Le site de l'écrivain Gay
 

interview par Christophoe Lucquin

 



Erik Rémès Érik Rémès est né en 1964. Il est écrivain, sexologue et ancien journaliste à Libération et Gai Pied, Titulaire de maîtrises en psychologie et en philosophie. Il a publié sept ouvrages dont Le Maître des amours (Balland 2000), Serial fucker, Journal d’un barebaker (Blanche 2002), Guide du sexe gay (Blanche, 2003), Sexe guide (Blanche, 2004), Osez les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme (La Musardine, 2005), Kannibal (Blanche, 2007), Osez les massages érotiques à paraître à La Musardine en 2012. Vous pouvez visiter son site internet www.erikremes.net Entretien Que penses-tu du livre numérique ? C’est l’avenir forcément, mais qui tarde à advenir. Je lis dorénavant uniquement sur iPad et c’est formidable. Le livre numérique, c’est aussi le piratage généralisé et l’effondrement à venir du monde de l’édition. Le déclin de la littérature ? Pourquoi écris-tu ? C’est tout simplement ma raison d’être avec l’amour, mon but sur terre. Je suis un travailleur des mots, un artisan, un poète. D’où t’est venue l’idée d’écrire ce roman ? J’ai été frappé par ce fait divers sanglant du Rapt et du crime d’Ilan Halimi par le Gang des Barbares de Youssouf Fofana. J’ai tout de suite voulu écrire cette autofiction du Barbare. Je l’ai commencé en 2007, écrit plusieurs versions. Alors que j’ai déjà publié sept livres, aucune maison d’édition ne voulait le prendre. LC Éditions a été la seule à avoir ce courage. Même si j’ai transformé le crime antisémite en crime homophobe, les éditeurs avaient peur du lobby juif. Pour eux, on ne pouvait donner la parole au Barbare, c’était immonde. Ce livre est donc immonde, violent, dérangeant, scandaleux. Existe-t-il un monde « gay » ? Si oui, en fais-tu partie ? Une communauté gay, oui, dont je fais partie intégrante. Même si je suis à l’écart, à la marge. Je suis un écrivain underground, je dis ce qui ne doit pas se dire. Je suis le morpion hystérique de la littérature. Que penses-tu des gays ? Un peu trop normalisants à mon goût et hygiénistes. Il manque un peu de subversion et de créativité à tout ça. Comment perçois-tu le communautarisme ? Une nécessité pour lutter contre l’oppresseur hétéroriste et la norme en général. Que penses-tu de notre pays aujourd’hui ? La France est un pays en déclin tout comme le modèle capitaliste occidental. C’est bientôt fini tout ça, cette prétention, du balai. Est-on responsable de soi-même ? Faut-il compter sur les autres ? On est responsable de soi et des autres qui nous entourent. Mais comme le dit Angot, « il n’y a ni morale ni responsabilité en littérature ». On y est libre de tout dire. C’est un droit et un devoir. Tu habites Paris, peux-tu nous en dire un peu plus sur ta vie ? Depuis 2007, je vis six mois par an à Paris et six mois à Gran Canaria dans un spot gay, Playa del Ingles. C’est le paradis, il fait beau et chaud à longueur d’année. Qu’aimes-tu faire en général ? J’adore surfer sur internet, y lire la presse. Voir des films, m’occuper de mon mari, faire du sport et bien profiter des plaisirs de la vie. Raconte-nous un jour dans ta vie ? Je me lève à cinq heures du matin pour écrire. Vers 7 h 30 je prépare le déjeuner de mon mari. Nous allons à la gym à 9 h 30. Après nous allons dans un ressort gay autour d’une piscine ou à la plage. J’y travaille avec mon iPad. Je sors très peu la nuit, les tentations y sont dangereuses pour moi. J’ai plutôt une vie fitness avec quelques excès de temps en temps. Qu’aimes-tu le plus au monde ? Mon mari et sa gentillesse. Qu’est-ce qui te fait le plus peur ? La maladie, la vieillesse et mourir As-tu des secrets ? Pourrais-tu en partager un avec nous ? Oui, je ne suis pas du tout ce que je montre ou représente. Je suis par exemple un garçon très romantique et sensible, j’ai une âme d’artiste. As-tu des projets de roman ? Je travaille sur une autofiction centrée sur le sexe puis à un roman sur l’enfance. Mais aussi des livres de sexologies, mon autre passion. Qu’aimerais-tu faire ? Écrire de grands romans difficiles, mais lus par le plus grand nombre. Qu’est ce que tu aurais aimé être ? Un grand écrivain reconnu ! Mais je vis très bien avec moi même comme ça. C’est quoi la mort pour toi ? Le clap de fin. Te fait-elle peur ? Surtout la vieillesse et perdre mes proches. Et pour toi, l’amour, c’est quoi ? L’essentiel.

 

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