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L'injure fondamentale : « Espèce d'enculé ! »

 



L'injure fondamentale : « Espèce d'enculé ! » Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Blanche 2004

L'injure fondamentale. « Espèce d'enculé ! » Oui, et alors ? Quel mal y a-t-il à se faire du bien à se faire empapaouter ? Au top ten des insultes le « sale enculé » rivalise avec le non moins subtile « sale PD » que suivent les poétiques et distinguées « nique ta mère » et « fils de pute ». Chacun ses fantasmes. Si l'injure reflète bien l'esprit frustré de nos sociétés débilitantes, elles ne doivent pas nous faire oublier qu'avant d'être des prétendues offenses (« enculé », « pédé »), elles n'en sont pas moins source de plaisir. L'insulte serait alors l'image d'un désir refoulé. C'est ce que nous dit le psychANALyste Didier Dumas6 : « l'anus est la frontière de l'externe. Il gouverne les sorties. Il est plus difficile de le concevoir comme un organe de communication affective et sexuelle. Cela s'entend pourtant chaque fois que deux automobilistes se prennent à partie. À un « je t'encule » répond généralement un «, je t'emmerde » et vice-versa. « Emmerder », « faire chier » quelqu'un, s'est envahir les frontières de son espace propre. Lorsqu'ils mettent en jeu l'anus, les fantasmes érotiques concernent aussi les frontières psychiques de la personne. L'anus étant, dans l'image de son corps, le seul endroit par lequel il puisse imaginer se faire pénétrer, c'est un orifice qui évoque surtout à l'homme une forme imparfaite de la féminité ». C'est un peu comme pour les casseurs de pédé, un bon coup de bite là où je pense, ça les calmerait. Les gays et les cybercochonnes sont les mieux placés pour le savoir : se faire bourrer le caisson, c'est le pied. Le divin anus solaire et le lieu de plaisir multiple : annulingus, god, sodo, fist et j'en passe et des patata. Tout est bon dans le fion du cochon. Bien plus richement innervé que le vagin, doté d'une prostate orgasmique (équivalent masculin du point G voir même « clitoris masculin »), l'anus et l'analité sont des dimensions essentielles de la sexualité humaine. Les femmes sont clitoridiennes avant tout, puis vaginale et anale. Les hommes sont d'abord phallique, mais n'oublions pas la pataphysique fulgurante du derrière. L'homme est aussi anal et prostatique. Oui, le trou du cul est aussi important que les organes sexuels primaires. Il devrait être élevé au nirvana nanaire de nos jouissances flamboyantes. Oui !, les voies du seigneur sont pénétrables. Alors, « sale enculé ! » oh, oui, encore !

 

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