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Homoparentalité

 



Homoparentalité. Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Blanche 2004

Être homo et vouloir un enfant ? Cela arrive. Parfois, un gay et une lesbienne font un enfant ensemble. Pour en parler, les parents et futurs parents homos se rencontrent au sein de l'Association des parents gay, l'APG. Des enfants y viennent aussi, avec leurs questions : « Il est gentil avec toi l'ami de ton père ? » L'APG, qui existe depuis 1986 et compte près de 1 800 membres, est « un lieu d'échanges, de confrontation d'expériences, de conseils et d'orientations vers des structures spécialisées ou juridiques », indique Philippe, son président. À l'APG, on rencontre des gays et des lesbiennes désirant ou ayant déjà un ou plusieurs enfants. Mais aussi ceux qui ont découvert leur homosexualité sur le tard après avoir été mariés et eu des enfants. Ou encore ceux qui la connaissaient avant mais ont préféré se marier. Il y a tout à inventer, pas de points de repère. Pour les hétéros, on a des exemples partout, commente Philippe. Quand on est homo, on se pose des tas de questions. On se demande si l'enfant va être heureux, si la société ne va pas lui mettre des bâtons dans les roues. Il faut gérer l'incompréhension des autres, voire leur agressivité. Pour Richard, 35 ans : l'important, c'est d'avoir un petit enfant. On pose souvent la question à un homo : pourquoi voulez-vous faire un enfant, alors qu'on ne la pose pas à un hétéro. Pourtant, c'est le même besoin de partager avec un tout-petit, de l'élever. Démarche rendue compliquée par le regard de la société : C'est à la limite de l'illégitime pour un gay, alors que l'on sait très bien qu'il y a des parents hétéros qui maltraitent leurs gamins. Pour une lesbienne aussi, avoir un enfant tient : du parcours du combattant. Nous sommes interdites d'accès au Cecos (banque de sperme) réservé aux couples légitimes frappés de stérilité, explique Brigitte. En effet, seuls de rares pays comme les Pays-Bas et la Belgique donnent aux lesbiennes l'accès à des centres de procréation pour près de 500 euros. Quelques gynécologues pratiquent également des inséminations artificielles dans leur cabinet. Côté adoption, tout comme pour les hétérosexuels, la procédure est longue, difficile et aléatoire. « Alors, confie Brigitte, la solution est souvent de rencontrer un gay désirant être père. » Trouver un partenaire n'est pas toujours facile : petites annonces dans la presse gay, rencontres amicales ou au sein de l'APG.

Il existe de très nombreux modèles de « familles gay ». Certaines femmes veulent élever leur enfant seules avec leur copine, d'autres non, préférant la présence, plus ou moins proche, du père. L'APG n'a pas tranché. Faut-il avoir une vraie cellule familiale avec un père et une mère ? Nous n'avons pas d'exemple idéal à donner mais plutôt une mosaïque de cas particuliers, dit Éric, l'un des membres. Une majorité d'entre nous pense qu'il faut les deux parents. Cela veut dire qu'ils vont devoir s'entendre pendant de nombreuses années, pour que l'enfant ne se retrouve pas confronté à une séparation. Autre débat très fréquent au sein de l'association : « Que dire à ses enfants ? » Là encore, les positions sont multiples. Certains restent dans le non-dit, voire dans le déni. D'autres s'interdisent toute vie sentimentale quand ils sont avec leur enfant pour ne pas provoquer de questions. Sophie, par exemple, menait une vrai vie de « nonne ». Elle créait une atmosphère très lourde pour l'enfant. Les discussions de groupe ont permis de dédramatiser la situation. D'autres, comme Gilbert, ont annoncé leur préférence sexuelle au « berceau ». Mes enfants savent. On en parle mais ce n'est pas un sujet obligé. Ce qui est important, c'est de ne pas se cacher. Jacques, lui, culpabilisait et avait peur que son fils pense être un accident de parcours. Qu'il imagine être une gêne pour moi alors que je l'avais réellement désiré. Je lui en ai parlé. Il a semblé surpris et m'a dit : "Mais qu'est-ce que tu vas chercher ? Tu es mon père. Ce qui m'importe, c'est que tu sois là quand j'ai besoin de toi et que tu m'aimes".

Marc et Sylvie, tous les deux la quarantaine et homosexuels, ont décidé d'avoir un enfant il y a quatre ans et demi. Ils ont une petite fille de 3 ans : Mathilde. « Confiance, vérité et fort modèle parental » sont les clefs de voûte de leur système éducatif. Ils se sont rencontrés par l'intermédiaire d'une petite annonce. Bien qu'homosexuels, ils étaient « taraudés » depuis longtemps par leur désir d'enfant. « Coup de foudre amical » dès la première rencontre. Marc et Sylvie se sont vus pendant plusieurs mois. « Nous voulons être clairs, ne pas mentir. Nous sommes à l'aise dans notre homosexualité. Sans honte. C'est la meilleure arme que nous pouvons donner à notre fille contre la bêtise des gens. Nous lui montrons que tout existe, renchérit Marc. Elle fera de sa vie ce qu'elle voudra. Hétéro ou homo, elle choisira en toute liberté. Nous voulons qu'elle ait une image forte de ses parents. Nous sommes restés très proches du modèle parental hétéro. Et pour nous, l'essentiel, c'est lorsqu'elle nous dit qu'elle est heureuse. »

 

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