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Le guide du sexe gay

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INTRODUCTION Ce guide du sexe gay explique de manière simple, libre et décomplexée les pratiques et plaisirs entre hommes. Il offre une vision déculpabilisante, non morale, non cléricale, non médicale et non psychanalytique de l’homosexualité. Il propose des jeux érotiques variés, jubilatoires et harmonieux. Il s’adresse à tous, quelques que soient leurs pratiques sexuelles : du monopartenaire au multipartenaire, du plus soft au plus hard, de la folle furieuse à la cuirette en chap’s, du romantique au serial fucker, etc... Mais aussi aux femmes et hommes hétéro, bi et pansexuels désireux de parfaire leur connaissance de la sexualité masculine et de toutes ses potentialités. Pour beaucoup d’entre nous, parents et éducateurs ont peu, pas ou mal parlés de sexualité, ni répondu à nos questions ou devancés nos attentes. Ces mêmes personnes ont encore moins parlés d’homosexualité si ce n’est en terme réducteur, voire discriminant ou insultant. « Comment faire une bonne fellation ? » ; « comment sodomiser sans faire mal ? » ; « comment doigter mon mec, lui masturber sa prostate, le goder ? » ; « comment fister un cul sans faire mal ? » ; « comment assumer mes penchants sado-maso ? ». Autant de questions sans réponses pour certains d’entre nous. Pourtant, le sexe est autant affaire d’imagination, de sensualité et d’amour que de savoir faire, de méthodes et de techniques. L'amour et la sexualité sont des champs de l’humain encore vierges. Pourtant, ils constituent des voies d’accès privilégiés d’une maïeutique individuelle. La sexualité permet de se découvrir, soi et son âme. L’homosexualité a connu depuis le siècle dernier des années d’évolutions quasi révolutionnaires. Les homos devenus gays par les joies de la sémantique sont passés de l’invisibilité et de l’innommable à la médiatisation et la « reconnaissance ». Mais qu’en est-il de notre sexualité ? En effet, comment assumer aujourd’hui d’être homosexuel alors que la pire injure reste encore « sale pédé » ? Comment bien assumer sa passivité et le plaisir qui en découle alors que l’insulte suprême dans nos sociétés reste « sale enculé » ? Un travail mental d’acceptation de sa propre homosexualité ou bisexualité est indispensable au plein épanouissement de sa sexualité. Pourquoi un guide du sexe homo ? Pour accompagner le mouvement de libération sexuel, l’incarner dans la chaire et le désir. Pour montrer que notre sexualité est multiple et variée, riche et inventive. Un guide homo pour que nous ayons des manuels adaptés à notre sensibilité et nos spécificités. Un guide pour expliquer que l’anus et la prostate sont des zones érogènes formidables et aussi puissantes que le pénis. Pour donner toutes ses lettres de noblesse à la passivité. Un guide pour incarner dans ce nouveau millénaire les révolutions des genres masculins/féminin, actif/passif, pénétrant/pénétré. L’homosexualité et le sexe en général sont sans aucun doute parmi les sujets qui suscitent, encore aujourd’hui, à la fois le plus d'intérêt, de rire pouffé et de gêne. À l’aune du troisième millénaire, malgré la médiatisation à outrance de l’homosexualité, de sa sexualité et de ses représentations, mythes, peurs, tabous et idées fausses perdurent. Les considérations morales et religieuses, plus ou moins strictes selon les époques et sociétés, toujours aussi virulentes aujourd'hui, ont souvent laissé croire, à tort, que la sexualité n'était qu'un élément secondaire, voir même superficiel dans la vie des individus. Pourtant il n'en est rien. Nombre de mésestimes personnelles et même de dépressions, de mésententes, d’homophobie intériorisée, voir des violences sexuelles, sont les résultats de problèmes reliés, à divers degrés, à des perturbations de l'activité sexuelle. L’homo sexe est ici observé et éclairé sans tabous dans une vision que j’ai souhaitée libre et libertaire. Un regard parfois drôle, caustique et subversif. Un livre où il est sera tenté de dire ce que d’habitude l’on ne dis pas, ce qui ne doit pas se dire. Le champ de l’homosexe est vaste et vieux comme mes robes. Le tour d’horizon de ce guide, sans prétention et grand publique, sera donc étendu lui aussi. D’aucuns me reprocheront la prétention encyclopédique. La