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QUEER DE LA VISIBILITÉ GAY ET LESBIENNE
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QUEER : DE LA VISIBILITÉ GAY ET LESBIENNE Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Blanche 2004 Après l'homosexualisation du sida dans les années 1980, c'est à dire la stigmatisation des gays comme groupe à risque, l'image de l'homosexualité a connu, à la fin du xxe siècle, de profonds bouleversements. Le mouvement gay et lesbien, dès les années 1970, a balisé le terrain de la « libération homosexuelle ». Le terme Queer, signifiant le mot bizarre pour définir l'état d'esprit gay, déjà présent aux USA depuis les années quatre-vingt avec les Gay Studies, est devenu une mode en France à la fin des années quatre-vingt-dix. Queer : différent et pas pareil. Phénomène médiatique aidant, depuis la fin des années quatre-vingt-dix et notamment grâce au Pacs, de nombreux journaux, firent leur couverture sur le mouvement Queer. Petit à petit, « l'autre », la différence, commençaient à être accepter, voir attirants. L'altérité devenant même synonyme de force et de supériorité. Les hétéros, à l'image du footballeur Fabien Barthez, commencèrent à singer cette mode. S'habillant et se comportant comme des gays (cheveux ras, petit bouc et tutti quanti). Car les gays, sont, paraît-il, des prescripteurs de mode. Les boys band ont popularisés l'iconographie gay. Le look clubber repris par la jeune génération hétéro : treillis, caleçons Calvin Klein qui dépassent du pantalon, chemise de lycra, pull pompier ou marin, à col en V et patati et patata. L'intégration des gays passe donc aujourd'hui par l'homosexualisation du look hétéro. Fini la « Cage au folle » caricaturale. De nos jours, on pourrait dire que ce sont les gays qui apprennent aux hétéros ce que doit être un homme. Visibilité que l'on rencontre également dans de nombreux films grands publics et série télévisées comportant un ou plusieurs personnage gay ou lesbien. La France et sa communauté gay semble moins hésiter entre une « politique des identités » à l'américaine, donc des minorités revendicatives, et une citoyenneté toute républicaine, de l'intégration indifférenciée. Par leur ampleur, les événements médiatiques gays - Festival de films, Université d'été, colloques et autres gay studies, et surtout le débat national sur le Pacs - ont une dimension culturelle, politique et sociale importante : cette possibilité prise pour les homos de créer leurs propres images et représentations est un pas certain dans l'affirmation de soi et dans la lutte contre l'homophobie. Toutes créations, étant constitutives d'identités individuelles comme collectives. Dans nos sociétés occidentales, à la culture essentiellement hétérosexiste, cette visibilité permet aux homosexuels de prendre conscience de l'existence d'autres semblables. Car du modèle parental jusqu'à la moindre médiatisation du couple, l'enfant puis l'adolescent ne se voit proposer qu'un seul modèle : le modèle hétérosexuel. Tout autre représentation étant négative, discréditée, répulsive. « Sale pédé » entend-on, auquel répond l'inconcevable « sale hétéro ». Le passage à l'acte homosexuel est lui aussi problématique s'il est vécu, ce qui est fréquent, de manière honteuse. On imagine facilement les répercutions de cette autocensure à l'heure du sida... Comment assumer une sexualité protégée par préservatif, lorsque l'on n'assume pas sa sexualité et son homo et bisexualité ? Le sida a donc renforcé ce besoin de visibilité des minorités dans la lutte contre la maladie. Comme l'annonçait l'éditorial du programme du Festival du film gay et lesbien de Paris : les luttes contre le sexisme, l'homophobie et contre toutes les formes de racismes et d'exclusions sont des questions centrales. En France, où l'on confond si facilement intégration et uniformisation, la culture dominante s'impose, en niant, les particularismes qui l'ont généré. Nous en faisons chaque jour l'expérience dans la lutte contre le sida. Le silence et l'exclusion sont au moins aussi pénibles et peuvent être plus ravageurs que la maladie elle-même. Après le cinéma, la télévision et tous les médias ne devraient-ils pas aussi modifier leur programmation et leur ligne éditoriale pour l'adapter à cette maladie ? Les médias et leurs images, quels qu'ils soient, sont tous responsables vis-à-vis du sida. Les médias n'ont-ils pas une mission pédagogique ? Dira-t-on un jour qu'ils sont aussi coupables de ne pas avoir pris leurs responsabilités ?
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