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PRÉVENTION : Preservatif mode d’emploi Gai Pied mars 92

 



Pourquoi ca capote? Utiliser une capote pour la première fois, ce n’est pas toujours facile. Comment s’y prendre, avec quels gestes et avec quels mots? Même si l’usage des préservatifs est en progression chez les gais, quelques difficultés d’ordre technique, psychologique et relationnel demeurent . Voyage au pays de Saint Latex. Si pour beaucoup de gays l’usage des préservatifs est devenu un réflexe, il en est d’autres qui rencontrent quelques difficultés. Les enquêtes sur l’usage des préservatifs, dont celle de Michaël Pollak, révèlent différents problèmes d’utilisation. En premier lieu, on rencontre la rupture des Kpotes, suivi de près par leur glissement. Puis, intervient la taille inadaptée (soit trop grande soit trop petite) et enfin les difficultés de pause et de retrait. Généralement, les utilisateurs adaptent leur comportement à ces difficultés ou changent de marque de préservatifs. Par contre, certains rencontrent un blocage et modifient leur sexualité soit en baisant moins soit en ne baisant plus. Ces difficultés peuvent également provoquer un rejet complet des pratiques safe: “vu que ça pète, à quoi bon en mettre”. Les enquètes montrent qu’un même produit peut être vécu très différemment d’une personne à l’autre. Ainsi, une capote sera perçue soit trop fine, soit trop épaisse. La question de la sensitivité est souvent de l’ordre de l’imaginaire. Comme l’explique Hubert Lisandre, psychologue clinicien et membre fondateur du Centre Freudien des Homosexualités : “sur le plan psychologique, on peut se demander si la diminution des sensations n’est pas une rationalisation. Dans tout les cas cette réduction de la sensitivité n’est pas en soi une raison de refuser les condoms”. Bien que nous soyons, dans notre communauté, relativement très utilisateurs de Kpotes, nous ne savons pas les utiliser parfaitement. Beaucoup de petits trucs sont encore ignorés.Il suffit pourtant de bien respecter le mode d’emploi et d’utiliser un lubrifiant non gras pour éviter ces accidents de parcours. Seul les gels non-gras sont recommandés. En effet les crèmes à base d’huile altèrent le latex et provoquent des micro-lésions invisibles à l’oeil mais qui peuvent laisser passer des virus. Mettre du gel sur le sexe favorise les glissements et accentue les sensations. Mais, faites attention à ne pas trop en mettre: le préservatif pourrait glisser. De plus, il est diffficile d’ouvrir un condom les mains pleines de gel! Quelques astuces peuvent vous rendre la vie et votre plaisir plus facile: jouer avec votre préservatif, incluez-le dans vos jeux amoureux pour qu’il s’intègre facilement à votre sexualité. Cultivez votre imagination et faites en un objet de plaisir. Pour prendre de bonnes habitudes, vous pouvez également les intégrer à vos masturbations solitaires. N’hésitez pas à essayer plusieurs marques et plusieurs modèles. Vous aurez plus de chance de trouver les préservatifs qui vous conviennent. Découvrez les différents arômes : la menthe, la vanille, etc... Les préservatifs anatomiques sont d’un grand secours pour les glands de gros volume. Goutez à plusieurs ambiances, cultivez vos phantasmes. Les Kpotes c’est comme les jean’s: il faut en essayer plusieurs avant de trouver le bon. Ayez toujours des capotes sur vous pour quelles deviennent des objets de votre quotidien. Le sujet est d’actualité et peut rentrer facilement dans la conversation. N’hésitez pas à faire de l’humour, ça dédramatise. Mettez des préservatifs sur votre table de nuit, à porté de la main. Rien n’est plus gênant en effet que de devoir se lever pour en chercher une fois les ébats entamés! Le préservatif doit être érotisé et intégré dans un art d’aimer. Le préservatif se pose sur le sexe en érection avant copulation. Posez d’abord la capote, le petit bourrelet à l’extèrieur, sur le gland turgescent. Puis, faite