sexualité est une activité fort complexe, qui fait intervenir de multiples aspects de l'homme : son psychisme, son imaginaire, sa relation aux autres, sa philosophie de vie et sa morale, son milieu social, ethnique, religieux, et patati et patata. Mais aussi ses éléments anatomo-physiologiques. Il s’agira donc ici de prendre en compte cette diversité, et d’utiliser les concepts de nombreuses autres disciplines médicales, psychologiques et sociologiques. J’utilise donc pour cette étude différentes grilles de lectures que j’ai synthétisées : scientifique, médical, statistique, sociologique, psychanalytique, etc. Espérant par le croisement de ces techniques porter un regard syncrétique sur la sexualité. Je n’ai surtout pas la prétention d'avoir inventé ou découvert quoi que ce soit de nouveau, réalisant bien que, concernant la sexualité, l’exhaustivité est impossible. J’ai, dans cette première édition de ce guide, volontairement laissé de côté un très grand nombre de point, comme les relations amoureuses, l’amour, le couple ou l’adolescence, etc. Mon propos n’est pas d’expliquer les fondements psychologiques, psychanalytiques ou sociaux de nos jeux sexuels. Encore moins de les juger. Ils existent, point ! Sur le plan sexuel, il est préférable d’assumer ses fantasmes et de les vivre pleinement plutôt que de passer sa vie à essayer d’en découvrir les fondements tout en les inhibant et se frustrant. Tout comme, au niveau psychologique, il vaut mieux savoir comment transcender une peur ou une angoisse, que de passer son temps à en découvrir l’origine sans pouvoir la dépasser. Le refoulement de la sexualité est bien souvent la cause prépondérante des troubles psychiques. La sexualité, comme l’a prouvé Freud (Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, 1987), dès le début du XXè siècle, n'est pas une fonction parmi d'autres, mais la seule concernant l'organisme tout entier (tous les organes du corps peuvent outre leur rôle physiologique jouer, symboliquement parfois, un rôle sexuel), la seule fonction qui dépasse l'individu. L'inconscient tend en général et indifféremment vers la recherche et l'obtention du plaisir, et forcément du plaisir sexuel, qui est un des plaisir le plus intense qui soit accessible à l'homme. Toute l'activité de l'inconscient, c'est-à-dire du psychisme, tend vers le plaisir et fuit le déplaisir. Victimes d’une culture judéo-chrétienne ou la reproduction, donc la pénétration, étaient indissociables de tout acte sexuel, l’homosexualité et de nombreuses pratiques (les caresses, les rapports buccaux-génitaux, la sodomie, etc.) ont été laissées en arrière-plan et taxées de perversion. Je m’attacherais donc ici à redonner une place méritée à des pratiques délaissées ainsi qu’à d’autres, plus extrêmes ou tabous. Il me semble en effet capital de sortir la sexualité de sa normativité, de son manque de culture et d’imagination érotique, de sa culpabilité et de lui donner matière à plus de fantaisie. La sexualité se doit d’être ludique et imaginative. Ce guide du sexe gay se veut donc prosélyte de l’hédonisme. Je me pencherai également, avec si possible un regard neuf et dénué de critères moralisateurs, sur ce que l’hétérocentrisme appelle « perversions » comme le sadomasochisme, affublées généralement de tous les vices, peurs et fantasmes. La radicalité de ces jeux nous semblant plutôt source de questionnement ; voir de liberté. Qui plus est, à l’heure ou les notions de genre (masculin/féminin, actif/passif, hétéro/homo, dominant/dominé, etc…) se diluent, le propos de cet ouvrage se veut volontairement pansexuel. J’entends par ce terme, une sexualité libre, mouvante quand à son genre et son objet. Nous-nous attaqueront aussi à l’imposture hétérosexuelle masculine, basée sur le seul pénis et l’archaïque pénétration, qui en oublie d’autres zones érogène potentiellement jouissive comme l’anus et la prostate. Ce livre expose une vision libertaire de la sexualité. Ce livre prend acte de l’évanescence du système patriarcal hétérosexuel occidental, celui du mâle dominant, pénétrant et sur de lui, reléguant la femme et l’homosexuel au second rang. Bon voyage. Copyright Erik Rémès, tous droits réservés, Édition Blanche VERS UNE PANSEXUALITÉ HEDONISTE La fin du XXe siècle a connu une montée en puissance de l’érotisme et de la pornographie