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Critique Illico Serial fucker

 



Critique Illico

On a toujours le même problème avec les livres d'Erik Rémès : on voit bien ce qui ne va pas (les tics d'écriture, les facilités, le côté foutraque et mal maîtrisé de l'ensemble...) et ce qui ne va pas manquer de relancer un débat en voie d'épuisement (le bareback, le droit à baiser sans capote, l'inconscience, la mauvaise image, etc., etc.), on sent bien là où ça cloche, là où ça coince, cette impression de lire une resucée de "Je bande donc je suis", son premier roman, on s'agace de cela, de ce manque de renouvellement, de ces provocs à base de cul, de ce mélange d'intime et de généralités sur l'homosexualité, la baise, tout ça... Et en même temps qu'on éprouve ces sentiments, qu'on se dit que c'est bien vain ce que l'on tient entre ses mains, bien inutile, bien dépassé, en même temps qu'on mesure les limites de l'exercice, on ne peut s'empêcher d'être malgré tout bouleversés par la générosité de Rémès, sa manière assez unique de ne pas s'épargner, de ne pas se protéger (à tous les sens du terme !), de s'offrir en pâture, de tout jeter sur le papier, vaille que vaille, et cela ne vaut parfois pas grand chose même si quelquefois au contraire cela frise le sublime. Cet écart inconfortable, ce jeu de bascule permanent, c'est justement là que l'écrivain Erik Rémès existe, au-delà des polémiques et des postures.

didier roth-bettoni

 

www.erikremes.net