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Bisexualité seconde partie

 



BISEXUALITÉ, seconde partie Copyright Sexe guide, Erik Rémès, Blanche 2004

On associe souvent bisexuel et instabilité. On a peur de les aimer à cause de leur ambivalence affective. Mais, de manière théorique ce n'est pas parce les bis sont attirés par les deux sexes qu'ils seront plus infidèles ou instables que les mono sexuels, la fidélité étant un choix de vie indépendant de l'identité affective. Chacun y est apte ou non, s'il le souhaite, et dans la mesure où sa relation lui convient. Certains bis ayant des relations hétéros ou homos, au gré de leur rencontre, d'autres vivant en couple mais s'autorisant des aventures extra-conjugales. Tous comme les hommes à maîtresses, les bisexuels mariés passent leur vie à jongler avec leur emploi du temps.

La passage à l'acte bisexuel. Changer de genre de partenaire n'est pas souvent chose facile. Et l'on se rapportera ici au chapitre du passage à l'acte homosexuel. « Devient-on irrémédiablement homo lorsque l'on touche un homme ? » L'important est de ne pas trop refouler ses pulsions car elles peuvent devenir destructrices pour soi mais, aussi, pour les autres ou l'autre aimé. Peut-on passer sa vie en guerre contre ses propres désirs ? N'est-ce passer à côté de soi-même ? Trop longtemps la bisexualité fut perçue comme un état transitoire et, par définition, instable, lié à l'adolescence, à l'absence d'une partenaire sexuelle (prisonniers) ou pour des motifs économiques (prostitués). Plus encore, c'est cette même image virile qui empêche nombre d'hommes de développer de la tendresse et une intimité avec d'autres hommes ou encore une amitié sincère de peur d'être étiqueté d'homosexuel ou de faire face à des désirs trop menaçants. Cette homophobie maintient les échanges entre hommes aux niveaux productif et informatif, ce qui rend l'isolement affectif d'autant plus répandu.

Comment savoir que je suis bi ? Il n'est pas facile de se définir comme bi. On croit d'abord être hétéro ou homo à part entière. La phase d'incertitude est très déstabilisante. Cette instabilité est due au tabou qui règne sur la sexualité. Elle n'existerait pas si la représentation de la sexualité humaine n'étais pas réduite à la seule composante hétérosexuelle. Pour savoir qui vous êtes, posez vous la question de savoir ce qui vous attire, vous excite, si se sont les garçons ou les filles. Si vos sentiments ne sont pas exclusifs, il y a de forte chance que vous soyez bi. La prise de conscience de la bisexualité peut être aussi lourde à porter que celle de l'homosexualité.

Ces hétéros a pratiques homosexuelles. Il existe plusieurs sortes d'hétéros à pulsions homosexuelles. Certains hommes préfèrent avoir une expérience homosexuelle avec un hétéro comme eux. D'autres choisissent ouvertement un homo assumé. Ou trouver son partenaire ? Dans le milieu homo ou, lorsque le prétendu pouvoir hétéro attire plus, dans le milieu straight ? Dans un vestiaire, par exemple, afin de comparer l'objet de sa virilité ? Avoir des relations entre hétéros dans le cadre d'une relation bisexuelle n'est pas très impliquant. Ou encore avec un transsexuel ? Garder les avantages peu contrariants psychologiquement de la femme tout en profitant du fameux phallus ? Rester un homme en somme. À quelle occasion devenir bi ? Dans un salon de massage ? Après une soirée entre amis bien arrosée ? L'occasion fait le larron.

Certains hommes n'iront jamais voir un garçon, mais iront avec un travesti parce que l'aspect féminin rassure. Le danger identitaire et de genre est donc moins grand. L'Association du Syndrome de Benjamin, constate une évolution des demandes des clients de prostitués, qui s'explique par l'évolution des mœurs et les transformations sociales intervenues depuis les années 1970. Modifiant considérablement le rapport qu'entretiennent les hommes avec l'homosexualité et l'homophobie. La représentation de l'homosexuel mâle ne provoque plus de nos jours la même répulsion que par le passé. L'évolution des rapports sociaux de sexe, les remises en cause produites par les mouvements féministes et les mouvements gais, doublés de l'homosexualisation du sida des années 1990, tendent, chez les hommes et chez les femmes, à produire une interrogation sur l'homophobie ambiante et, par suite, à brouiller les frontières de genres. Et, en effet, dans quelle catégorie classer ces hommes s'autodésignant comme hétérosexuels qui, lorsqu'ils se font faire une fellation par un travesti ? Hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres homme ? Ils échappent à la catégorie d'homosexuel comme catégorie de désignation et d'exclusion, ou comme catégorie de revendication. Ces formes de sexualité entre hommes que présente la prostitution remettent en cause les catégories de pensée binaires qui séparent et opposent hétéro et homosexualité. Les pratiques et les représentations corporelles masculines se font l'écho de ce brouillage des catégories de pensée. Le succès commercial actuel des transgenders semble être l'aboutissement de la rencontre entre, d'une part, des hommes biologiques prostitués disposés à acquérir une identité de genre féminine ou à se livrer à une mise en scène esthétisante de soi-même, et, d'autre part, les attentes d'une clientèle d'hommes, hétérosexuels proclamés, en quête d'exotisme et de brouillage d'identités. Cette « nouveauté désordonnée » que représentent les transgenders dans le paysage prostitutionnel, loin de remettre en question la structure des rapports hommes/femmes dans notre société, paraît être un facteur de consolidation d'un ordre social fondé sur la hiérarchisation des genres et la domination masculine. Socialement construits comme des hommes, les transgenders connaissent mieux que les femmes les structures masculines de l'érotisme, et savent mieux les utiliser. Tels les Berdaches amérindiens qui tirent leur pouvoir magique de leur double socialisation, laquelle fait d'eux des spécialistes du franchissement des frontières symboliques (masculin/féminin, monde matériel/monde surnaturel, etc.) Les transgenders sont aptes à passer alternativement du masculin au féminin et connaissent de l'intérieur les deux identités de sexe. Les formes de transgression des frontières des genres et/ou des sexes que représentent les transgenders correspondent à des formes de sexualité « entre hommes » dont l'effet semble bien être l'annulation des femmes.

Il existe une autre catégorie d'hétéro à tendance homosexuelle. Ceux-ci ne fréquentent pas ouvertement le milieu gay comme les bars mais les lieux de drague extérieur ou des établissements préservant l'anonymat de type vidéo-club ou sauna. Les rencontres y sont fugaces et discrètes. Ces hétéros-là s'y rendent entre deux rendez-vous où en fin de journée pour assouvir leurs pulsions. Ils veulent être sodomisés et sucent. D'autres n'ont « aucune pulsion homosexuelle affirmée », mais cherchent seulement « un trou à se mettre sur la queue », que ce soit une fille ou bien un garçon. On peut parler alors de pansexualité « rustique ». Ils ne touchent ni le sexe, ni le corps de leur partenaire. Ils ne pensent qu'à se « soulager la queue ». Une sexualité animale, rustre.

 

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