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Fierté gay Libération 26 juin 95
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Quand des dizaines de milliers de gays et lesbiennes ont la fierté pour mot d'ordre, plus qu'un pied de nez aux homophobes, que signifie ce terme pour eux? Réponses au pluriel. Jean-Marc, 31 ans: «Je ne suis pas fier, je n'ai aucune fierté à être homosexuel, c'est naturel; je suis quelqu'un de simple en robe violette.» Martine, 35 ans: «Les gens ne revendiquent pas assez leur homosexualité. Moi, je suis fière d'être homo, tout le temps et partout. Dès qu'on me pose la question, je dis que je suis lesbienne, je suis sincère. Sinon, j'ai l'impression de ne pas comprendre qui je suis. Essayez et vous verrez.» Philippe, 25 ans: «L'important, c'est la pluralité, la différence, pas l'indifférence, aujourd'hui, demain et toujours. Exprimer, collectivement, sa fierté est d'autant plus important que Chirac est passé. Aux homophobes, je dis "va chier", "tu chausses du 2".» Patrick, 30 ans: «C'est la première fois que je me sens lesbienne à part entière.» Robin, 31 ans: «Je suis fier parce que c'est le mot d'ordre de la manif et que c'est le seul mouvement social où on peut danser autant.» Isabelle, 26 ans: «Je me promène dans la rue histoire de savoir que je ne suis pas toute seule, et histoire de montrer aux autres gays qu'ils ne sont pas tous seuls.» Nathalie et Muriel, 30 ans: «Cette fête change des autres jours où on est invisibles. Dans la rue et ailleurs, nous ne nous cachons jamais, sauf au boulot.» Gaëlle, 22 ans: «Je parade parce qu'il y a trop de mépris de la part des hétéros. II faut se montrer pour que tous les jours nous ayons les mêmes droits et qu'on comprenne enfin que nous ne sommes pas différents. Sauf au lit.» Roger, 40 ans: «Je suis content que la médiatisation de l'événement soit plus importante que les autres années. Ça marque peut-être un tournant dans la compréhension des autres à notre égard.» Jean-Claude, 53 ans: «C'est positif que les gens laissent leur complexe pour une marche aussi fraternelle à un moment où on est trop agressif ou égoïste.» Daniel, 33 ans: «J'ai toujours "fait" toutes les Gay Pride et je suis satisfait que beaucoup de gens se soient décidés à descendre dans la rue. C'est la première fois que j'ai un tel sentiment de nombre.» Anne, 25 ans: «J'ai apprécié que ma grand-mère m'appelle pour me dire qu'elle était contente que je défile. Et je signale par ailleurs qu'il y a plus de jolies filles qu'au Crazy Horse.» Pascale, 32 ans: «Je suis fière d'être lesbienne et de lutter contre le sida. C'est très important pour moi. C'est comme ça qu'une communauté se crée. Ça réunit les pédés et les lesbiennes.» Benoît, 21 ans: «Ça me plaît de défiler parce que c'est vraiment le bordel. C'est un défilé complètement schizophrène. Ce qui montre bien qu'on ne pourra pas être récupéré aussi facilement.» François, 45 ans: «Act Up fait chier, ils ont complètement coupé en deux la marche avec leur sono monstrueuse. Mais en même temps, les gens du comité Lesbian and Gay Pride l'ont bien cherché avec leur caprice de s'approprier les termes fierté et gay et d'organiser des trucs ringards.» Joseph, 39 ans: «Je ne comprends pas qu'il y ait si peu de revendications politiques alors qu'on se fait toujours avoir là-dessus.» Florence, 16 ans: «On est nombreux mais c'est vraiment morne, on dirait un enterrement. Heureusement qu'il y a Act Up et sa musique.» Gilles, 46 ans: «Je suis fier de pouvoir montrer mes Kaposi. C'est peut-être ma dernière Gay Pride et c'est vraiment politique pour moi.» Jacques, 38 ans: «Je défile pour tous ceux qui ne peuvent plus être là et je peux vous dire qu'ils sont nombreux.» Arnaud, 26 ans: «Je hais les hétéros, c'est pas parce qu'ils sont majoritaires qu'ils doivent nous faire chier.» Sophie, 24 ans: «J'adore les pédés. J'aimerais bien être un mec pour me faire enculer.» Pierre, 27 ans: «Avant, j'étais une folle honteuse, maintenant je suis une folle furieuse.» Valérie, 32 ans: «Je défile parce que j'ai trop souffert quand j'étais petite de l'homophobie ambiante et que je ne voudrais pas qu'on me reproche de n'avoir rien fait. Mais c'est aussi pour rigoler, prendre du plaisir et trouver une fiancée.» Nathalie, 36 ans: «On dirait la Gay Pride de San Francisco dans les années 80, jeans, tee-shirt et cheveux courts. Y'a aucun débordement.» Joëlle, 38 ans: «La fin est toujours ratée, en eau de boudin. Mais pourquoi on ne se retrouve pas dans un parc comme à Londres et Amsterdam?».
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