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PRÉLUDES ET POSTLUDES

 



PRELUDES ET POSTLUDES

La sensualité, l’art du plaisir des sens et de la volupté, est plus ou moins présente selon les individus. Souvent réprimée par l’éducation et inhibée par les préjugés, elle doit être travaillée mentalement et développée. Il s’agit en fait de cultiver sa sensualité et sa sexualité, de les muscler. Il est capital de préparer le corps avant tout rapport.

En pratique : « Il faut que je vous raconte un truc. Hier, je me suis fait un plan minitel, un mec bien, vraiment pas mal, bien foutu, bien monté, enfin tout pour plaire quoi. Mais alors, quel mauvais coup, terrible ! Le mec, il n’arrêtait pas de se regarder dans les glaces autour du lit, de s’admirer. N’importe quoi. En fait, le mec ne savait pas se donner. Il faisait l’amour pour lui-même, avec lui-même, je n’existais pas, on ne se rencontrait pas. Il faisait l’amour pour se prouver qu’il vivait. L’autre n’avait aucun intérêt. Aucune tendresse, aucun don de soi. Cela me fait penser que, parfois, Jean-Paul agi de la sorte. Sans rien donner. Comme si je faisais l’amour à un étranger. Comme si je faisais l’amour avec l’autre personne dans sa tête. Jean-Paul non plus ne sait pas encore bien se donner. Heureusement, il change peu à peu, évolue, grandi, devient plus clair vis-à-vis de son homosexualité, de ses désirs. Parfois, il est tant en rétention que j’ai l’impression de baiser un client. C’est curieux comme impression. Je lui donne beaucoup, m’occupe de lui, le masse, le chouchoute. Jean-Paul, parfois, me donne peu. Mais je l’aime, c’est ainsi, comme cela. Pourquoi ai-je besoin d’aimer ce type là ? Pour souffrir ? Pourquoi ne puis-je pas le quitter alors qu’il est tant sources d’angoisses et de crises ?

Avec le mec, on a quand même fait l’amour, je me suis occupé de lui. J’ai l’habitude de m’occuper des autres et qu’on ne s’occupe pas de moi. Je suis le maître des amours. Pas une caresse de sa part, pas un mot tendre, uniquement de la rétention. J’ai accéléré le processus, je l’ai vite fait jouir. Après, il s’est rétracté, encore plus enfermé, puis il a fumé une cigarette. Moi j’aurais préféré qu’il parte comme il était venu, c’est-à-dire sans rien donner, sans laisser de trace, sans exister. Beaucoup d’hommes, lorsqu’ils ont joui, redeviennent des monstres. Ce mec était déjà un autiste du cul avant de jouir. Après, il n’existait même plus, son image s’effaçait à mesure que son sperme devenait transparent. Et c’est là qu’il a commencé à caresser ma petite chatte Milou, calmement, avec affection, longuement. Cela m’a énervé :

-On a baisé pendant une demie-heure, tu ne m’as pas touché, rien donné et maintenant, c’est ma chatte que tu caresses. Un conseil, deviens zoophile ou casse-toi sur le champ.

Le mec est parti. ».

Extrait du Maitre des amours, , Balland, 2000.

La sensualité, l’art du plaisir des sens, est plus ou moins présente selon les individus. Souvent réprimée par l’éducation et inhibée par les préjugés, elle doit être travaillée mentalement et développée. Il s’agit en fait de cultiver sa sensualité, de la muscler. Il est capital de préparer le corps avant tout rapport. « J’en ai marre de mon mari, il ne pense qu’à me mettre sauvagement avec sa petite queue, il rugit, hennit puis glousse et me blanchit la rondelle de sa purée de carotte. C’est ennuyeux et pas jouissif du tout ». Les préludes sexuels sont un ensemble de gestes sensuels qui provoquent des sensations épicuriennes et préparent le corps aux rapports sexuels endiablés et à leur plaine réussite, oui-oui. On ne leur consacre jamais assez de temps.

