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Comment parler de sexe ?

 



COMMENT PARLER DE SEXE

Dans nos sociétés, la sexualité relève du non-dit, du non verbalisé. On ne met pas de mot sur elle, on en parle peu, ni ne la commente. Pourtant, le sexe devrait être un sujet de conversation comme un autre. La sexualité doit être le langage de l’ensemble du corps, de tous les organes et de tous les sens. De nombreux problèmes sexuels ou de couples se ramènent à un seul fait : au moins un des deux partenaires n'a pas intégré que la sexualité est communication. N'importe quelle sorte de communication : monologue ou dialogue ; expression d'amour, passion, détresse, estime, reconnaissance, encouragement, besoin, dépendance ; questionner, répondre, interdire quelque chose, apprendre, rassurer, identifier ; définir les rapports entre les personnes, la position de chacun ; raconter une histoire ou voyager ensemble.

La sexualité est un outil de liberté. Certains pratiquent la sexualité avec une seule personne, parce qu'ils ont appris à la connaître. C'est avec elle qu'ils construiront un univers de dialogues, de sentiments et d'entraide. D’autres, stakhanovistes phallo-rectaux, collectionneront les rencontres et multiplierons les passes. À chacun de choisir sa voix dans le respect de lui-même et des autres. Lorsqu'on devient adulte, la sensualité cesse d'être spontané. L'adulte est obligé de penser sa sensualité, la planifier, la gérer comme on gère une entreprise. Au début d'une rencontre, la communication est spontanée. Mais après quelque temps, c'est aux deux protagonistes qu'il appartient de maintenir ce processus. Ils doivent continuer la construction de leur couple, de façon lucide et concertée. Sinon, la communication s'estompera, ainsi que le plaisir que l'on en retire, et ce sera la mort du couple. C'est tous les jours qu'on devrait dire à son partenaire qu'on l'aime, qu’on l’adore et qu’on l’adule.

Nos corps communique malgré nous. Les futurs amants qui discutent entre eux ne se rendent pas compte que leurs corps dialoguent déjà. Lorsque le corps parle, notre raison n'a que peu d'autorité sur les effets de la communication : nos sens sont connectés directement au système limbique du cerveau, siège des émotions. Ils passent outre les garde-fous de la conscience. Notre système éducatif occidental s’attelle, dès notre plus tendre enfance, à détruire cette formidable machine à émotions. Il faut se défaire des carcans religieux et moraux qui engendrent culpabilité et frustration dans notre sexualité pour retrouver des émotions originelles et pures.

Négotiation.

Le phallus n’est pas le seul outil de communication du mâle. Pas plus que l’agressivité ou les scènes de ménage. Sans tomber dans le spiritualisme ou le tantrisme, une attitude mentale positive est primordiale . Il est recommandé d'être au calme, de se parler longuement. La négociation est un préalable souvent indispensable au sexe. Les partenaires se confient des choses, se font des reproches s'il y a lieu. Ils se regardent. Chacun doit se rendre compte de qui est l'autre, se laisser remplir par l’âme de l'autre. Car avant de « faire l’amour à un trou ou à un phallus », on parle avec une âme. La sexualité est l’interpénétration de deux âmes.

Parler avec les mots et le corps.

Il ne faut pas hésiter à expliciter verbalement ce que l'on exprime par des caresses. Les femmes, surtout, sont très sensibles à cela. Les hommes, s’ils font l’effort de se dégrossir en travaillant sur eux-mêmes sont aussi capables d’être sensuels, oui-oui.

Érotisme et frustration.

Dans nos sociétés de consommation où tout s’achète et tout se vend, on à tendance à croire que le sexe est un produit courant. Pourtant, rien ne vaut mieux pour maintenir son excitation qu’une certaine dose de frustration. L’orgasme et l’éjaculation ne devraient pas être forcément le but en soi d’un rapport. Savoir retarder où éviter l’orgasme peut être un exercice de frustration très enrichissant. Cela peut aider les partenaires à se concentrer sur l’essence même de la relation, la développer et la prolonger au maximum. La communication devient ainsi communion.

La communication se définit généralement par l’intention de transmette un message à quelqu’un. Il s’agit donc de traduire son intention en un message clair destiné à celui qui doit le recevoir. Le message peut être verbal (des sons, des mots) ou non verbal (gestes, caresses, actions). Le récepteur doit non seulement recevoir le message mais aussi le comprendre et l’interpréter. Or, bien des problèmes peuvent perturber ce processus en apparence si simple. L’émetteur du message peut ne pas arriver à traduire ce qu’il veut signifier. Les bons mots ne sont pas trouvés. Même si le message a bien été exprimé, il se peut qu’il y ait alors difficulté de transmission de sorte qu’il ne soit pas reçu ou reçu incomplètement. Le récepteur peut également ne pas être prêt à recevoir un tel message. Pour envoyer des messages clairs, il faut donc s’efforcer d’exprimer au mieux ce que l’on veut dire et d’envoyer des messages précis.

La communication doit être bidirectionnelle.

On ne doit pas réduire l’autre à l’état de chose qui devrait réagir aux stimulus comme une chienne pavlovien. La mémoire peut aussi tuer la libido. Il ne faut pas chercher à revivre des émotions passées. Il s’agit de se défaire des sensations de la petite enfance : vaste programme. Le langage du corps peut aussi être dangereux. Le regard d’une personnalité forte peut ébranler une personne faible. Il faut aussi, parfois, apprendre à refuser une communication dangereuse, se fermer, se protéger. Inversement, une personne immature ou faible avec qui quelqu'un refuse de communiquer pourra devenir violente.

L'amour ne devrait pas être un combat entre deux personnes.

Il est préférable de construire une entité autre, supérieure aux deux partenaires ; une unité propre à l’intérieur de laquelle chacun peut s’assumer pleinement, être lui-même sans affrontements. La communication sert à harmoniser les envies des individus, les rendre compatibles entre elles. Un individu seul se doit également de communiquer avec lui-même pour harmoniser entre eux ses propres désirs, se rendre compte de leur existence et apprendre à agir en fonction ; ne pas se frustrer. Ainsi, le sujet se découvre et se construit. Le même processus a lieu au sein d'un couple : la communication permet une réunion des désirs des deux partenaires, la construction d'une nature unique et bicéphale. L'énergie au sein d'une telle entité est supérieure à l'énergie d'un individu seul.

Pour communiquer, il s’agit de se défaire de nos modes de penser habituels, nos fantômes. Évitez d’être moqueur pour se défendre par peur ; ne pas être parano et chercher la faute chez l’autre ; ne pas chercher le partenaire idéal qui n’existera jamais ; tenter de se défaire des rôles et névroses habituelles de soumission et domination ; ne pas prendre l’autre, le jeter puis le reprendre dans un mouvement permanent ; ne pas reproduire inlassablement les mêmes schémas névrotiques. Et patati et patata. Là encore, vaste programme ! Programme de toute une vie même. Une psychothérapie, d’inspiration psychanalytique ou pas, pourra parfois s’avérer indispensable et salvatrice.

 

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