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Cantate à la prostate : les bons voeux 94 du vieux. Gay Infos

 



François Mitterrand : «Je forme ce soir des voeux pour vous tous en m'adressant d'abord à ceux qui souffrent». Notre cher Président Mitterrand, a connu, durant deux septennats, la naissance du sida et sa propagation rapide. Il n'a quasiment jamais rien dit à ce sujet. Il n'a jamais rien fait. Ou si peu. Il restera pour nous le Roi fou et silencieux d'un virus qui rongeait la jeunesse de son pays. La nôtre aussi. Pourtant on l'aura aimé, notre Tonton, vénéré comme un Dieu même. «On vient et on part suivant les obligations de la loi, ou peut-être encore mieux, les obligations de l'espèce. On naît et on meurt». On aurait espéré de la part d'un homme si cultivé, d'un «Politique-Philosophe», une clairvoyance plus rapide, tout du moins théorique. Après tout, on n'est pas obligé d'avoir la prostate en bouillie d'avoine et d'être à un toucher rectal de la mort pour deviner qu'elle existe, la mort, et se poser les questions affairantes. On n'est pas, non plus, obligé de souffrir soi même pour comprendre et aider la douleurs des autres. (Tout comme on n'est pas obligé d'être séropo pour s'occuper du sida, nah!). Et si maintenant la mort le rattrape, il est trop tard pour lui, pour la France et pour nous. Nous aurons perdu près de quinze ans, deux septennats sida. Il n'a aucune excuse. Un seul discours de sa part sur le sida aurait eu, à lui seul, l'effet d'un Sidaction télévisé. Mais le premier des français n'aura même été le dernier à parler du sida. Et lors de sa présentation des voeux, lorsqu'il a parlé de «ceux qui souffrent», on aurai espéré un instant qu'il nomme notre souffrance. Le sida. Non. Nous n'aurons pas plus de pitié et de regret pour lui qu'il n'en aura eu pour nous.

 

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