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Flirts avec le néant Citegay.com juin 2001

 



Dans un article parue dans le Monde du 12 juin dernier, « La mort, mode d'emploi », Bertrand Poirot-Delpech, de l'Académie française revenait sur le goût du risque dans notre société. Phénomène à recouper avec le problème du relapse. Bertrand Poirot-Delpech partait de l’actualité d’un jour comme un autre, durant lequel quatre jeunes hommes sont morts de mort violente, pour des raisons dont la dissemblance a quelque chose de symbolique. L'un, combattant palestinien, s'est immolé dans un massacre d'innocents, croyant servir sa patrie. Le deuxième, militaire israélien, a été tué, pensant défendre la sienne. Le troisième, sauteur à l'élastique français, s'est écrasé au sol par erreur, à la recherche de sensations fortes. Le quatrième, autre Français, a succombé aux commandes d'un vieil avion, lors d'une rétrospective de la dernière guerre. Pour Poirot-Delpech « la mort n'a aucun sens en soi. Dans les deux premiers cas, la perte de la vie gageait l'adhésion totale à une cause. Dans les deux autres, elle a résulté d'un jeu avec le danger, pour le plaisir ou pour le spectacle ». Et de poser la question : « peut-on juger une société aux raisons, plus ou moins sublimes ou frivoles, que la jeunesse s'y donne de risquer sa peau ? » Poirot-Delpech aurait pu non sans mal recouper ces faits divers tragiques à ceux qui touchent, dans la sphère de l’(homo)sexualité, certains hommes adeptes du sexe à risques. Là aussi, la prise de risque est un flirt avec la mort. A ce phénomène du relapse et du bareback est donné plusieurs hypothèses : l'arrivée des trithérapies a éloigné l’échéance mortelle du sida et, à tort, en a fait une maladie chronique comme les autres. Les discours communautaire et médiatique laisserait entendre que le Sida serait une simple maladie incurable, alors que le sida est encore une maladie mortelle. L'absence de communication sur la lourdeur des traitements, sur les échecs thérapeutiques, sur les malades porteurs de virus mutants. L'arrivée du traitement prophylactique, dit de " post-exposition ", laissant croire qu'un accident peut être sans conséquence. En cette période de vacance, de « c’est l’amour à la plage », il est toujours bon de rappeler, que malgré le soleil et les amours d’été, le risque est là, présent, et qu’il faut s’en préserver. Et qu’en tout état de cause, il est nécessaire de bien comprendre les tenants et aboutissants de ses actes.

 

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