ainsi qu’une banalisation du sexe et de l’homosexualité. À partir des années 1970, le sexe s’exhibe : la littérature érotique se popularise et le cinéma porno se développe. Arrivent, dans les années 1980, les nouveaux moyens de communication, la vidéo et le magnétoscope ; l’explosion de la diffusion des images ; enfin, l’omniprésence du sexe dans les médias. Le sexe devient un produit de consommation qui se vend et fait vendre dans des publicités de plus en plus érotiques ; l’intimité de la sexualité est exhibée lors d’émissions télé grands publics. Pour la sexo-démographe Maryse Jaspard , « la sexualité est devenue plus visible, presque envahissante. La désacralisation du sexe s’accomplit en parallèle à l‘érotisation des représentations sociales, phénomène qui, paradoxalement, produit une forme de normalisation des comportements ». Qu’en est-il de cette prétendue « révolution sexuelle » ? Les années 70 nous avaient promis monts de Vénus et merveilles phalliques en matière de sexe. Nous ferions depuis « l’amour et plus la guerre ». Il serait « interdit d’interdire » et l’on devrait « jouir sans entraves ». Que nenni ! Les statistiques actuelles de la sexualité laissent sceptiques quant à une réelle évolution des mœurs et jeux sexuels. Comme le dit Maryse Jaspard, « En cette fin de siècle, comme trente ans auparavant, prédomine une sexualité conjugale qui s’apaise avec la longévité du couple. Aucune évolution tangible qui indiquerait une libération sexuelle. Ainsi, la « libération » sexuelle semble aller plutôt dans le sens d’une intériorisation des normes sociales par l’individu. Certes la sexualité s’est échappée du carcan qui l’enserrait, mais plus présente, elle est aussi plus sociabilisée, standardisée. En outre, le déferlement visuel et langagier du sexe qui caractérise la fin de ce deuxième millénaire engendre un grand décalage entre pratiques et représentations : la libération sexuelle apparaît, plus que jamais, comme un des grands mythes du XXe siècle ». Pour bien appréhender ce livre, il est recommandé de se défaire de ses notions habituelles de normes et d’accepter de s’éloigner des représentations habituelles desdites perversions. La sexualité humaine et ses différentes expressions, hétéro, homo et bi, a connu de profonds bouleversements depuis la seconde moitié du XXe siècle. « Révolution sexuelle » des années 60, divorce par consentement mutuel, pilule contraceptive, droit à l’avortement ont durablement dissocié reproduction et sexualité ; les femmes accédant avec le temps à un statut prétendument « égal » à celui de l’homme. À la fin du XXe siècle, de nouveaux bouleversements ont précipité l’évolution sexuelle en marche. L’homosexualisation du sida, l’affirmation de la communauté homosexuelle, le vote de la loi du Pacs, Partenariat Civil de Solidarité, le 13 octobre 1999, ont permis, de manière toute relative, à la bisexualité et à l’homosexualité de « rentrer dans les mœurs » », relativisant le statut supérieur et dominant de l’hétérosexualité. Dorénavant, la recherche de plaisir est devenue l’un des buts principaux de sa vie et de sa sexualité au détriment de la seule procréation. Peut-on se satisfaire d’une sexualité qui ne prendrait comme but sexuel normal que l’attirance d’un individu pour les organes génitaux du sexe opposé au sien ? Le mouvement de libéralisation des humains et de leur sexualité impulsé notamment par Freud, Reich, Kinsey, Master et Jonhson, doit être poursuivi. Et la liberté passe aussi par la sexualité. Michel Foucault l’a démontré dans son archéologie des discours sur la sexualité : le sexe est la cause et la conséquence de tous les phénomènes de notre vie comme il commande l’ensemble de l’existence sociale. On se doit donc aujourd’hui d’explorer de nouvelles voies ; de redonner toutes leurs places aux jeux, il y a peu encore très décriés ; de se hasarder sur des chemins déviants de satisfaction sexuelle ; de se mettre face à tous ses désirs ; d’expérimenter d’autres organes comme source de satisfaction ; de (re)découvrir toutes les potentialités érogènes de n’importe quelle partie du corps. C’est dans le dessein d’accompagner ce mouvement de liberté que ce guide a été écrit. Bon voyage. Copyright Erik Rémès, tous droits réservés, Édition Blanche

 

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