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Liberation osez le fist fucking

 



Les 400 culs blog d'Agnes Giard sur liberation

http://sexes.blogs.liberation.fr/2014/09/08/fist-un-doigt-de-douceur-dans-un-monde-de-brute/
Fist : un doigt de douceur
AGNÈS GIARD 8 SEPTEMBRE 2014 (MISE À JOUR : 21 JANVIER 2015) «Le fist souffre d’une réputation de pratique extrême alors qu’il nécessite la plus grande douceur.» Dans un livre militant, Erik Remes non seulement explique les techniques, mais le sens profond du fist-fucking : cette pratique est le contraire de la barbarie.
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Dans la collection Osez de La Musardine, certains sortent du lot. Celui rédigé par Erik Remes, Osez le fist-fucking, a demandé deux ans de travail. Il fait 163 pages et aborde le fist sous toutes les coutures. Saviez-vous que le fist n’est pas seulement anal mais aussi vaginal ? Que le J-Lube qui sert à faire le fist anal est un gel gynécologique vétérinaire utilisé pour les vaches et qu’il faut nettoyer en saupoudrant de sel ses mains et ses fesses ? Que n’importe qui peut se faire fister pourvu qu’il-elle soit capable de supporter un godemiché de diamètre 8 cm dans l’anus ? Que le fist-fucking se dit également FF, fist, fisting, handballing, brachiovaginal ou brachioproctic insertion ?
Dans un livre rempli d’informations anatomiques et pratiques, Erik Remes a résumé l’essentiel d’un savoir acquis à la force du poignet. Il s’y attaque à l’image courante du fist comme pratique hardcore. Non, ce n’est pas du sexe extrême. Oui, c’est relativement peu courant mais non, ce n’est pas réservé aux gays adeptes de dilatations extrêmes. Erik Remes va même plus loin : le fist, dit-il, demande du «doigté». Traduisez : la capacité de sentir, du bout des doigts, le corps qui vibre et l’esprit qui l’anime. «La main doit caresser, malaxer sans fin, courtiser l’orifice. Elle doit se faire accepter, aimer.» Impossible de s’enfoncer en l’autre, ne serait-ce que de deux doigts, si il/elle se contracte et se refuse.
C’est la personne fistée qui guide la main, au fil d’un progressif cheminement. Il faut parfois des années avant de parvenir à enfoncer sa main entièrement dans le rectum… Des années à s’apprivoiser. La main de la personne qui fiste (qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme) est parfois littéralement aspirée à l’intérieur, dans un passage qui fait vacuum : «Prends-moi !». Parfois, elle se heurte à la masse d’intestins qui font barrage. Ne jamais forcer. Juste se laisser «tenir par la main» et guider… «Il a ta main, il l’emmène avec lui. C’est lui qui me possède. Il m’amène dans la profondeur de son être, de sa spiritualité», raconte Frédéric (1), président d’une association fétichiste gay qui insiste sur l’importance de cette zone du corps, logée près du sacrum, l’os dit «sacré», également appelé luz, parce qu’il abrite le feu des désirs.
«On peut sentir les états d’âme en pénétrant dans cette zone du corps, parce que c’est celle des émotions, plus ou moins nouées, explique Erik Remes. Les intestins, c’est le nid de vipères de nos affects. […] Il y a donc une forme de viol mental dans le fist qui rend cette pratique encore plus émouvante et belle… Quoi de plus beau que de sentir l’autre s’ouvrir à vous, baisser ses défenses intimes, lorsque des passages s’ouvrent à l’intérieur de son côlon ? On rentre au plus profond de l’être.»
«Comme fistée je me sens remplie, totalement remplie. Je nage dans un océan de plaisir. Comme fisteuse, je me sens redevable et honorée par l’acceptation de mon amour, de ma présence si profond en elle. Je suis effrayée par sa passion et son invitation à la partager avec elle.» (Deborah Addington)
«Cette pratique me semble particulièrement symbolique d’un partage entre deux personnes, qui dépasse ce qu’on connaît de binaire en termes de sexualité. Il y a bien une personne pénétrante et une personne pénétrée, mais ce n’est pas forcément un homme et une femme, et pas forcément la femme qui reçoit…» (Wendy Delorme, Têtu.com)
«Selon le sociologue Edgar Gregersen (2), tout comme pour Michel Foucault, le fist-fucking est peut-être la seule pratique sexuelle inventée au XXe siècle.» Elle est inventée par des personnes qui essayent de trouver d’autres manières de jouir sans rapport avec la procréation, ni avec les normes de comportement. Peu importe qui fiste, qui est fisté : tout le monde possède un anus et des mains. De cette «pan sexualité » qui bouleverse les catégories habituelles, c’est le milieu gay dans les années 50 qui se fait le laboratoire. Dans les années 80, Foucault (3) en parle comme d’un moyen de résistance au pouvoir. La pratique se répand chez les hétéros dès les années 90. Dans les années 2000, le milieu queer fait du fist une pratique quasi «militante» : peu importe qui est qui dans cette relation. Homme ou femme, passif ou actif, ces distinctions ne veulent rien dire. Chacun à tour de rôle endosse le rôle de la personne qui relève le gant. «Le cul devient une sorte de vagin féminin.» Et l’homme peut enfin s’ouvrir, béant, tunnel de mollesse humide secoué de spasmes…

 

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