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Témoignage sida : Prions pour le sida Ex equo juillet 98

 



J’a un homme de ma vie, dedans, depuis bien longtemps. Je l’appelle “Mon sida à moi”. Sida est très gentil avec moi et ne me cause presque aucun tracas. Je l’aime, je l’adore, il est si gentil et fusionnel avec moi. Toujours présent, à m’enlacer et m’embrasser. Mon Sida, pour ainsi dire, c’est moi.

Mais depuis un an, Docteur m’annonce notre rupture et sa probable mort prochaine. Sida est condamné, polythérapisé (va te faire trithérapisé va!). Mais peut-être, comme souvent, Docteur se trompe-t-il (et s’il nous refaisait le coup de l’AZT)? Et si mon amour de Sida venait à disparaître?

Comment après tant d’années, de complicité et de vie commune, refaire ma vie sans mon Sida à moi, cette présence de tous les instants, son attachement à moi. Et si je ne pouvais pas vivre sans mon sida? Oui, comment vivre sans celui qui m’étreint, m’aime et me prend du soir au matin? Combien de temps va-t-il falloir pour m’en remettre? Pourrais-je continuer à vivre sans lui? Vais-je survivre à mon Sida? Comment persister à cette passion dévorante, étouffante non pas par manque ou vide (d’espace, de liberté) mais par excès; on pourrait dire ce trop plein de vie.

Oh!, mon Sida, c’est pas la mort, loin de là; mon Sida c’est la vie. Le Sida, ça pue la vie; mon Sida, c’est ma vie, je pue la vie. Je Sida donc je suis (Séropo Ergo Sum). Et maintenant que notre séparation est (peut-être?) proche, je me retrouve comme un con. Ben alors!, qu’est-ce que je vais pouvoir foutre sans mon Sida? Sans Sida, je ne suis pas et voilà que je ne suis plus déjà! L’Amour de ma vie, à qui j’aurais tout donné, “jusqu’à ma vie”, s’éloignant me laisse vide et quoi; vide de sens et de motivation d’être. J’existais par lui. Comment dire, cette possibilité immanente de la mort donnait tout son sens à ma vie. Comme dirait l’Autre, j’existai en fait par ce néant en moi. Le sida c’était le pompon de mon Manège a moi qui me faisait tourner, tourner comme une folle ecstasiée.

Bon, ben!, va falloir réapprendre à vivre sans mon Sida. Survivre sans cette intime et morbide probable. Redevenir un simple mortel, à l’échéance bassement humaine. Mais merde alors!, je vais devoir mourir comme tout le monde? Je ne serais pas un de ces trop nombreux héros prématurés de la dernière guerre virale? Avec mon sida qui (peut-être?) s’en va, c’est ma Mort qu’on enterre. On ampute mon moi, mon être et sa raison. Moi qui pensai mourir belle et jeune dans la force de l’âge comme une Folle à sa fenêtre, ben merde alors!. Je me retrouve comme une conne. J’entrevoie déjà le décor de mon troisième acte. C’était pas prévu au programme.

Quand j’y pense, à tout ça, il me monte des bouffées de chaleur, comme qui dirait des angoisses. Il me vient des images horribles : Ah!, la retraite et sa maison, l’arthrite et la zézette molle à jamais. Quelle horreur alors la vie! Travailler jusqu’à 55 ans (même 32 heures c’est trop); ne plus ressentir la concupissance des séronègs envers mon Sida à moi. Ne plus être un espèce protégée en voie de disparition. En un mot, ne plus être une Priorité Nationale. La vie, c’est à mourir d’ennui. Je mange pour mon Sida. Je baise avec mon Sida. Je travaille comme journaliste sur le Sida. Bref je vis par et pour mon Sida. Vivre Avec! Quinze ans d’une chronique qui (peut-être?) s’arrête et laisse place à l’angoisse des pages blanches de mon Livre. Bon ben va falloir rajouter des chapitres. Le Sida, c’est le soleil de ma petite Planète, une lumière aveuglante mais vitale. Le Sida c’est ma raison d’être. Je suis une “Pédale Radicale Séropositive”. Bientôt peut-être faudra enlever “séropositive” de mon CV. Sans mon Sida, pour ainsi dire, c’est un peu comme si on me coupait la quéquette et qu’on me greffais un gros trou, disons un vagin artificiel sur la tête, Ahaha! Mais, ne plus vivre avec mon Sida, est-ce encore vivre? Mon identité se délie. Je redeviens une simple tapiole anonyme, bêtement putrescible, un amputé virale (pour une fois qu’on traite pas les PD d’enculés). Le Sida m’avait donné l’Accès, l’Initiation ultime. Et voilà-t-y pas qu’on me l’enlève. J’imagine déjà mes cendres dans mon Urne à moi. Des cendres ridées et arthritiques, quasi hétérosexuelles, des cendres à qui l’on met des couches, vilaines incontinentes disparues. Bahhh!!

