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Baiser sans capotes, ça vous fait jouir ? E M@le juillet 99

 



Cette question, Act Up la posait déjà pour la Gay Pride 1999. Est-ce que c’est excitant et jouissif de baiser sans capotes ? La réponse est, pour certain (beaucoup ?), oui. Et c’est bien là le problème. Oui, cela peut-être très excitant de baiser sans capotes et de donner son sperme à son partenaire ou le recevoir. Pour de nombreuses personnes, le sexe sans capotes est devenu une activité enviée ou courante. Il est peut-être bon de rappeler ici les derniers chiffres de l’épidémie. Le sida a entraîné la mort de plus de 35.000 à 38.500 personnes depuis le début de l'épidémie en France, où le nombre de malades du sida dépasse aujourd'hui les 20.000, selon le Bulletin épidémiologie hebdomadaire (BEH). Le nombre de personnes vivantes atteintes du sida est estimé entre 21.000 et 23.000 au 31 décembre 1999 (certaines assocs parlent de plutôt de 150 000 séropos). Il est peut-être bon aussi de rappeler que le sida tue encore et toujours et ce malgré les progrès trithérapeutiques. 700 décès en 1998 et 600 en 1999. L'augmentation d'atteintes pulmonaires, marquant l'entrée dans la phase de sida avéré, est un "reflet de l'absence de prise en charge" médicale des patients contaminés, déplore le BEH. Parmi les patients qui connaissaient leur séropositivité avant le diagnostic de sida, la proportion de ceux qui ont reçu un traitement antiviral avant le stade de sida avéré se situe entre 45 et 50% depuis le deuxième semestre 1997. L'accès au traitement diffère aussi selon le mode de contamination avec une proportion d'hétérosexuels traités par antiviraux avant le sida plus faible que parmi les homosexuels/bisexuels et les usagers de drogues injectables, soit respectivement 36%, 54% et 55% de patients traités depuis cette période. Les régions les plus touchées sont toujours Antilles-Guyane, Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur. En terme de cas de sida cumulés depuis le début de l'épidémie, l'Ile-de-France vient en tête avec plus de 2.000 cas par million d'habitants. Ces pourcentages ne doivent pas donner l’illusion d’un « éloignement » du sida. Et dans certains sex bars, c’est beaucoup plus qu’il faut compter (à se demander si dans certains bordels, il n’y a pas plus de séropos que de séronègs…). L’utilisation des capotes est donc toujours de rigueur. Et ce, que l’on soit séronèg ou séropo. Le relâchement des pratiques de prévention chez les gays ne peut plus aujourd’hui être nié. Relâchement qui frise parfois, dans certains milieux et dans certains lieux, l’abandon pur et simple. La recrudescence des MST (gonorrhées, syphilis, condylomes et patati et patata) le prouve. Comme le disaient les copines d’Act Up sur des affiches à la dernière Gay Pride, « le virus du sida peut muter et développer des résistances aux traitements. Les thérapies deviennent alors inefficaces. Actuellement, 40 à 50 % des séropositifs ont un virus muté. Les mutations du virus peuvent se transmettre lors d’une contamination : vous baisez sans capotes, vous risquez d’être contaminé par le virus du sida et par un virus qui aura muté. Vous pouvez ainsi, dès les début de votre infection, développer des résistances aux traitements ». Tout cela donne à réfléchir, oui-oui. Baisez sans capotes, cela fait jouir, oui, mais à quel prix ?

 

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