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Piercing :le prince Albert

 



L’EXEMPLE DU PRINCE ALBERT

Le phallus comme œuvre d’art.

« Quelle est la partie la moins sensible du pénis ? », « L’homme », aha ! Malgré les prétendus progrès de notre humanité, le mâle hétérocentré se réduit encore souvent à son seul sexe. Ce « phallus sur patte » (comme disent les gentilles féministes) qu’est l’homme oublie souvent qu’il possède également un corps, un anus très jouissif, une prostate orgasmique et d’autres zones érogènes comme les seins ou le scrotum. Mais également un cerveau et une sensibilité. Le Prince Albert, par la symbolisation et le second degré apporte une distanciation à la primitivité des mâles. Le phallus n’est pas que ce bout mou de chair (et tant convoité), il devient aussi, par l’esthétique et les sensations provoqués une oeuvre d’art vivante. Un phallus travaillé, décoré, réapproprié. Un sexe dompté. Une image flamboyante, piercée, tatouée : une carapace pour se protéger, sexe d'adulte et d'enfant. Un sexe marqué, tatoué, piercé pour se défendre d’un monde trop dur et violent. Un sexe parfois séropositif déjà dépouille bientôt cadavre, aliéné à son être, à sa vie et à la mort. Sexe impatient, objet de tant d’attentions.

Le Prince Albert est un Piercing génital de l’urètre. Il est posé à la base du gland, sur la face inférieure. Les bijoux sont généralement en forme d’anneau (circular bar bell : demi-anneau terminé à chaque extrémité par une boule), de barre ou de L. Il peut causer une miction à jet aspergant parfois gênante ou drôle... A l’époque victorienne, cet « anneau de soirée » permettait d’attacher le sexe le long de la jambe grâce à un ruban. Ceci pour éviter qu’il ne soit trop voyant dans des pantalons moulants. Le Prince Albert en partait un, raconte la légende, qui lui permettait de garder le gland hygiéniquement décalotté.

Le Piercing génital se pratique soit avec des forceps pour maintenir les tissus en place, soit à la main levée (freehand). Pour un piercing du scrotum ou un Frenum par exemple (piercing sur la face postérieure du pénis, derrière le gland), on marque des points et applique les forceps. On perce ensuite en s’aidant d’un bouchon de liège. Pour un piercing free hand, on aligne les points et on perce en prenant appui sur ses propres doigts. En général, la cicatrisation d’un piercing pénien demande quatre à six semaines. Un Prince Albert lui, un mois ou deux. Tant qu’elle n’est pas terminée, tous rapports sexuels, même oraux, doivent êtres protégés avec vous savez quoi et patati et patata. « Est-ce que ça fait mal ? ». Oui mais très peu de temps et peu de pierceur pratique une anesthésie. Cette douleur est indissociable du rite initiatique.

Notre époque de représentation redonne enfin au corps, à la sexualité et à ses organes toute sa place. Longtemps ignoré, voir méprisé dans une perspective d'opposition à l'esprit, le corps et le phallus recouvrent aujourd'hui leur suprématie. Au « je pense donc je suis » caractérisant la pompeuse prétention de l’humain à vouloir tout maîtriser, s’oppose le « j’ai un corps donc je suis ». Avec un Prince Albert le Cogito se transcende en « J’ai un phallus donc je suis ». Car si l’homme est un « animal qui pense » (quoi que pas toujours..), il n’en reste pas moins un animal, proche de la bestialité. Il désire se libérer de son « humanité », d'où l'intérêt constant pour tout ce qui touche à son apparence et à sa bonne santé. Le corps et le sexe redeviennent medium d'expression et relationnel. Nous assistons aujourd'hui à son émancipation, sa libération. Dans cette hypothèse, il traduiraient un nouveau mécanisme d'expression de l'identité des individus passant par la verbalisation et la symbolisation du signe. Avec le Prince Albert, c’est le phallus qui s’incarne en œuvre d’art.

 

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