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une sexualité basée sur l'interdit

 



Une sexualité basée sur l’interdit

Très jeune, on enseigne aux enfants que l’on conditionne littéralement à l’hétérosexualité les valeurs à suivre. Les bases de la pédagogie sexuelle occidental étant le fameux « ne fais pas ci, ne fais pas ça et patati et patata » se déclinant en multiples variantes prohibitrices dont « ne touches pas ton zizi », « ne mets pas tes doigts dans le nez », « ne touches pas tes petits camarades », et j’en passe et des meilleures. Notre éducation sexuelle (encore faut-il qu’elle existe), repose sur l’hétérocentrisme, l’interdiction et la rétention du plaisir. C’est donc, pourrait-on dire, une sexualité en puissance, une toute virtuelle en somme, oui-oui. Ainsi, aux petits garçons on dit qu’il ne « faut pas toucher son zizi, que ce n’est pas bien du tout », ou encore, « que c’est très-très mal », « qu’il ne faut pas s’habiller en fille » ni « fricoter avec ses copains ». Si aujourd’hui la masturbation n’est plus « un péché qui rend sourd », elle reste toutefois connotée péjorativement. Elle n’est pas quelque chose de simple et normal. Quand à l’homosexualité, même si elle de mieux en mieux accepté par la société, sa sexualité reste encore tabou.

Ce qui est au centre des relations sexuelles, ce sont les codes entretenus éternellement par la tradition et la morale judéo-chrétienne. La jouissance comme telle est muette. Si quelques personnes libérés communiquent facilement au sujet de leurs préférences sexuelles, la plupart, apparemment, s’enferme encore trop souvent dans un mutisme stérile. Pourtant, le sexe devrait être verbalisé.

Apprendre à faire l’amour

La capacité sexuelle de chaque gay est, à priori, infinie. Encore faut-il la développer en pratiquant des positions diverses et variées, sources d’excitation et de plaisirs nouveaux. Le sexologue, Gilbert Tordjman (« profession sexologue » (Plon)) déclare « qu’apprendre à faire l’amour est une nécessité. On a longtemps prétendu qu’apprendre à faire l’amour était une aberration. C’était risqué de chasser la spontanéité, le sens ludique et l’expression de sa propre fantaisie. Quinze années d’expérience nous ont montré que la nature et l’instinct avaient besoin de cours du soir ». Pour une vie sexuelle réussie, il s’agit donc avant tout de cultiver sa sensualité. Pour cela, apprendre à reconnaître et développer toutes nos sensations. Prendre du plaisir à toucher l’autre; ressentir du plaisir d’être touché ; se laisser aller au plaisir sans éprouver ni anxiété ni culpabilité. Une relation entre deux personnes devrait être basée sur le respect, la confiance, la complicité et, bien sur, l’amour. Un travail au long cour, d’une vie entière même…

Et nos amis les hétéros ?

Les hétéros peuvent également, parfois, faire de fantaisie érotique. Ces personnes là ont aussi parfois des curiosités. L'acte sexuel chez les hétéros ne se réduit pas comme voudrait nous faire croire leur propagande nataliste, au simple coït vaginal et reproducteur, non-non. Il existe chez ces gens-là, qu'il faut respecter, aimer et accueillir avec respect et tolérance, nombre d'actes d'approches préliminaires. Ce qui prouve bien, oui-oui, que ce ne sont pas seulement des bêtes veules vouées à la seule reproduction de l'espèce et qu'ils font même preuve d'une toute relative intelligence sexuelle. Ils connaissent même les caresses génitales, oui-oui, les excitations oro-génitales, les relations anales et patati et patata. Mais hommes et femmes apprécient-ils de la même manière ces pratiques dissidentes anti-procréatrices ? Faute de dialogue dans l'expérience hétérote, des tranchés se creusent dans lits conjugaux.

Certains hommes supposent que leur partenaire apprécie le même genre de stimulation qu'eux. On les voit donc branler énergiquement le clito de leur femme comme s'il s'agissait de leur verge et, inversement, des femmes caresser mollement, du bout des doigts, le pénis de leur homme de peur de leur faire mal. Les hétéros ont donc des idées erronées sur ce qui pourrait ou non exciter leur partenaire. Ainsi Marie, 76 ans confie : « pendant les premières années de notre mariage, mon mari n'avait aucun doigté, aucune éducation sexuelle. Il ne me touchait jamais la moumounette, c'est juste s'il me foutait un peu de salive avant de me farcir la tomate. Avec le temps, il a réalisé que j'existais. Tout récemment, pour l'anniversaire de mes 75 ans, il m'a même brouté la pompounette ».

L'hétérosexualité, littéralement cette sexualité de l'altérité, de la différence de soi, joue d'abord sur cette ignorance : chaque partenaire ne connaît strictement rien au corps en face du sien et imagine ses sensations d'après les siennes. Autant coucher avec l'extra-terrestre de Roswell ! Beaucoup d'hommes croient bien faire en introduisant farouchement un ou plusieurs doigts, voire même la main entière, dans le vagin de leur compagne. Pourtant, peu de femmes trouvent cela très excitant. Ainsi, Aleth confesse : « avant de m'épingler la tirelire, il faut toujours que Charles-Arthur, mon mari, me dilate sauvagement la rondelle avec sa main. Il rentre directement trois ou quatre doigts. Alors bien sûr, je crie de douleur et ce crétin croit que cela me fait jouir. Pourtant, après vingt-sept ans de mariage, il pourrait savoir ce que j'aime. Ensuite, il me fout entièrement sa grosse main de maçon dans la chatte. Alors, quand il me baise, bien sûr, même avec son gros machin, je ne sens plus rien ».

Ce dont se plaignent les hommes, c'est de l'indifférence de la femme pour leur verge : quand elle touche ma grosse pine, confie Roberto, vendeur de bonbon, j'ai l'impression qu'elle fait sa broderie. Moi, j'aimerais bien qu'elle me la secoue vigoureusement ma nouille. Et les attouchements du scrotum dont les hommes sont si friands ? Pourtant, quoi de plus délicieux qu'une léchouille en règle des bouboules et de l'entre-jambes. Que tchi ! Ce qui est au centre des relations hétérosexuelles, ce sont les codes entretenus éternellement par la tradition et la morale judéo-chrétienne. La jouissance comme telle est muette. Si les peuvent parfoids gays communiquer facilement au sujet de leurs préférences sexuelles, les hétéros, apparemment, s'enferment encore trop souvent dans un mutisme stérile. À une constipation chronique du logos. « Ce dont je rêve, s'aventure Sandrine, physio, c'est que mon mari me viole ! Mais tu imagines, s'il apprenait que pour jouir je fantasme sur trois voyous qui me sodomisent et me frappent, il n'en banderait plus pendant vingt ans ! »

 

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