Notre sexe-culture parfois consummériste préfère souvent les rapports expéditifs, les plans cul à la va que je te pousse. Selon le rapport Simon (Rapport sur les comportements sexuels des français, Paris, Julliard et Charron, 1972. Le rapport Spira, plus récent, ne prenait pas en compte ces questions.), le prélude dure moins de 5 minutes dans 16 % des cas, 5 à 9 minutes dans 27 % des cas, 15 à 17 minutes dans 9 % des cas, environ 30 minutes dans 3 % des cas. On peut parler de fast-sexe, sur place ou à emporter : « un long burger s’il vous plaît, bien baveux (plus c’est long, plus c’est bon) ». Il est vrai que dans certaines back-room, les préludes sexuels se résument à l’unique dégraffage de la braguette. « Bonjour-bonsoir, on s’appelle et on se fait une bouffe ». Encore faut-il avoir échangé ses numéros de téléphone et même, avoir donné son prénom.

Il n’existe pas de règles établies d’un bon prélude au plan cul. Imagination et tendresse en sont les baveuses mamelles. Avant un plan boutique mon cul, il est très agréable de prendre un bain et de laver son partenaire. Le simple toucher et les caresses tendres devraient précéder tous rapports (mis à part dans la plans hards ou sont justement recherché l’impulsivité animale : « retournes toi salope, je vais te défoncer le cul. ». « Oh oui ! »). Commencez par passer vos mains doucement sur le dos de votre lover, le haut du derrière, jusqu’à la nuque. Ne commencez pas tout de suite directement sur la queue, la chatte, le cul ou les seins. Pendant ce temps, vous pouvez aussi embrasser le cou, déambuler jusqu'à sa bouche, selon vos fantaisies. Vous pouvez aussi passer le bout de votre langue sur la peau tendre du cou. Lors d’un rapport, on est aussi là pour satisfaire ses instincts, même et surtout les plus vils et inavouables.

Chassons donc la honte et le dégoût qui peut siéger au plus profond de nous. Ils ne sont souvent que les images inversées et refoulées du désir et de la pulsion. Des images contraires et polluantes engendrées par notre éducation et notre moral. On ne le répètera jamais assez. Camarades et travailleurs du cul, nous devons nous libérer du joug de l’opresseur hétérorriste.

Une sexualité gourmande, ludique et imaginative. Baiser profond à pleine bouche, mordillage des oreilles, du cou, des seins, bouffage de cul, de la pine et patati et patata. Pincements des tétons, titillement de la langue, aspiration avec la bouche. Cannibalisme érotique, parcours de tout le corps avec la bouche, arrêt sur les zones sensibles : nuque, intérieur des cuisses, scrotum, sexe, nombril, seins, aisselles ; caresses, effleurements avec les mains, le bout des doigts ou les ongles.

Les jeux du corps sont infinis et touti quanti ! La sexualité doit être gourmande, ludique et imaginative. C’est ainsi le meilleur moyen de découvrir ses zones érogènes et celles de son ou ses partenaires. Il ne faut donc pas hésiter à visiter son corps et celui des autres. Grâce aux mains, média principal de la sexualité, explorez une à une toutes les parties, points sensibles. Touchez un à un tous les centimètres carrés de peau. Appuyez graduellement, de l’effleurage à la pression violente. On fera attention à ce sujet de bien entretenir ces mains par des crèmes hydratantes et un limage des ongles consciencieux. Pendant qu’on y est, on n’hésitera pas, une fois par jour après la douche de s’enduire le corps de lait hydratant. Il est toujours plus agréable de se faire caresser ou de caresser un corps soyeux plutôt qu’une bure.

Symphonie pour le corps.

Excusez mon lyrisme, mais tel un artiste, composez de vos mains une symphonie pour le corps et l’anus. Celui-ci devint instrument de musique des sens, piano de chair, oui-oui. Enchaînez les mouvements d’accalmies et d’emportements. Jouez, jouissez du corps de l’autre. Le corps à son langage et chaque mouvement est un message. L’amour et la sexualité n’échappent pas à cette libidinale chorégraphie. Aucun mot n’est forcément nécessaire pour exprimer son désir, sa passion, son affection ou sa répulsion. Gestes, signes et mimiques participent d’un langage du corps. Chacun doit alors développer son vocabulaire, en étudier la grammaire et composer de belles et érotiques phrases.

Communiquer avec son corps.

