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Interview Garcon Magazine Serial fucker

 



Interview Garcon Magazine

Erick Rémès : Présumé coupable ?

Le nouveau livre d’Erick Rémès, intitulé Sérial Fucker est sorti. Il traite du « bareback », avec lucidité, et remet les gays (et les hétéros) face à leurs responsabilités. D’accord, pas d’accord, là n’est pas le problème… Le bareback existe bel et bien, et Rémès en parle avec honnêteté et avec franchise. Ca, on ne peut pas ne pas lui accorder ces qualités… A lire avec prudence avant d’en parler. Questions brûlantes à un homme libre, avant qu’il ne soit la cible de toutes les haines !

Erik, parle-nous de Sérial Fucker, sous-titré « Journal d’un barebacker ».

Serial fucker est un roman noir, cynique, violent, drôle, politique et sexuel. Ce n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains. C’est un ovni littéraire, dont le héros, BerlinTintin, est un antéchrist. Ce livre provoque des réactions fortes. Il questionne, émeut, énerve, agace, fait rire, révolte. C’est un manège de la foire du Trône qui vous envoie en l’air, vous fait gerber, hurler, rire et pleurer. On n’en ressort pas indemne. C’est un roman facile à lire, à la construction surprenante et au style original. Une succession de paragraphes courts, disjoints dans le temps et l'espace à l’image de notre époque « frappadingue ». Il comporte une alternance de vécus directs et indirects, d'extraits de documents, de récits, de dialogues, de réflexions, de commentaires, dans un rythme effréné mêlant journal des années bareback et dossier journalistique sur un des phénomènes marquant du début du troisième millénaire. C’est un roman violent à la sexualité débridée. Je n’ai pas cherché à être provoquant. Ce sont les autres qui ne peuvent entendre la vérité !

Le thème du barenack, la façon dont tu en parles et la position que tu défends vont t’attirer les foudres de beaucoup de monde ? Pourquoi est-ce si crucial pour toi d’en faire état ?

C’est une problématique formidable. Elle touche à l’amour, à la vie et la mort, au sexe, au désir, au respect de soi, des autres, et à l’étique. On vit dans un monde de mensonges et de silences. Toute mon oeuvre tourne autour de cela : « l’obligation de vérité ». Le silence tue, la vérité libère, de la honte notamment. Serial fucker va faire l’effet d’une bombe dans la communauté gay. Il suffit de voir comment l’équipe de de Têtu a réagi : ils intentent un procès à mon éditeur et à moi-même, et ont demandé de couper ou modifier certains passages ! C’est de la censure pure et simple. Encore une fois, ne s’adresse t’on pas à des adultes libres et responsables ? Je suis contre toute censure et pour la liberté totale d’expression. J’ai envie d’appuyer là ou ça fait mal, aller ou l’on nous interdit d’aller. Je veux pouvoir dire la vérité librement. Briser les tabous, l’hypocrisie et les icônes !

Pourquoi ce besoin d’écrire sur des thèmes toujours polémiques ?

Comme pour tout artiste, l’expression, par la peinture et surtout l’écriture, est indispensable à mon équilibre et à ma survie. Je suis un poète « trash » et radical. Un philosophe (c’est ma formation avec celle de psychologue) qui remet les choses en question, éclaire ce qui est dans l’ombre ou caché, dit l’innommable et l’indicible. Je questionne les tabous et je suis iconoclaste. J’en avais marre qu’on traite les barebackers d’irresponsables (comme le fait Act Up), d’assassins et de criminels. Il fallait répondre à toute cette connerie et cette hypocrisie. Je voulais aussi lutter contre cette homosexualité intégrationniste, hygiéniste et normative. Bien sur que nous devons avoir les mêmes droit que les hétéros, mais ce n’est pas pour ça qu’il faut être aussi cons, débiles et normaux qu’eux. L’homosexualité doit rester subversive et créatrice !

D’un plaidoyer pour une liberté fondamentale, qui est celle de disposer de son corps, tu en arrives à faire l’apologie du crime, quand tu parles des barebakers dont l’unique objectif est de contaminer les militants d’Act Up ? On a l’impression que cette liberté dont tu parles est spoliée par la barbarie ?

Je pense que plusieurs personnes ne pourront pas terminer ce livre, trop dur, trop noir, trop fort. Les lecteurs sont libres. Non, simplement c'est un ouvrage qui est proche de la folie et qui « part en couille » à plusieurs reprises. BerlinTintin (le héros) est vraiment « borderline ». J’ai voulu traduire et montrer la barbarie : les rapports humains sont souvent des relations de haine et de destruction. Le titre de ce livre est aussi « Serial fucker », pour faire référence à « serial killer »... C’est un livre organique, vivant, haineux, monstrueux, inacceptable et dangereux !

Vous pouvez réagir et visiter le site d’Erik Rémès sur

erik@erikremes.net

http://www.erikremes.net

 

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