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SCATophilie, plan scat En pratique
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En pratique. « Je suis dans la voiture avec mon Thierry. Il m’a proposé de partir à Hiendhowen pour une soirée scat. Pardon ? Oui-oui, une soirée scato dit mon Thierry hilare ! On vient de passer la frontière. Tu sais mon Thierry adoré que j’aime, j’ai beau être excité par les choses extrêmes, subversives et violentes, j’ai beau être de moins en moins coincé, les plans scats ça m’a toujours dégoûté. Un peu de merde sur la queue pendant que je te récure le Téflon d’accord mais alors une soirée entière dans une fosse à purin, et bien pas trop. Tiens regarde Berlinou comme le flyer de la soirée est drôle, me répondit Thierry en me tendant alors un carton sur lequel était marqué « Scratch and Sniff ». Tandis que je grattais, la voiture se remplie d’une odeur pestilentielle qui fit mégachié de rire Thierry. Quel gros con dès fois. Mais Tintounet, toi qui es tellement provocateur, ces pratiques sont aussi une manière de franchir tes limites. C’est une forme de Liberté, une transgression des interdits. Avant de tout rejeter en bloc, demande-toi plutôt quelles Libertés ces mecs ont pris vis-à-vis d’eux même ? Peut-être Thierry, mais la merde ça ne va jamais me faire bander et l’odeur, ça me révulse. Je n’ai vraiment pas envie de passer une soirée entière dans la litière avec ma chatte Milou. Moules frites chez Léon à Bruxelles et mousse au chocolat prémonitoire. Fais-moi plaisir Tintounet, essayons. Tu sais, cette pratique est un cheminement à travers ses fantasmes, une découverte et une recherche au long court de son Désir et de ses capacités. Il faut être mur intellectuellement et sexuellement pour en arriver là. Tu sais, pour beaucoup de gens on ne peut pas parler de maturité sexuelle. La plupart sont encore verts ou alors même pas germé. La sexualité est une graine que le temps et l’Amour font pousser. Elle peut devenir superbement grande et belle. Mon Thierrounet, t’es un vrai poète de water-closet, tu devrais travailler à Projet X ou à Démonia ! Enfin tu vas me dire, moi c’est pareil, les pétasses Prout-Prout Banana-caca, ça m’empêche de bander. En fait, être cacaphile, c’est l’interdit de la mère qui dit, touches pas à ton caca c’est sale ou alors t’es un sale gosse, tu as encore fait caca dans ta culotte. Bon c’est sur pioupiou, quand j’y pense, quand je te ramone la pompounette, ton caca ne me dérange pas du tout, au contraire, c’est tout à toi quoi. Puis moi qui n’arrête pas de bouffer mes crottes de nez, en fait je suis un petit cochon scato. Tout à fait Berlinou, tu n’es qu’une CyberCochonne de l’espace. C’est un fantasme de collège. Pas mal de scats que je connais sont des fils uniques ou qui ont été excessivement maternés. Même adulte, le lien à la mère reste très fort. Et bien Thierry après le concept de mère castratrice, on pourrait parler de mère cacastratrice, ah ! ah !, si maman nous entendait… Tu as raison mon cochon ! Sans faire de psycacanalyse à trois rouleaux de PQ, la scatophilie est une pratique perverse parce que non lié au coït. C’est un acte centré au niveau de l’Objet au sens analytique du terme. Dans le développement, la merde est le premier moyen de concevoir l’Objet. Il est lié à la question fondamentale : qu’est-ce qui est à moi et qu’est-ce qui n’est pas à moi ? La merde est un Objet partiel susceptible de s’en aller de mon corps. La merde, les parents connaissent bien ça, est le premier cadeau. En psychanalyse, la merde, l’argent ou les cadeaux, c’est la même chose. Un scato est donc une personne dont la question tourne autour de l’objet. C’est un grand fantasme de fusion avec l’autre. Oh oui-oui Thierry, fusionnons ! Hiendhowen. On arrive dans le bar, oulala, ça pue je ne vous dis pas. Je ne me sens pas bien et vais me réfugier aux chiottes pour reprendre mes esprits. Mais là, c’est encore pire, oulala, il n’y a pas de WC mais des chiottes humaines, avec du caca partout-partout : un coprographe talentueux décore les toilettes de beaux et poétiques pictogrammes, un maître initie son esclave à la coprophagie en lui faisant nettoyer une chaise percée, comme celles du BHV