Le site de l'écrivain Gay
 

Politique Fiction : Monsieur Pasqua s'énerve. Gay Infos

 



Hier, notre Premier Ministre, Charles Pasqua, s'est énervé. Maintenant qu'il a réglé, à grand coup médiatique, les problèmes de la sécurité et de l'immigration, ne voilà-t-y pas qu'il s'attaque aux moeurs dépravés et aux pédés. Qu'est-ce qu'il fait peur quand il se met à éructer, Chaaaarles. Ca a commencé dès la fin mai 95 avec la taxation à 50% des minitels roses. Comme ça, ces hypocrites n'ont même pas eu besoin de sortir «l'outrage aux bonnes moeurs» du nouveau Code pénal. La majorité des réseaux gays ont disparus en quelques mois. Le Groupe Gai Pied, qui n'a de groupe que la prétention et pas la production, n'a pas fait long feu non plus. De toute façon, ce n'est pas rose pour le reste de la presse gay. Censures, pressions, interdictions et procès pour «incitation à la débauche» en sont vite arrivés à bout. Enfin, il reste tout de même les fanzines trash qui sont à pisser de rire, très politiques. Pour baiser, c'est pas mieux. Bon ok, s'ils ont fermés quelques saunas trop voyants, ils n'ont pas osés s'attaquer à toutes les back-room. Mais on reste quand même la queue entre les jambes. Le nouveau Secrétariat d'Etat au contrôle de la Sexualité du Ministère de l'Intérieur, perfide, a recruté des folles de droite. Si si ça existe, c'est pas paradoxal, c'est consubstantiel. Dans chaque lieu de stupre, on trouve dorénavant un «ilotier de back-room» chargé de veiller à notre bonne sexualité protégée. Ca en excite certains ces nouveaux «kapos du ghetto», moi pas! Puis, il y a déjà eu plusieurs personnes emprisonnées pour «contamination active», la dernière trouvaille des nouveaux députés. Même dans les bars, ça devient franchement pénible. Passe encore le fait que le Marais soit entièrement équipé d'un système de vidéo-surveillance devant les établissement gays, les contrôles d'identité quasi-journalier et les fichages, ça devient franchement pénible. En plus, la fermeture des bars à 22 heures, c'est un peu frustrant. En plus, ils font tellement chier les dealers qu'on trouve que des mauvaises ecsta et "'n, acides. Il s'emmerdent, on peut même plus s'amuser en paix. Le plus rigolo, si l'on peut dire, c'est sur le front du sida. Un fois passé la courte pression associative de la campagne présidentielle, (qu'est-ce qu'il ne s'est pas pris sur la gueule ce pauvre Edouard), le soufflet est vite retombé. On se retrouve au point mort. Dans les ministères, tous les interlocuteurs ont changés, on ne sait plus à qui s'adresser et plus rien ne se fait. Les crédits sont suspendus et bon nombre d'assos ont du fermer boutique faute de trésorerie. C'est à peine si quelques archéo-tantes du sida sont encore là. De toutes façons, comme ils disent au ministère, «elles disparaîtront d'elles-même». Comme quoi, le sida ça peut avoir du bon. «Délit de contamination», «dépistage systématique de la population», "recensement et surveillance des séropositifs et sidéens", les députés et sénateurs sont tout de suite retombés dans leurs travers habituels, heureux de trouver enfin du répondant au gouvernement. C'est fou ce qu'on s'amuse à l'Assemblée Nationale. En plus, les associations familialistes ont réussi à censurer tous les messages de prévention. Alors, plus de pub pour les capotes parce que «ça incite à la débauche» qu'elles disent les mères Denis du zizi. Plus d'éducation sexuelle dans les lycées, etc, etc... Mais le plus amusant, c'est que paradoxalement le mouvement gay a retrouvé une vitalité qu'on croyait disparue depuis belle lurette. Le plus génial, c'est la nouvelle scène alternative, ces squattes gays dans les sous-terrain de Paris; ces labos d'ecstasy, ce centre Gay et Lesbien underground; ces manifs qui finissent à l'hôpital pour les militants du sida (maintenant, c'est enfin rentré dans les moeurs qu'on puisse tabasser des séropositifs hystériques). Bien longtemps après la création d'Act Up Paris, la France s'est enfin dotée d'une association activistes de lutte contre l'homophobie. A l'image des actions d'Out Rage à Londres, l'exagone a connu une belle vague de Outing. Ce groupe a dénoncé l'homosexualité cachée de très nombreuses personnalités gay des médias et de la politique, homophobes ou qui n'ont jamais rien fait pour la cause gay ou le sida. Qu'est-ce qu'on s'amuse! La scène gay alternative : Ca baise, ça boit, ça fume, ça s'encule, se fiste, ça se drogue, ça prend de l'ecstasie à tire l'arigo et fait tout ce qui est interdit. Il y a une énergie folle. Ca, c'est vivant. Grâce à Charles, on a retrouvé notre fierté gay, notre subversivité, notre violence. Merci Charles!

 

www.erikremes.net