Le site de l'écrivain Gay
Liste des critiques

Osez les conseils d'un gay pour faire l'amour à un homme

Unité, une critique de Osez les conseils d'un gay

 

 



Unité, une critique de Osez les conseils d'un gay

http://www.revueeplares.com Thomas Dreneau 2009-06-22

Unité

Par Thomas Dreneau

Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme (La Musardine, 2008)

Après le Guide du sexe gay, après le Sexe guide, Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme est donc le troisième livre de É rik Rémès consacré à la « sexologie ». Mais il reste plutôt un condensé de cet ouvrage plus général qu’est le Sexe guide. Bref, je puis considérer Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme comme une première approche de la pensée de É rik Rémès sur la sexualité.

Si le livre ne possède pas tous ces détails sur le corps de l’homme, la sexualité basée sur les rapports « normaux » ou SM comme dans le Sexe guide, il n’en demeure pas moins un moyen commode pour mieux comprendre cette idée de suprématie du corps sur la raison, ou encore la nécessité d’une communication réussie entre deux êtres distincts. Pour ma part, je pense qu’il est intéressant d’insister sur cette appréhension de l’amour par des partenaires sexuels. Au contraire de Medhi Belhaj Kacem qui, dans L’essence n de l’amour, voyait le rapport amoureux comme la confusion ou le dépassement de deux égoïsmes (il ne s’agissait, pourtant, pas d’une idée nouvelle, puisque Romain Rolland avait développé la même réflexion dans son roman-fleuve Jean-Christophe), je songe que l’amour est une connaissance poussée de soi-même qui permet finalement l’acceptation de l’autre dans l’altérité. Par conséquent, il vaut mieux parler d’individualisme dans un sens non péjoratif que d’égoïsme. Dans l’ouvrage de Rémès, il n’est question que de compréhension de l’autre, de communication continuelle entre deux êtres qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels (bien que le livre s’adresse plutôt aux couples hétéros en général et aux femmes en particulier). Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme revendique un attachement de l’un et l’autre à partir de la connaissance des désirs sexuels de chacun. Ces désirs peuvent se révéler être de simples fantasmes, mais également une volonté de dépassement, du fait que l’envie sexuelle, selon l’auteur, ne paraît avoir aucune limite.

Comme j’ai pu le noter à propos du Sexe guide (voir notre article publié précédemment sur ce livre dans Froggy’s Delight), le concept de pansexualité convient parfaitement si l’on s’attache au désir primordial de chaque être humain. Cependant, Rémès peut concevoir cette pansexualité comme une limitation au même en ce qui concerne les rapports sexuels. L’auteur paraît penser que faire l’amour pour les hétérosexuels peut signifier développer l’anus comme zone érogène fondamentale. Si, en effet, ces rapports sont de l’ordre du possible et pour l’homme et pour la femme, il est inconcevable de croire que l’indifférence sexuelle soit un objectif de l’humanité comme y songeait Guillaume Dustan dans Génie divin, ou É rik Rémès lui-même dans Serial fucker, journal d’un barebacker (le premier usait de l’humour comme pour montrer qu’il était lucide quant à l’avenir des individus, alors que le second semble prendre au sérieux ce but : parmi les arguments utilisés pour sa thèse, il évoque notamment le mariage homosexuel, l’hypothèse de l’adoption ou de la procréation assistée pour un couple gay ou lesbien, etc.).

À l’instar de É rik Rémès, je suis favorable à la destruction de l’hétérosexualité en tant que norme humaine. Par contre, je reste en désaccord avec lui au sujet de la pansexualité en tant que moteur implicite de l’indifférenciation sexuelle. Le danger futur serait de créer de nouvelles normes tout aussi aliénantes que celles qui occupent le mental des êtres humains actuellement. La culpabilité concernant la sexualité doit effectivement disparaître par l’acceptation de l’Autre, mais dans le cadre d’un enrichissement de la diversité humaine et d’un refus de toute atteinte à la liberté de chacun.

Thomas Dreneau

www.erikremes.net