l'Amour ou de la naïveté, la vigilance se relâche tandis que se dilatent muqueuses et corps spongieux. Après l'avoir sodomisé avec son gros god ceinture, la Malicia fist Jean-Luc Eurostar à deux mains devant un parterre de zétéros abasourdis. Métale et moi, pendant ce temps, on latte la gueule à un esclave hétéro. J'adore frapper les hétéros à coup de Radngers, ça me défoule. Car oui, un bon hétérosexuel est un hétérosexuel mort, ah ! ah ! Samedi, soirée ordinaire du Sexe à risque parisien. Je vais faire un tour dans la back-room du lupanar : ça se pénètre en toute impunité virale. Pas de Kpotes gratuites mais un distributeur payant. Pourtant, à 600 balle la soirée pour un couple ou un homme seul, ça ne plomberait pas trop les bénéfices que d'en offrir quelques-unes. C'est le même problème qu'en matière de réduction des risques de l'ecstasy. Dans certains clubs, on ne peut pas avoir un verre d'eau au bar afin d'éviter une déshydratation mortelle. Il faut alors acheter une bouteille d'eau à trente balles. Des boites poussent même le bouchon jusqu'à ne mettre que de l'eau chaude ou bouillante dans leurs toilettes, voir à la couper. Après, il ne faut pas s'étonner d'éventuels accidents Le plus marrant dans ces soirées, c'est encore de voir comment se décline le Sexe sans risque. Comme ce mec qui garde le même préso toute la nuit et va de bouche en bouche et de trou en trou. Ou cette grande maîtresse toute en latex qui sodomise un à un avec le même god des mecs hétéro sensibles du derrière. Sur les banquettes des chambres noires, de belles soumises se font enfiler à tire-larigot, sans capote bien sûr. Dans les lieux gays, même si les capotes ne sont pas toujours utilisées, les initiatives de prévention se sont multipliées depuis belle lurette. Des capotes, voire des gants de latex, sont placées gratuitement sur le comptoir et certains lieux en donnent une à chaque consommation. Parfois même des distributeurs de gels sont installés dans la back-room. Après, avec des capotes dans la poche et du gel à cul à portée de main, il faut une certaine constance pour baiser à risque. Là, cela relève de la Liberté individuelle. Il y en a même pour qui c'est un sport de contaminer ou de se faire contaminer. J'ai des copains dont le fantasme est de se faire mettre sans capote. D'autres qui rencontrent les mecs par minitel ou dans des bordels. D'emblée, ils ne cachent pas leur jeu : sans capote sinon rien. Ca marche très souvent. Pourtant, ils connaissent le risque éventuel de se faire surcontaminer. La baise à risque devient un fantasme à part entière. Si un partenaire sexuel n'exige pas de capote, il faut alors avoir la volonté d'en enfiler. J'ai un autre copain qui refuse systématiquement d'utiliser des préservatifs, même si son partenaire insiste. Il préfère encore ne rien faire. Je ne sais pas exactement ce qui l'excite. Le danger ? Le risque de contaminer l'autre lui donne un sens plus vrai, plus profond au plaisir, plus dramatique ? C'est certain, la mort, c'est excitant. La mort fait bander, la mort fait jouir. Le Virus est une arme et son porteur un criminel potentiel. Donner la mort, à long terme. A suivre Copyright Balland 99