Cette nouvelle vie qui s’ouvre à moi, sans mon Sida, vous voulez que je vous dise, ça me donne envie de gèrber. Se réveiller comme au lendemain d’une cuite mémorable et maintenant vivre sans l’ivresse de mon Sida, le coeur qui bat comme sous ecsta, les tempes suintantes de cette peur de vivre. Je suis donc condamné à vivre? Et comme on dis, c’est toujours pire pour ceux qui reste.

Mais bon, c’est vrai, la vie a toujours le dessus ou le reprend. Je survivrai à mon défunt Sida. Je serai une veuve joyeuse et libidinale. Toute vêtue de rose fluo je veillerai quelque temps ma Dépouille de sidéenne en phase terminale. Et je ferais le deuil de ma propre Mort. Puis, j’oublierai, puisque pour beaucoup, la vie, c’est l’oubli. J’oublierai l’homme de ma vie, mon Sida à moi. Et, comme on dis à TF1, je partirai, grandi par l’épreuve, à la recherche de sens (un sens de perdu, dix de retrouvé).

Mais, comme dirais Creutzfeldt-Jakobs, Prions pour que de nouvelles maladies sexuellements et sanguinements transmissibles n’apparaissent pas trop vite après la mort de mon Sida. J’ai vraiment pas envie d’attraper de sitôt une seconde maladie mortelle, aha!

Je suis une Pédale Radicale Séropositive. Mon sida c’est mon identité quoi! Mais voilà un an qu’on annonce que le sida serda serrrité et de viea bientôt éliminé grâce aux progrès tri-thérapeutiques. Et tant mieux! Mais comment après tant d’années, de complicité et de vie commune, refaire ma vie sans mon Sida. Et si je ne pouvais pas vivre sans lui?Je ne serais plus alors qu’une simple tapiole anonyme, bêtement putrescible, un amputé virale (pour une fois qu’on traite pas un pédé d’enculé). Sans mon Sida, pour ainsi dire, c’est un peu comme si on me coupait la quéquette et Sida, pour ainsi dire, c’est un peu comme si on me coupait la quéquette et qu’on me greffais un gros trou, disons un vagin artificiel sur la tête! Mon identité se délie. Le Sida m’avait donné l’Accès, l’Initiation ultime. Et voilà-t-y pas qu’on me l’enlève.

J’existais par mon sida. Cette possibilité immanente de immanente de e la mort donnait tout son sens à ma vie. J’existai en fait par ce gros néant en moi.

Quand je pense à tout ça, il me monte des bouffééée faisait tourner, tourner comme une folle ecstasiée.

Quand j’y pense, à tout ça, il me monte des bouffé monte des bouffées de chaleur. Il me vient des images horribles : la retraite et sa maison, l’arthrite et la zézette molle à jamais. Quelle horreur alors la vie! Travailler jusqu’à 55 ans (même 32 heures c’est trop); ne plus ressentir la concupissance des séronègs ennnnnnvers mon Sida à moi. Ne plus être un espèce protégée, ne plus être une Priorité Nationale. La vie, serait à mourir d’ennui. Je mange pour mon Sida. Je baise avec mon Sida. Je travaille comme journaliste sur le Sida. Bref je vis par et pour mon Sida. Vivre Avec! Quinze ans d’une chronique qui (peut-être?) s’arrête et laisse place à l’angoisse des pages blanches de mon Livre.

Je vais devoir réapprendre à vivre sans mo devoir réapprendre à vivre sans mooore à vivre sans mon Sida. Survivre sans cette intime et morbide probable. Redevenir un simple mortel, à l’échéance bassement humaine. Mais merde alors!, je vais devoir mourir comme tout le monde? Je ne serais pas un de ces trop nombreux héros prématurés de la dernière guerre virale? Avec mon sida qui (peut-être?) s’en va, c’est ma Mort qu’on enterre. On ampute mon moi, mon être et sa raison. Moi qui pensai mourir belle et jeune dans la force de l’âge comme une Folle à sa fenêtre, mais merde alors!.

Mais bon, c’est vrai, la vie a toujours le dessus ou le reprend. Je survivrai à mon défunt Sida. Je serai une veuve joyeuse et libidinale. Toute vêtue de rose fluo je vei Sida. Je serai une veuve joyeuse et libidinale. Toute vêtue de rose fluo je vei veillerai quelque temps ma Dépouille de sidéenne en phase terminale. Et je ferais le deuil de ma propre Mort. Puis, j’oublierai, puisque pour beaucoup, la vie, c’est l’oubli. J’oublierai l’homme de ma vie, mon Sida à moi. Et, comme on dis à TF1, je partirai, grandi par l’épreuve, à la recherche de sens (un sens de perdu, dix de retrouvé).

mon Sida, c’est pas la mort, loin de là; mon Sida c’est la vie. Le Sida, ça pue la vie; mon Sida, c’est ma vie, je pue la vie. Je Sida donc je suis (Séropo Ergo Sum). Je baise avec mon Sida. Je travaille comme journaliste sur le Sida. Bref je vis par et pour mon Sida. Vivre Avec! Quinze ans d’une chronique qui (peut-être?) s’arrête et laisse place à l’angoisse des pages blanches de mon Livre.

Copyright Erik Remes, Edition Blanche-Balland

 

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