glisser le préservatif jusqu’à la base du sexe. Chassez la bulle d’air des Kpotes à reservoir en le pincant doucement. Il ne faut jamais placer deux capotes l’une sur l’autre; la friction pourrait les endommager. Certains d’entre nous rencontrent des difficultés d’ordre psychologique ou relationnel à l’utilisation des Kpotes. Ces sentiments sont relativement fréquents et tout à fait normaux. Sont évoqués des sentiments d’impuissance et la peur d’une éjaculation précoce. Pour Hubert Lisandre, “dans l’impuissance liée au préservatif, on retrouve le même processus psychologique que dans l’impuissance sans préservatif. Ils viennent renforcer matèriellement ce qui gène dans la sexualité”. D’autres se plaignent de débander lors de la pose du préservatif. Il faut à tout prix éviter de paniquer car l’angoisse empêche l’érection. Et, inversement, l’incapacité à bander renvoie à l’angoisse. Soyez en confiance avec votre partenaire. N’hésitez pas à parler avec lui. Vous serez ainsi plus à l’aise et hésiterez moins à utiliser les Kpotes. Car c’est vrai, on ne sait pas comment va réagir un nouveau partenaire! Timidité, crainte de choquer, d’être suspecté de séropositivité peuvent entraîner bien des blocages. De plus, les Kpotes sont souvent liées à une culpabilisation. Les préservatifs relèvent d’une injonction sociale là ou justement on aimerait ne pas en avoir. Les questions auxquelles nous renvoie cette nécessaire adaptation de notre sexualité sont profondes. Quel est notre désir? Qu’elle en est sa force? ses limites? Que représente pour nous la sexualité? En quoi la peur intervient sur notre désir?Jusqu’où veut-on prendre des risques? En quoi ce risque nous excite-t-il? A chacun de se répondre. Il ne faut pas hésiter à parler de cela avec ses amis, son médecin voir un psy. En effet, le désir est aussi irrationnel et inconscient. Hubert Lisandre précise que “contrairement à ce que peuvent laisser penser les études sociologiques, on rencontre une extrême diversité dans le rapport que chacun entretient avec les préservatifs. Généralement, cela aboutit à deux attitudes: soit ça marche, soit ça ne marche pas. Les raisons sont d’ordres très variés et plus ou moins profondes. Elles sont ancrées et en rapport avec la structure psychique. On peut se demander si la peur de la maladie ne vient pas comme rempart pour compliquer ou rendre impossible la relation sexuelle. Comme s’il existait un but inconscient de ne plus avoir de relation sexuelle. Dans un registre névrotique, la sexualité est coupable. Beaucoup de gays réagissent par rapport au sida comme face à un traumatisme. Cela correspond à une menace de mort imaginaire. Il existe une différence radicale entre la mort réelle qui peut advenir d’une contamination et la mort imaginaire qui est liée à cette culpabilité. Sur un plan inconscient, la mort correspond à une punition de quelque chose. On ne peut pas se détacher le fait d’être contaminé du fait d’être puni. Le rapport au sida est lié à cette notion de punition.". Si pour nos amis les hétéros, les capotes sont liées à la notion de contraception, il n’en est rien pour nous, et pour cause. Nous pensons évidemment à l’action de protection. Les représentations psychologiques des préservatifs sont souvent liées à l’idée de sida et sont donc généralement négatives. Si on utilise un préservatif c’est pour ne pas être contaminé ou recontaminé par le VIH, en oubliant que cela sert également à faire l’amour et donc à prendre du plaisir et à jouir. La capote qui devrait être le nouveau media érotique est encore trop souvent perçue comme instrument de protection voir un médicament. Essayons plutôt de ne pas se fixer sur les aspects angoissants (sida, maladie, mort) mais pensons plutôt à l’amour, au sexe, au plaisir, à la jouissance. A l’usage, les habitudes se prennent, les choses s’arrangent. Et, le plaisir est toujours là.

 

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