Le site de l'écrivain Gay
Liste des critiques

Barbares

Barbares d'Erik Rémès
very friendly
Interview very frindly
Erik Remès réfléchit à la Barbarie sociale dans son dernier livre
Barbares : dans la tête d’un séquestreur

 

 



Erik Remès réfléchit à la Barbarie sociale dans son dernier livre

Le Mague 2012-03-13

edito web et critique barbares http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article7969 Erik Remès réfléchit à la Barbarie sociale dans son dernier livre
Erik Remès, qu’on suit depuis des années au Mague, nous revient avec un livre fort et sans concession, librement inspiré d’un fait divers qui a marqué bien des esprits...
Erik Remès touche juste, là où ça fait mal en faisant un parallèle pertinent entre l’antisémitisme et l’homophobie... A lire d’urgence.
Érik Rémès est né en 1964. Il est écrivain et sexologue, titulaire de maîtrises en psychologie clinique en philosophie et ancien élève de l’institut de sexologie de l’Université Paris VII. Journaliste depuis la fin des années 80, notamment à Gai Pied Hebdo, Libération et Nova Magazine. Il a publié 7 livres dont Je bande donc je suis et Serial fucker, journal d’un barebakeur.
Je dis : « Interdiction de parler, de demander quoi que ce soit. Tu porteras ta cagoule en permanence ; interdiction de dormir. On va bien s’occuper de toi, sale pédé   ! Tu ne quitteras jamais cet appartement. Bientôt, tu seras mort. » Tu essaies de marmonner, de te défendre, mais tes gardiens hurlent pour te faire taire. Puis, ils te frappent. « Tout le monde possède des peurs qui remontent à l’enfance. Ces craintes doivent être utilisées contre toi. Connaissez ces phobies : mutilations sexuelles, physiques, terreur de devenir aveugle, affaiblissement, agonie prolongée. Trouvez-les et jouons avec contre toi. »
Ce roman est l’exposé scrupuleux et extrêmement violent du rapt d’un homo par une bande de cité (inspirée de la terrible histoire du jeune juif Ilan Halimi et du Gang des Barbares de Youssouf Fofana).
Érik Rémès nous offre un texte révoltant, écœurant, déstabilisant.
Interview d’Erik Rémès sur http://www.very-friendly.fr/Livre-le-derangeant-gang-des-Barbares-homophobes-du-sulfureux-Erik-Remes_a1859.html
- Pourquoi avoir choisi ce fait-divers-là ?
Pour la portée qu’il a eu dans l’opinion publique. Comment d’un micro évènement (il y a des centaines de rapts et des dizaines de meurtres crapuleux chaque année) on était passé à un énorme fait de société. J’étais habitué de l’autofiction jusqu’en 2003 puis me suis orienté vers des romans tirés de la réalité, comme "Kannibal" qui relate l’histoire du cannibale allemand qui a mangé son partenaire consentant. L’affaire de Youssouf Fofana a été récupérée par le lobby juif et le gouvernement sans qu’on démontre vraiment les racines antisémites de ce crime. On a assisté à une véritable ferveur nationale contre ce fait-divers.
- Faut-il voir dans votre "roman" une mise en perspective de l’homophobie de la société ?
J’ai transformé ce "crime antisémite" en meurtre homophobe puisque je connais bien la question gay. Oui bien sûr, l’homophobie est toujours présente malgré ce que l’on veut bien croire. La tolérance est superficielle. Si on gratte un peu le vernis bien pensant, on tombe sur le rejet et la haine de l’autre qui caractérise notre société actuelle.
- Selon vous, cela aurait pu arriver vraiment à un homosexuel d’être ainsi martyrisé ?
C’est bien arrivé à un Juif, cela aurait pu advenir à un gay. Je ne crois pas à l’origine antisémite du rapt d’Ilan Halimi. On a simplement affaire à un racisme antiblanc et antiriche de la part de jeunes de banlieues qui sont refoulés de la société de consommation. Dans le livre je mets en parallèle les émeutes urbaines de 2005 avec l’histoire des Barabres : les exclus du système se révoltent. Et tant mieux. Je suis pour la révolution et l’anarchie.
- L’enlèvement d’Ilan Halimi était-il pour vous, au-delà de la barbarie du « fait divers », un symbole, un signe des temps, un stigmate de notre époque ?
Le monde est plus souvent régi par la haine que par l’amour de l’autre, c’est un fait. Notre civilisation n’a plus d’éthique ni de Dieu. Et tant mieux.
- Quel rapport y-a-t-il selon vous entre l’antisémitisme et l’homophobie ?
La haine de l’autre qui caractérise bien nos sociétés dépressives.
- En se plongeant dans la tête d’un homophobe ultra-violent, le comprends- t-on mieux ? En avez-vous tiré des enseignements pour lutter contre l’homophobie ? Ou contre la barbarie ? Je ne cherche pas à lutter contre l’homophobie, la barbarie ou quoi que ce soit d’autre, je souhaite seulement la dépeindre, écrire l’autofiction de Youssouf Fofana. Avec ce roman le lecteur se met dans la tête du barbare et en vient à jouir des tortures qui sont infligées au martyr. C’est le côté très sexuel de ce roman, très sadomasochiste.
- Il y a déjà eu "Tout, tout de suite " de Morgan Sportès (Prix interallié) sur l’affaire, que vouliez vous apporter de plus de traiter le même fait ? L’avez-vous aimé ?
J’ai commencé mon roman en 2007, bien avant le Sportes. Il y a eu plusieurs livres sur le sujet, toujours à charge. Moi, je me suis mis dans la peau du barbare, sans le juger (c’est cela qui est nouveau et monstrueux), pour relater les faits de son point de vue, de l’intérieur. C’est en cela que ma démarche est originale et violente. J’ai eu beaucoup de mal à trouver un éditeur. Mes deux éditeurs historiques ne m’ont pas suivi à cause du marasme économique et de la crainte du lobby juif. Christophe Lucquin de LC Éditions et une autre petite maison voulaient l’éditer. Des maisons d’édition récentes et montées par de jeunes hommes engagés. J’ai quarante-sept ans, mon éditeur en a 30... Barbares est un livre-choc, révoltant, écœurant. Il faut être fort pour pouvoir le lire. Ce n’est pas à la portée de tout le monde, comme ces lecteurs qui ne veulent entendre que de jolies histoires avec des sentiments baveux et plats. Oui, la vie est difficile aujourd’hui, mais ce n’est pas une raison pour être aveugle à la réalité. Je ne suis pas sur terre pour écrire des romans à l’eau de rose. Je suis un écrivain underground.
- Vous aviez déjà écrit "Kannibal", sur un autre fait divers sanglant : est-ce une fascination pour la violence, la violence envers les gays, la violence de la société ? Les deux récits ont quand même beaucoup de points communs non ?
Oui, autant j’essaye d’être positif et pédagogue dans mes livres sur la sexualité, autant, pour mes romans, je suis attiré par les forces du mal, le côté obscur de la force. Barbares est un récit gore, un livre d’horreur, mais qui plonge dans la réalité. C’est une apocalypse bien réelle. De toute façon, notre société occidentale est totalement décadente. Par mes livres, je souhaite participer à sa destruction. Je suis un écrivain terroriste.

www.erikremes.net