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VSD Duel Serial fucker

 



VSD Duel

http://www.vsd.fr/contenu_editorial/pages/magazine/kiosque/duel/duel.php La provocation sert-elle les homos ?

Lorsque Érik Rémès, icône radicale gay, séropositif depuis quatorze ans, aborde les pratiques à risque, ses fantasmes et la prévention avec René-Paul Leraton, responsable de Sida Info Service et de la ligne Azur, la rencontre ne peut être qu'explosive. Débat sans tabou, entre auteurs, à l'Ernest Bar du Lutetia.

René-Paul Leraton.

Votre livre, Serial Fucker, est très provocateur. Un vrai danger pour les gens influençables : au premier degré, il fait l'apologie des rapports non protégés. Vous êtes le porte-parole d'une frange radicale, minoritaire, de la communauté gay.
Erik Rémès.

Non, c'est de la prévention radicale, à l'image des campagnes anglaises de sécurité routière, avec des morts et du sang. Et un hymne à la protection, puisqu'on y voit des fous qui contaminent leur partenaire.

R-P.L. Et votre responsabilité d'artiste ? Je ne suis pourtant pas pour la javélisation des écrits !

E.R. Je raconte la face noire de l'homosexualité et du sida. Je ne suis pas l'attaché de presse de la communauté.

R-P.L. Avec un ministre de la Santé médecin, qui avait dit " maintenant, on soigne ", on a cru que le sida était fini. Le discours classique, " la capote pour tous ", ne tient plus. Les messages du gouvernement sont certes trop soft, mais votre récit, trop trash.

E.R. C'est pourquoi je vais publier un guide du sexe gay, ludique et décomplexé, de sexualité et de prévention. Il sera le pendant positif de Serial fucker. J'y incarne le poil à gratter, le morpion de la communauté gay. Oui, il y a des fous furieux sans scrupules qui contaminent les autres.

R-P.L. Voilà l'image que les gens ont de vous ! Plutôt que d'être dans l'obscurité, soyez l'ange de la lumière.

E.R. C'est dans la folie et la noirceur de l'homme que j'ai envie de fouiller. Comme, par exemple, Jean Genet, qui transformait la merde en or.

R-P.L. C'est plutôt la violence de Sade qui vous inspire. Je n'ai jamais compris les gens qui jouissent dans l'humiliation et la soumission.

E.R. J'essaie de décrypter la haine de soi. Ça peut servir à toutes les prises de risque : l'alcool au volant, le suicide, l'absence de protection. Le pire ennemi de la prévention, c'est soi.

P.W. L'autorité a-t-elle disparu ?

R-P.L. Le sida, ce sont 6 000 contaminations et 600 morts par an. Mais, en France, on est dans le curatif, pas dans le préventif. Encore plus depuis les trithérapies.

E.R. Il y a une omerta sur les pratiques à risque, c'est pourquoi mon livre est tabou. La seule librairie gay de Paris spécifie : " Nous sommes en total désaccord avec ce roman ". Je suis aussi sur la liste noire du mensuel Têtu.

R-P.L. Quand on envoie de la merde dans le ventilateur, il ne faut pas s'étonner de la recevoir en pleine figure !

E.R. Je suis désormais un romantique qui offre des fleurs à son mari ! Mais les homos doivent rester subversifs, pas singer les hétéros. Selon une enquête, 20 % des homos voudraient un enfant.

R-P.L. Ça ne risque pas de faire avancer le débat.

E.R. Mon livre n'est pas fait pour ça, il est anarchiste. Je suis séropositif depuis quatorze ans ; pourquoi me compliquer la vie à mettre des préservatifs avec d'autres séropos ?

R-P.L. " Il y a plusieurs façons de faire l'amour, et une seule de se protéger. " C'était la campagne, remarquable, censurée par Jospin !

E.R. Faites ce que vous voulez, en totale conscience et connaissance.

 

www.erikremes.net