Le site de l'écrivain Gay
 

Historique des Gay Pride Libération 26 juin 95

 



Née aux USA en 1970, la première Gay Pride parisienne eut lieu avant l'élection de François Mitterrand, le 4 avril 1981 et connut depuis une évolution en dents de scie tant au niveau de la mobilisation qu'au niveau des revendications. Le renouveau du dynamisme des associations gays et de lutte contre le sida lui apporte aujourd'hui un second souffle. New York, le 27 juin 1969 :une banale descente de police dans un bar gay de Greenwich Village, le Stonewall, tourne à l'émeute durant trois jours. Un nouvel esprit de résistance, comparable à celui des mouvements noirs, s'emparent des homos. Un an plus tard, cinq mille gay défilent pour commémorer l'anniversaire de Stonewall. On assiste à la naissance d'un mythe de la libération gay. Et dix ans plus tard, en 1979, ce sont entre trois cent mille et cinq cent mille homos qui défilent sur Washington. Depuis, ces parades réunissent jusqu'à un million de personnes tant à Washington qu'à New York et les maires de plusieurs grandes villes américaines défilent en tête des cortèges. Dès les années 70, les homos défilent à Paris dans les grands cortèges syndicaux du Premier mai. Le 4 avril 1981 (et non au mois de juin comme le veut la date anniversaire de Stonewall) à lieu à Paris le premier grand rassemblement homo. C'est en pleine campagne présidentielle que 10 000 gays et lesbiennes (chiffre officiel) défilent pour ce qu'on appellera plus tard la première journée de la fierté gay. Sans honte, l'homosexualité s'affiche pour la première fois au grand jour de Maubert à Beaubourg. Mais selon les commentateurs de l'époque, le défilé ne respire ni la fête ni la gaîté à outrance. Un meeting se tient sur le parvis de Beaubourg où partis politique et syndicats vont de leur déclaration. Le Cuarh (comité d'urgence anti-répression homosexuelle) exige la suppression du délit d'homosexualité sur mineur de 15-18 ans, et la dissolution du groupe de contrôle des homosexuels de la préfecture de police. Le soir, Juliette Gréco donne un récital au Palais de la Mutualité devant cinq mille personne. Les media se font discrets et parcimonieux. La télévision survol l'information : une minute pour France 2 et trente secondes pour TF1. Le 19 juin 1982, à l'initiative du Miel et du Cuarh, ce sont encore dix mille homos qui défilent pour une «affirmation homosexuelle», avec une forte participation des lesbiennes regroupés en un cortège distinct. Les slogans demandent l'accès aux media et l'autorisation d'émettre pour la radio Fréquence Gaie. La modification de l'article de loi sur l'âge de la majorité sexuelle ayant été rejeté au sénat, celle-ci est à nouveau placé au centre des revendication du Cuarh. Le soir, Marie-Paul Belle donne un récital. Dès 83, le militantisme gay s'essouffle, et simultanément apparaissent les premiers chars commerciaux gays. En l'absence de véritable revendications, la marche ressemble plus à une longue balade conviviale. Les années suivantes, les choses ne s'arrangent pas. La mobilisation est de moins en moins importante. La marche ressemble plus à une kermesse commerciale et, déjà, les associations, au lieu de s'unir, se livrent à d'obscurs luttes de pouvoirs qui ne font que desservir leur image et celle de la marche. Cependant, en 1987, nouveau succès de la Gay Pride, GP, qui se mobilise contre Le Pen. Harlem Désir défile avec les gays. Mais dès l'année suivante la GP redevient un carnaval multicolore rythmé par les sonos des établissements gays. La lutte contre le sida et la naissance d'Act Up Paris, redonne dès 1990, souffle et motivations au militantisme. Les slogans d'Act Up, les sifflets redynamisent la marche, créent un nouvel élan de solidarité et le die-in fait une forte impression. Aux bureaux annuels du comité d'organisation, plus ou moins formels, succède une association, le Collectif Gay Pride qui est sensé regroupé les différents acteurs de la vie gay (entreprises, associations homo et de lutte contre le sida). Dès 1991, la marche marque un certain réveil des gays et lesbiennes. Des slogans fusent contre le sénat qui révise le code pénal et veut rétablir la notion de délit d'homosexualité et élever au rang de délit la transmission du sida. En 1992, malgré la forte pluie, plus de 3000 gays défilent (2000 selon la police). Sur la banderole de tête, on peut lire : «les homos libres et égaux en droits». Mais rare sont les slogans sur le Contrat d'Union Civile. Les militants d'Act Up défilent en Pom Pom Girl et, pour la première fois, la Ligue des droits de l'homme se joint au cortège. Révolu est le temps ou SOS Racisme et des représentants du PS se joignaient au cortège. Les associations gays et de lutte contre le sida redonnent un nouveau souffle à la marche et la semaine qui la précède propose de plus en plus d'évènements. Et en 1994, Paris connait sa plus grande marche gay. 20 000 gays (8000 selon la police, 30 000 selon les organisateurs) défilent de République à Nation.

 

www.erikremes.net