Quand on parle de cul, on occulte souvent l'importance du toucher et des caresses. C'est pourtant un moyen parfait pour communiquer la tendresse, l'amour, la chaleur, son besoin d'intimité, de rapprochement et patati et patata. De plus, le toucher est non seulement un moyen de communiquer quelque chose, c'est une forme de communication en soi. Dans nos sociétés, pour lesquelles la sexualité est encore dévouée à la procréation, on oublie souvent que le sexe ne se résume pas aux seules pénétrations et autres orgasmes fertilisants. Il existe une multitude d'autres pratiques dont la sensualité et le toucher.

Souvent les paires d’amants, au début de leur relation, vont se toucher et se caresser fréquemment et longuement. Ils consacrent du temps et de l'énergie pour la sensualité. Ils apprennent à mieux se connaître et à s'apprécier. Cependant, quand le couple est plus établie et que la période des premières rencontres s'éloigne, il est fréquent qu'il se produise de moins en moins de caresses pour le seul plaisir des caresses. Et même, il est possible que les caresses deviennent de plus en plus limitées durant les relations sexuelles pour finalement ne rester que la pénétration.

Mais la sensualité est aussi importante en dehors de la sexualité, oui-oui ! Car on confond souvent sexualité et sensualité. Dans nos sociétés, on a appris que le toucher n'est possible, ou acceptable, que s'il y a une relation sexuelle. Et que s'il n'y a pas de relation sexuelle, ça ne sert à rien de se toucher. De même, si on se touche, si on se caresse, on a l'impression qu'il faut absolument que ça se termine par un va-au-cul. Sinon c'est incomplet, il manque quelque chose. Pour certains couples, le toucher est devenu tellement lié au sexe, que l'on va s'empêcher d'avoir des touchers sensuels, de se toucher l'un et l'autre, si on n'est pas sûr à 100% que ça se terminera par une bonne bourre. Dans nos sociétés, hélas, les rares moments de contacts physiques entre individus, même affectueux, relèvent souvent des plans cul. On ne s’autorise à toucher l’autre que lors d’un rapport sexuel. Dans nos sociétés, capitalistes et peu humaines, le corps n’a plus de place. Les relations aux autres sont trop souvent hiérarchisées en rapports de force ou seul compte le pouvoir que l’on peut prendre sur l’autre : pouvoir financier, hiérarchique, amoureux, moral ou sexuel. Dans la vie de tous les jours on ne se touche plus. Notre corps n’est parfois plus qu’un ridicule objet sexuel dont le seul but est la pénétration. Et encore pas toujours. Pour certains le corps n’existe pas, n’existe plus, n’a jamais existé.

Les hommes aussi !

Les hommes aussi ont besoin de préliminaires, oui-oui. Nous ne sommes pas de vulgaires machines à bander et à jouir, non-non. Il peut être savoureux de commencer par un bon massage du dos. Votre mâle soumis est couché sur le ventre, vous l'enjambez en vous asseyant sur ses fesses. C’est très confortable et pneumatique. Débuter par de savoureuses caresses en passant malicieusement votre langue dans l'oreille et en lui mordillant plus ou moins doucement le lobe. Il devrait déjà onduler de la croupe et commencer à ércucter diverses onomatopés. Descendez doucement avec votre langue vers son cou, sa nuque et continuez votre chemin le long de sa colonne vertébrale jusqu'au bas du dos et sa vicieuse tirelire. Votre gros macho, devrait commencer à ronronner et gémir telle une cybercochonne de l’espace, en rut cette fois-ci. Si, à ce moment là, le poulet n’est pas encore cuit et bien grillé, arrivez aux fesses, léchouillez-lui sa rondelle et commencez à dévorer le croupion. Cela marche quasiment à tous les coups, oui-oui.

Postlude : « après va-va, on fait chill out ». Les préludes ne doivent pas faire oublier l’importance des postludes : l’ensemble des caresses que l’on se donne après l’apogée orgasmique. Quelques mecs souvent males dégrossis, n’envisagent comme postlude que celui de fumer une cigarette ou de se laver la queue. On se demande bien d’ailleurs ce que faisaient les gens après l'amour, avant l'invention de la cigarette. Pourtant, ce moment de détente totale et d’harmonie ressentie après l’orgasme est un instant privilégié de don et d’amour, oui-oui. En effet, les caresses sont alors totalement gratuites et désintéressées et l’on sait que l’on a pas affaire au stratagème cynique d’une cybercochonne en mal de rut.

 

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