médical : et que ça reluise grosse fiente, hurle-t-il dans la réverbération moite des toilettes, célèbre ma merde et fait lui l’Amour, mange cette merde par Amour pour moi. Oulala ! Les mecs défilent et s’exonèrent sur la gueule du soumis. Raffinement suprême, le cunilinctus, pour nettoyer les derrières. Ouaaaaaah, c’est dégouttant criais-je en Français dans le texte dans la réverbération subitement très-très moite des tartissoirs. Alors, je ressors vite des Tinettes ouvertes aux vents de tous rectums pour retrouver mon Thierry. J’attends avant d’entrer dans le manège. Je suis serré contre mon grand et sécurisant mari au comptoir, comme une petite fille pré-pubère terrorisée, à boire bière sur bière : après tout, si je n’ai pas envie de chier, rien ne m’empêche de pisser, ah ! ah ! Outre la bière et l’alcool, le beau et grand barman qui a plein de décalcomanies de Malabar sur le visage, à moins que ce ne soit des vrais tatouages, oulala, propose un certain nombre de cocktails succulents parait-il. Celui au lavement est de loin le plus couru, normal vous allez me dire dans une soirée scat. Avec quatre options de base au choix : eau, bière, vin ou même pipi. Le Golden cocktail, comme son nom l’indique, est lui élaboré à base de pipi. À déguster directement à la source à un quelconque robinet d’Amour ou, plus chic encore, dans une Rangers ! D’ailleurs, un maître d’hôtel en chap’s de latex propose sur un plateau d’argent des capotes gonflées de Golden Champagne à tous les invités. Le cocktail à base de Sang et de sperme est quand à lui réservé aux plus radicaux da la bande, tandis qu’un petit panneau, comme celui des paquets de cigarette, met en garde sur ces effets sur la santé. Dans ma tête, tout cela m’intrigue de plus en plus. Plusieurs mecs dont mes copains parisiens Ralf et Billy ont apporté en camionette une bonne quantité de merde dans une bassine, préparant leur trip bien à l’avance, très fin de siècle quoi. Les deux gamins jubilent déjà à l’idée de s’en peindre le corps et de jouer avec. Aimables, ils me proposent gentiment une bonne grosse ligne de Special KK. Thierry qui me voit tout coincé -ce n’est pas mon genre pourtant- décide de s’occuper de mon cul et m’amène sur le sling au milieu de la cour de récré. Le vilain coquin ! Avec le buvard d’acide et le Spécial K, les murs de l’arène vacillent, se fleurissent de mille couleurs et le caca devient pâte à modeler colorée pendant la cour de travaux manuels. Tout ça commence même à me faire beaucoup rire. J’ai l’impression de régresser, d’être dans une cours d’école remplie de boue, de jouer comme un enfant sous la pluie, devenir un animal, une bête, intellectuellement, c’est passionnant. Et surtout tellement subversif. Donc vraiment drôle. Tu sais Tintinou, les mecs qui sont ici ont sacrément préparés leur plan. Pour arriver à une consistance de caca idéal, il faut manger des fibres, des légumes, de la purée, histoire d’avoir une merde bien ferme et consistante. Hum ! Tu m’ouvres l’appétit Thierry. Ce vilain garçon a maintenant sa grosse pelle dans mon seau et danse dans la salle de bal de mon château de sable. Je braille comme une cybercochonne de l’espace devant le pistolet électrique de l’abattoir du Grand Tout. Thierry m’a demandé de ne pas me laver l’entrée des artistes, question de circonstances, pour être totalement en phase avec nos amis disait-il. Nos nouveaux copains nous regardent attentivement. Et Thierry y va fort de son solide avant-bras, rentrant une à une ses mains dans un mouvement puissant de va et vient. Oui ! Vas-y fait Tam-Tam dans mon cul. Je rugis d’extase. Thierry devient Homme-tronc. Il vole, emporté par son armure de vent. De ses mains de tempête, Il fouille mes entrailles, poings butoirs, bras terreux. Allongé, la truffe piochée, fébrile et tendue, je deviens mécanique ardente, paillasse à hommes soûls. Alors on joue dans le foutre et la merde. L’odeur puissante nous entoure : juste une fragrance qui nous dit ce qu’on est. Mon Thierry m’excite de plus en plus. Les déjections, plus de problème. Je l’aime, il me plaît, son sperme, sa pisse ou sa merde, c’est la même chose : c’est lui, cela fait partie de lui, ça lui appartient. Thierry a maintenant allumé