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Homosexualité et parentalité mon fils est homo

 



Homosexualité et parentalité, mon fils est homo Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Blanche 2004

« Contact », une association au service des parents d'enfants homosexuels. Pas évident d'apprendre que son fils ou sa fille est homo. Contact est la première association de parents d'enfants gays français. Son but est de « conduire les homosexuels, leur famille à comprendre et à accepter l'homosexualité ». Dans un salon d'un hôtel parisien, une trentaine de personnes discutent de l'homosexualité de leur enfant par peur d'affronter les remarques de la famille, des amis ou des collègues, certaines en parlent pour la première fois. Elles sont là pour ça. Réunies à l'initiative de l'association Contact, animées par des hétéros. Pour leur apprendre à comprendre et à accepter.

Pierre a du mal à exprimer les impressions qui l'ont traversé le jour où il a découvert que sa fille était lesbienne. C'était, dit-il, un mélange de sentiments. Comme la plupart des parents qui font appel à l'association, il a d'abord ressenti de la tristesse. J'ai pensé que la vie allait être difficile pour elle. Puis de la colère : je me suis demandé pourquoi elle «nous avait fait ça. J'étais très agressif avec elle, très tendu. Avec le temps, je me suis calmé et j'ai eu envie de l'aider. Pierre a décidé d'en savoir plus sur l'homosexualité. Sa fille lui a donné le numéro de téléphone de l'association. « Souvent les parents sont choqués ; il est utile qu'ils discutent avec d'autres qui ont vécu et dépassé ces situations », explique Josette, animatrice d'une permanence téléphonique et trésorière de l'association. Les gays eux-mêmes acceptent difficilement ce qu'ils sont. Pour certains, cela aboutit à de l'homophobie intériorisée. Même ceux qui se sont acceptés doivent lutter contre les discriminations

Comme l'indique une des brochures de l'association, « la plupart des individus, au sein d'autres groupes méprisés comme les juifs, grandissent dans des familles qui ont déjà l'expérience des discriminations. Ces familles ont développé des moyens de soutien mutuels et apprennent à leurs enfants, pratiquement depuis la petite enfance, comment faire face à leur différence ». Les jeunes gays et lesbiennes, commente Dominique, à l'origine de Contact, « n'ont pas un soutien familial ou communautaire, leur familles étant souvent le reflet de l'hostilité du reste de la société ». Bien des parents réagissent à la « nouvelle » comme une perte temporaire, presque un deuil. Pour Josette, « les réactions émotionnelles prédominent sur la compréhension. La famille doit passer par plusieurs étapes : choc, déni, reproche, culpabilité, honte, questionnement et enfin, on l'espère, compréhension et acceptation ». La dénégation est un moyen de se protéger d'une nouvelle trop douloureuse ou dangereuse. Elle peut prendre plusieurs formes : l'hostilité : « il n'y aura pas de pédé dans ma famille ! » L'inattention de ceux qui auraient préféré ne pas savoir : « très bien mon chéri, tu reprendras bien de la tarte ? » Le rejet : « c'est juste une étape, ça te passera », ou encore : « fous le camp de la maison, je ne veux plus jamais te voir ». Même si les parents n'abordent pas souvent clairement le sujet, le sida est présent dans leur esprit.

Pour Dominique, « le mythe erroné "pédé = sida" continue à faire des ravages ». Contact les aide à surmonter leurs peurs. Comme elle tente de lever les blocages dus aux croyances religieuses selon lesquelles l'homosexualité est un péché. Corinne, mère d'un garçon de vingt ans, a d'abord ressenti un sentiment très fort de culpabilité et d'échec. « Je me demandais quelles erreurs nous avions faites moi et mon mari. Nous avons traversé une crise ». Les mêmes questions reviennent éternellement : « l'ai-je trop couvé (version maternelle) ou ai-je été trop absent (version paternelle). »

 

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