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Qui aime bien châtre bien. Gay News Janvier 1993

 



Le nouveau catéchisme de l'Eglise catholique vient de sortir. Près de 700 pages qui prétendent édicter à cinq cent millions de catholiques l'intégralité des règles de bonnes conduites, du bien et du mal, du vrai et du faux. Un être libre, homosexuel ou non, catholique ou pas, qui lit ce livre, ne peut que s'interroger : c'est sa liberté et son être tout entier qui, dans ces dogmes, sont remis en question. La personne humaine est toute entière soumise à Dieu : "nous sommes les intendants et non les propriétaires de la vie que Dieu nous a confiée". Notre vie ne nous appartiendrait pas et nous serions donc sans libre-arbitre. En conséquence, le suicide et l'euthanasie sont "moralement irrecevables et contraires à l'amour de Dieu". Toutefois, des "troubles psychiques graves, l'angoisse ou la crainte de l'épreuve" peuvent diminuer la responsabilité du suicidaire. Le raisonnement catholique est simple et logique. le culte, quasi-païen de la famille, en est son fondement : "la famille est la cellule originelle de la société". "le mariage et la famille sont ordonnés aux bien des époux, à la procréation et à l'éducation des enfants". Tout ce qui fait offense à cette trinité, couple hétéro, procréation, enfants, bascule donc dans l'immoralité et le péché. Ainsi sont condamnés : l'avortement, la contraception et le divorce. "L'insimination et la fécondation artificielle, le don de sperme et le prêt d'utérus sont gravement déshonnêtes. Même au sein d'un couple, ces techniques restent moralement irrecevables et dissocient l'acte sexuel de l'acte procréateur". Au niveau de la contraception, seuls sont acceptées les méthodes dites "naturelles" : "continence périodique, recours aux périodes infécondes" au détriment des pilules contraceptives et surtout, des préservatifs. En pleine décennie sida, la foi catholique nous montre ici ses dangereuses limites. Le discours de l'Eglise sur la sexualité se résume à deux mots : "chasteté et procréation". la chasteté signifie "l'intégration réussie de la sexualité dans la personne". L'alternative est claire : ou l'homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elle et devient malheureux. les offenses à la chasteté sont nombreuses : la luxure qui "est un désir désordonnée et une jouissance déréglée du plaisir vénérien"; la masturbation "l'excitation volontaires des organes génitaux afin d'en retirer un plaisir vénérien" est une "acte intrinsèquement et gravement désordonné"; la pornographie "qui est une faute grave", ainsi que la prostitution qui "constitue un fléau social et un acte intrinsèquement mauvais". Le chapitre nous intéressant en premier chef s'inscrit dans le chapitre "vocation à la chasteté" et s'intitule "chasteté et homosexualité" : tout un programme! L'homosexualité est présentée comme "une dépravation grave, intrinsèquement désordonnée et contraire à la loi naturelle. Elle ferme l'acte sexuel au don de la vie. L'homosexualité ne procède pas d'une complémentarité affective et sexuelle véritable et ne saurait recevoir d'approbation en aucun cas". Mais rassurons-nous, le temps de la chasse aux sorcières est révolu et nous devons "être accueillis avec respect, compassion et délicatesse (sic). On évitera à leur égard toutes formes de discrimination injuste (et les discrimination justifiés, ndlr). Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté". Depuis le premier siècle, la ligne de conduite de l'église catholique est donc la même. Et, si l'église a senti le besoin de donner une nouvelle version du catéchisme (la précédente a été publiée en 1556), c'est moins pour adapter la doctrine chrétienne à la plus grande liberté des moeurs que pour ériger la table réactualisée des péchés. Rendez-vous dans quatre cents ans pour voir si la doctrine a enfin évolué.

 

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