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POUR EN FINIR AVEC LA DICHOTOMIE ACTIF-PASSIF

 



POUR EN FINIR AVEC LA DICHOTOMIE ACTIF-PASSIF Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Edition Blanche

La représentation de soi ne peut se faire en dehors du sexe auquel nous appartenons. L'être humain est une abstraction, seuls existent des hommes et des femmes. Plus encore, on ne naît pas homme ou femme, on le devient 4. Cela impliquant un long processus d'imitation, d'éducation, d'apprentissage, de conditionnement et patati et patata dans la formation de l'identité sexuelle. L'identité se modèle à partir des représentations intériorisées, des attentes des autres sur la façon dont l'individu doit penser et se comporter comme être sexué. La différenciation sexuelle est une injonction sociale. Elle existe partout dans le monde. Dans presque tous les cas, elle implique une domination des femmes par les hommes, des homos par les hétéros, et des pénétrés par les pénétrants. Historiquement, la sexualité a été l'expression du pouvoir des hommes sur les femmes, des forts sur les faibles, des hétéros sur les homos. Or, on ne peut plus aujourd'hui, continuer à envisager la sexualité d'un point de vue exclusivement masculin, actif et pénétrant. Il faut arriver à créer un espace physique et psychique pour les sexualités féminines et la féminisation des hommes.

On associe toujours à tort l'activité à la masculinité et la passivité avec la féminité. C'est une des conséquences de notre éducation hétérosexiste. Généralement, on attribue à un caractère psychologique une identité masculine ou féminine. On parle d'une attitude virile ou d'un comportement féminin ou passif. Victimes de l'archéo-dichotomie masculin/féminin on utilise le mot « viril » dans le sens d'actif et le mot « féminin » dans le sens de passif. Dichotomie que l'on retrouve déjà dans les cellules sexuelles originelles. Le spermatozoïde étant mobile, « actif » et se déplaçant frénétiquement vers l'élément féminin, l'ovule, qui lui est immobile et « passif ». Comportement des cellules sexuelles élémentaires que le mâle adulte reproduit en pourchassant la femelle afin de la soumettre à son désir et la pénétrer. L'humain serait-il stupidement victime de la dictature comportementale de ses gamètes ? La masculinité serait alors ici liée au seul caractère de l'agressivité 5. Depuis des millions d'années, le bon gros mâle dominant chasse la femelle avant de la saillir. Un homme « fait l'amour » à une femme, il la « baise ». Mais, pourquoi ne pourrait-on pas dire plus souvent, depuis le temps que nous sommes sorti de l'animalité (enfin quoi que...), qu'une femme « fait l'amour » à son mec ou qu'elle « baise son mari ».

La pornographie 6 conditionne énormément notre imaginaire sexuel. L'homme, forcément actif, y est présenté toujours comme reproduisant systématiquement le même schéma réducteur. On se croirait au zoo : baiser prolongé (ou pas), caresses génitales, érection, contacts oraux génitaux, coït vaginal (pornographie hétéro) ou anal (porno hétéro/homo), avec éventuellement double pénétration, menant au but suprême, l'éjaculation-orgasme perçus comme une fin en soi. Dans nos sociétés occidentales, on ne peut hélas envisager de sexualité sans orgasmes ni éjaculations. Qui plus est, aussi bien dans la pornographie que dans de nombreux traités sur la sexualité, affectivité et sexualité sont totalement dissociées. Il est rare en effet, dans les représentations de la pornographie d'assister à des moments de tendresse et d'affection.

Pour les sexologues Master et Johnson 7 : Beaucoup de stéréotypes sur la sexualité ont pour base des hypothèses concernant la nature de la masculinité et de la féminité. ; il est difficile de proposer une définition de ces deux termes. En un sens, les expressions « un homme viril », et une « femme féminine » désignent des personnes attirantes pour le sexe opposé ; c'est ce que rappelle constamment la publicité pour les vêtements et les produits de beauté. Par ailleurs, masculinité et féminité désignent la façon dont l'individu colle à l'image que la société se fait de lui. Le rôle attribué à chacun des sexes a, dans la plupart des sociétés, une grande influence sur les attitudes et le comportement sexuels. On croit aussi que les caractéristiques de l'homme consistent à assumer le rôle actif, alors que la femme est passive. Chacun de ces stéréotypes possède des conséquences sur le comportement : en général, les hommes essayent d'être à la hauteur des croyances populaires, et les femmes acceptent d'être traitées - sur le plan sexuel - comme des citoyennes de seconde classe. Les femmes devraient donc être soumises et laisser les hommes prendre l'initiative des relations, imposer le rythme et la fréquence et stopper l'action en éjaculant. Bien heureusement, ces schémas archaïques ont évolué ces dernières décennies. Master et Johnson l'ont remarqué dès les années 1980 : Notre impression, tirée de milliers d'interview, de sondages et de cas cliniques, est que maintenant beaucoup de femmes jouent un rôle plus actif dans les relations sexuelles en général, et dans le coït en particulier. Elles sont maintenant moins soumises aux vieux stéréotypes sur le rôle des sexes.

 

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