l’ampoule rectale et atteint le colon tout illuminé. Il avance encore. L’avant bras est presque rentré jusqu’au coude, il commence à me masser la rate. Regarde Berlinou, je branlotte ton aorte descendante, je sens battre ton cœur. De l’intérieur de mon corps, Thierry agite ses doigts, mon ventre se gonfle et se distend alors. Putain Thierry, je suis totalement rempli, j’ai l’impression d’accoucher. Je t’aime mon bébé. Tout autour de nous, les hommes marrons se roulent dans la boue et les selles, nus, se battent, couverts d’une croûte sèche. Des enfants qui jouent avant la Loi. Sans âge. Trop jeune pour comprendre, trop vieux pour juger. Au bout d’une heure, ma moule de Bouzigues beuglant Ave Maria sur le Troca avec les Trois ténors, Thierry se retire. Alors, je marche fier et droit, l’ampoule rectale encore toute incandescente, précédé de mon Désir dressé, vers un destin force vital. Je regarde de haut la Morale à mes pieds. Je la déteste, la souille, lui pisse à la raie, l’entache et la contamine. Crachant bière et foutre au buste défait de sa vérité. Thierry me parle et m’embrasse tout en faisant lécher ses avant-bras merdeux à nos nouveaux amis. Je regarde Thierry abasourdi : Mais voyons Mon Chéri ! Tu sais bien que nos amis n’aiment pas les friandises. Mais si-mais si mon Grand Dingo c’est l’expression du bon goût qui charme tous nos invités. Thierry et moi on était parti dans un tel délire coprolalique que j’en eu un orgasme spontané tel un curé après confess. Tu sais Tintounet, la société s’évertue à refouler sa merde et ses rejets. Notre volonté de jeunes enfants pouvait-elle s’exprimer sous le poids des interdits ? Qu’a-t-il fallu pour qu’on devienne propre ? Ces interdits se traduisent le plus souvent par une répulsion violente face à la merde comme celle que tu présentes. Mais ce rejet est aussi une forme de dénégation d’un Désir que tu ne voudrais en aucun cas délivrer et ramener à ta conscience. C’est la répulsion comme image inversée d’un Désir. Cela vaut pour beaucoup de choses d’ailleurs ! Thierry mon chouchou, tu intellectualises trop, vat donc sucer un coup pour te détendre le percolateur. Le buvard fait pleinement son effet, mais, c’est super chouette, il n’y a pas de salade verte du tout du tout. Avec le temps, l’odeur n’est même plus un problème. Maintenant, je suis complètement décoincé, le caca sent même le Shalimar de ma maman. Je suis la Toute Avide de voir ce qui se passe. De retour au comptoir avec la chatte qui baille, Thierry et moi, tel Ken et Barbie, on discute avec nos nouveaux amis : bonjour je m’appelle BarbiPouffe et toiiiii ? Veux-tu faire un tour dans mon gros Van ? Je te présente mon ami Ken qui a un gros kiki comme mon poney. Dans un recoin du bar, je découvre le coin cuisine de la Caca party. Jean-Paul, le maître queux lyonnais, prépare un gratin de quenelles au caca de derrière ses fagots, il est pas mal d’ailleurs ce Jean-Paul avec son tablier et ses bas résilles, je me le ferais bien. Les quenelles au caca sont amoureusement pochées dans l’urine des convives, c’est drôle non ? La sauce est un bloubliboulga très-très sophistiqué à base de merde, de mollards et de pisse, voici le temps des rires et des champs. Bloubliboulga amoureusement touillé d’un geste ample de balai à chiottes. Jean-Paul en sert des plâtrés à vous en faire chier la colonne de Vendôme. Rayon dessert, il décore les bûches humaines avec une seringue à mousse à Chantilly remplie de caca. Et pour ceux qui n’aiment pas, on a aussi droit à des éclairs au chocolat fourrés au caca ! Le choix quoi ! Il y a même des crêpes à la diarrhée ! On a aussi pensé à nos amis les bêtes pour les cacas canins ! Top Moto crotte je vous dis ! Un maître en a servi une pleine écuelle à son esclave, à quatre pattes et avec un collier de chien… Très chic ! Le plus drôle des convives, c’est encore ce grand mec piercé recouvert de tatouages et folle comme une vache anglaise et qui va d’invité en invité, une assiette pleine à la main : Goûtez à ces délicieux grains de maïs, je les ai mangés pour vous ce matin. Très réception de l’Ambassadeur tout ca, hein ? ». Extrait de Je bande donc je suis, , Balland 1999.
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